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Juillet-Aoûût 2006 LA GUERRE AU MOYEN ORIENT ET L’ÉCRASEMENT DU LIBAN |
Après Gaza, les bandes soldatières israéliennes
s’en prennent au Liban sous le prétexte de soldats enlevés
quand la pratique des enlèvements et des assassinats en territoire
palestinien et arabe est une des spécialité de l’armée,
secrète ou non, de l’État d’Israël depuis sa naissance!
Ce sont désormais les populations civiles, toutes religions confondues,
du Liban que l’on massacre et aucune de nos grandes voix, diplomatiques,
politiques, syndicales ne s’élèvent pour exiger sans condition
l’arrêt de la tuerie. Des palabres et des palabres interminables
entre les valets de la diplomatie tandis que chaque heure qui passe augmente
le nombre des victimes: après un mois de combats, du côté
libanais, 900 morts – des civils en majorité, et peu de combattants
du Hezbollah cachés derrière le bouclier des masses qu’ils
promettent de défendre, sans parler des blessés, et des centaines
de milliers de déplacés fuyant les bombes.
Du côté israélien, 50 tués – surtout des soldats: les villes israéliennes bombardées par le Hezbollah faisant preuve d’une organisation efficace qui protègent les civils.
La marionnette onusienne avec ses soldats fantoches est toujours là pour couvrir les bruits des bombardements et les cris des blessés de ses sermons hypocrites; sermons qui servent d’alibi à la farce démocratique et de poison mortel à qui les écoute!
Les USA annoncent qu’ils sont partis en guerre contre le "terrorisme international" personnifiés au Moyen Orient par le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban et par on ne sait plus qui en Irak. Pour Gaza et le Liban, leur bras armé est Israël. Un véritable appel à la croisade contre les impies!
D’un trait rapide, posons tout de suite les données essentielles du problème.
Le Moyen Orient est déjà depuis plus d’un siècle une région stratégique essentielle pour des raisons militaires (contrôle de la Méditerranée et des routes vers l’Asie) et économique: c’est la zone d’approvisionnement en énergie la plus importante du globe. L’impérialisme anglais relayé ensuite par celui américain l’avait déjà bien compris au début du XIX siècle; le héros Lawrence d’Arabie fut ainsi utilisé de façon à empêcher toute unité arabe et la création de l’État d’Israël en 1948 paracheva l’pays qui la composent et aux populations qui y vivent, car ils sont les proies que se déchirent les pays impérialistes! Irak, Palestine, Liban sont devenus des lieux de massacres, de guerre civile, de bombardements continuels.
L’Iran est désignée comme la puissance régionale menaçant les visées historiques des grandes puissances; derrière elle, se cache évidemment une partie de la bourgeoisie arabe brimée. Dernièrement elle a osé bravé "l’opinion internationale" en refusant de renoncer à son programme nucléaire, et le Conseil de Sécurité de l’ONU, pantin désarticulé depuis des décennies, qui nous sert toujours le même plat de la force d’interposition qui ne choisit pas son camp mais qui le choisit sûrement, devait nous jouer encore le rôle de grande juge en traînant l’Iran dans sa cour de justice de pacotille. L’Iran, montrée du doigt comme principale instigatrice des "terroristes" en Irak, Palestine, et au Liban, "terroristes" qui osent se rebeller contre les maîtres du monde, a évidemment l’appui "moral" et matériel de la Russie et de la Chine, toujours prêts à modifier l’échiquier des rapports de force et à redistribuer les cartes au Proche-Orient. L’Iran a pris sous son aile la Syrie, qui tient dans ses mains les ficelles politiques libanaises depuis des décennies et qui ravitaille le Hezbollah avec l’aide iranienne.
Mais nous, communistes, savons bien que l’Iran n’aurait pas cette audace si elle n’était pas assurée d’appuis comme celui soviétique sans parler de celui de la Chine, impérialisme à l’allure de dragon capitaliste effréné, vorace et assoiffé de matières premières.
Le Wall Street Journal, journal américain très "conservateur", a publié un éditorial le vendredi 10 juillet intitulé "État de terreur" demandant ouvertement des actions contre la Syrie et l’Iran: «Il n’y aura pas de solution au Liban et dans la bande de Gaza tant que les régimes de Syrie et de l’Iran ne croiront pas qu’ils doivent payer un prix...»; et encore: «La Maison blanche a désigné la Syrie et l’Iran comme les coupables derrière les événements de cette semaine, mais des paroles et des actes plus convaincants sont nécessaires»! Et pourquoi donc Mr.Bush et sa clique "Va-t-en guerre" hésitent-ils donc?
Le Liban, comme tant de petits États créés par les puissances impérialistes victorieuses de la Première Guerre mondiale, est un État artificiel, sans histoire nationale, créé par les grandes puissances pour empêcher la formation d’États centralisés dans la région et par conséquent de futurs concurrent. Il est né, sous la férule du "grand ami" français, du démantèlement de l’État Ottoman et de la volonté d’empêcher la formation d’une grande Syrie avec un large débouché maritime. Il est né d’abord autour du Mont Liban (du mot arabe Laban, fromage blanc, en raison des sommets enneigés qui dominent le pays) et des Chrétiens alors majoritaires dans cette partie. Il s’agissait déjà de poser un pays chrétien au milieu des masses arabes, comme il en sera plus tard de populations juives avec la formation d’Israël.
Lors de la création de l’État d’Israël, les masses palestiniennes furent chassées de leurs terres par les "terroristes" hébreux, et regroupées dans des camps par les nations arabes "accueillantes". Elles furent régulièrement réprimées, massacrées, chassées d’un camp à l’autre par les gouvernements arabes. De Jordanie, elles gagnèrent le Liban où elles s’entassèrent dans le sud et autour de Beyrouth avec les autres prolétaires de la région (arabes, chrétiens, asiatiques). Et la création d’un pseudo État palestinien à Gaza et en cis Jordanie, qui rétrécit comme une peau de chagrin, ne résolut pas leur sort de "réfugiés éternels". Les harcèlements dont elles furent l’objet depuis 1948 par les troupes israéliennes ne firent que les précipiter dans les bras de formations comme l’OLP, le Hamas, et enfin le Hezbollah qui est né en 1982 de militants envoyés par l’Iran après les horribles massacres perpétués contre les prolétaires désarmés des camps libanais de Sabra et Chatila, alors que tous les "défenseurs" de l’OLP avaient fui!
Le Liban, c’est un bastion sur la méditerranée qui dispose précisément du terminal de l’oléoduc de l’Iraq à Tripoli, et de celui de l’Arabie Saoudite à Saïda. Par ailleurs, avant le sommet du G8 de cette année, les USA avaient inauguré l’oléoduc qui va de la mer Caspienne pour se donner un débouché en Méditerranée via la Turquie. Après l’Irak, la Palestine, il s’agit pour les grands impérialistes de mettre le Liban dans la balance des "marchandages" et par la guerre civile et la destruction systématique d’infrastructures et de population civile de négocier entre eux et avec les différentes puissances régionales (Iran, Syrie) selon les rapports de force que sur le terrain chaque grand impérialiste et petite puissance parviendra à tenir (une ville, une Montagne, un port, une usine d’hydrocarbures, un massacre de civils "spectaculaire" et scandaleux selon les critères médiatiques, etc.). Si les USA apparaissent être le grand opérateur de ce chaos avec son sbire israélien, tous les impérialistes sont présents dans la zone et ONG, approvisionnements en matériel ou en argent d’un camp, d’un clan, d’une fratrie... comme en Algérie, en Afghanistan, et autres malheureux pays cibles des appétits des grands pays capitalistes. Ils sont tous là: USA, Russie, Chine, puis l’Europe – plus mythique que crédible – le Japon et autres petits ambitieux qui apparaissent plutôt comme des diplomates prudents qui ne veulent fâcher aucun des grands.
Les USA tiennent l’Égypte, l’Arabie Saoudite qui possèdent toutes les deux des bases américaines et un énorme arsenal militaire fourni par l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne. Ils sont les maîtres évidemment d’Israël qu’ils font littéralement "vivre" financièrement et matériellement, et qu’ils alimentent régulièrement en matériel militaire lourd; État mercenaire, qui n’a pas besoin de bases militaires américaines sur place, à Israël revient le terrible rôle de bourreau des masses arabes déshéritées.
Mais quelle drôle de guerre où les antagonistes se cachent derrière des marionnettes sanguinaires et où l’ennemi désigné n’est que la marionnette sanguinaire de l’autre camp. Nous communistes, affirmons que la vraie cible des USA, d’Israël et des autres bourgeoisies mondiales, arabes comprises, et avec eux les organisations comme Hamas et le Hezbollah qui tuent plus de civils que de soldats, ce sont les masses opprimées de tout le Moyen Orient, palestiniennes, libanaises, irakiennes, etc., véritable ennemi et danger pour la bourgeoisie et l’impérialisme. Le désespoir pousse les populations et les prolétaires du Moyen Orient dans les bras des extrémistes, Hamas, Hezbollah, et avant eux l’OLP, tous représentants bourgeois et prêêts à les trahir encore une fois comme l’a montré la succession horrible des tueries de prolétaires au Moyen Orient depuis des décennies. Ainsi il n’est pas étonnant que, le mardi 1er août, le premier ministre israélien Ehud Olmert a adressé dans son discours ses remerciements aux pays arabes pour leur soutien à Israël dans son agression contre le Liban. Il a notamment affirmé qu’il se félicitait «du soutien international sans précédent et de l’appui de pays arabes qui, pour la première fois, dans une situation de confrontation militaire, entre nous et une population arabe, ont pris position contre une organisation arabe»! Il faisait allusion à L’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Jordanie, mais nous pouvons y ajouter bien d’autres gouvernements et organisations arabes.
Et ces massacres se perpétueront et ces guerres sans nom se poursuivront tant que le prolétariat drogué des métropoles occidentales n’aura pas retrouvé son parti et son chemin de classe révolutionnaire et qu’il n’imposera pas à la bourgeoisie ses règles.
Comme nous l’avons écrit dans notre presse, nous sommes toujours
dans la phase de préparation de la Troisième Guerre mondiale
où chacun sera contraint à choisir un camp et où les
guerres alternent avec les plan de paix selon un rythme de plus en plus
accéléré. «Les plans de paix au Moyen Orient
préparent les alignements de guerre. Les soi disant plans de paix
de l’un ou de l’autre camp impérialiste ne sont que des expédients
avec lesquels l’un et l’autre cherchent à gagner les meilleures
positions dans une guerre qu’ils savent certaine et prochaine», écrivions-nous
dans le décembre 1981.