Parti Communiste International

Juin 2013

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET LUTTE DE CLASSE EN TURQUIE

 
 
 
Pour donner une interprétation correcte des heurts violents survenus d’abord à Istanbul, puis ensuite dans d’autres villes de Turquie, heurtes qui ont conduit à une répression sans ménagement par la police, nous devons faire quelques pas en arrière dans l’histoire de ce pays en intégrant ce que nous écrivions dans l’article intitulé « Le prolétariat turc refuse la tromperie antifasciste » (Il Partito Comunista n° 97 de septembre 1982), consultable sur notre site, et auquel nous nous référons pour une analyse historique et économique précise.

Bref préambule historique

Durant le XVIII siècle et pendant presque tout le XIX siècle se pose pour les puissances européennes la dite « Question Orientale » qui porte sur deux points principaux : la répartition des territoires, ceux européens en premier, de l’empire ottoman décadent, et le contrôle des voies commerciales importantes, terrestres, maritime et fluviales, qui le traversent en direction de l’Inde et de l’ensemble de l’Asie.

La lourde défaite subie par la grande mais inefficace armée de Mahomet IV, lors de la bataille de Vienne de 1683, signe le début de la décadence militaire ottomane. Les sultans ottomans successifs chercheront en vain à ralentir la perte progressive de leurs territoires en faveur de l’un ou de l’autre de leurs voisins et la décomposition inéluctable de leur empire, à la fois sous les coups de boutoir de l’impérialisme européen, alors révolutionnaire, et du mouvements de systémation nationale qui a vu l’éveil des peuples serbes, grecs, etc.. Les Vénitiens, les Génevois, la République de Raguse (la ville croate actuelle de Dubrovnik), puis les Autrichiens, les Français et les Espagnols, commencèrent à éroder les centres commerciaux de cet incertain empire. Les trois puissances commerciales et militaires les plus importantes qui s’y engagèrent furent successivement l’empire tsariste russe, bastion européen de la contre-révolution féodale, l’Angleterre et la France dont les centres de productions industrielles modernes avaient besoin du débouché des immenses marchés asiatiques. La guerre d’indépendance grecque de 1821-22 et surtout la guerre de Crimée de 1854-56 ébranlèrent encore plus l’empire ottoman. La guerre de Crimée fut menée par l’Angleterre et la France pour stopper l’avancée de la Russie tsariste qui, en voulant s’emparer de Constantinople, menaçait directement le développement économique et sociale de l’Europe occidental. La préservation de « l’homme malade »(1) contre les avancées russes était de ce fait un moindre mal. Les importants accords et limitations commerciales auxquels fut contrainte la Russie après sa défaite, furent par la suite remis en question ou utilisés comme arme de négociation diplomatique.

Par crainte de renforcer la Russie Tsariste, on essaya tant bien que mal de préserver l’homme malade, tout en démembrant peu à peu son empire. Dans les dernières années du 19 siècle se formèrent au centre des Balkans de nombreux petits États qui s’étaient affranchis, ou tentaient de le faire, de la domination ottomane séculaire, et au début du 20ème siècle il ne restait plus de l’immense empire que la Turquie et une partie du Moyen Orient avec l’Irak et la péninsule arabique, le Yemen ayant par contre été perdu.

Dans sa lecture matérialiste et dialectique de l’histoire, le marxisme a démontré comment un mode de production produit les bases économiques d’un nouveau mode de production et la classe, ou le peuple révolutionnaire, capable de porter le coup mortel à l’ancien système de production, permettant ainsi, l’épanouissement d’une nouvelle société. Il en fut ainsi pour l’imposant empire romain, qui par suite de la gigantesque concentration foncière et le développement du système du colonat(2) développa les bases économique de la société féodale qui allait permettre un formidable essor des forces productives durant tout le moyen-âge. La force révolutionnaire, pour détruire l’État romain, fut apportée par les peuples germaniques qui s’étaient au fil des siècles implanté dans l’empire romain et qui apportaient une organisation militaire et technique différentes. Il en fut ainsi à son tour du système féodal, qui par suite de l’énorme essor agricole, technique et culturelle, engendra d’abord les marchés régionaux, puis nationaux et enfin avec l’essor des manufactures et de la navigation transocéanique créa le marché mondial au XVI siècle et avec lui le capitalisme. Avec le mode de production capitaliste, la société féodale engendra aussi la classe révolutionnaire qui allait mettre fin au règne de l’aristocratie et abolir les privilèges féodaux, mettant du même coup fin au mode de production féodal. Cette nouvelle ère révolutionnaire commença avec la Révolution bourgeoise de Cromwell au XVII siècle et la révolution bourgeoise française de 1789-1793, ouvrant la voie dans toute l’Europe aux mouvements de systémation national. Le mode de production capitaliste fut ensuite exporté dans le monde entier par la bourgeoisie européenne qui révolutionna les autres continents, avant d’en être chassé de façon révolutionnaire par les bourgeoisies indigènes qu’elle avait elle-même créée. Ce faisant, le capitalisme lui-même, en remplaçant la production parcellaire et individuelle des paysans et des artisans par la grande industrie et en créant une gigantesque classe de prolétaires, crée à son tour les bases économiques d’une nouvelle société et la classe qui renversera la bourgeoisie et abolira les rapports de productions capitalistes que sont le salariat et le capital. Le capitalisme tombera, toujours selon notre analyse théorique, sous le poids de l’impossibilité de continuer l’expansion de la production sociale opposée à l’appropriation individuelle avec les conséquences économiques et sociales dramatiques pour les énormes masses de sans réserves, c’est-à-dire ces milliards d’êtres humains qui ne peuvent aujourd’hui pour survivre que vendre leur force de travail dans un système productif qui n’est plus en mesure de l’absorber et de l’employer en raison d’une immense crise de surproduction. Voici le temps venu du prolétariat et du communisme.

Si l’empire ottoman n’a pas engendré un nouveau mode de production, ses contradictions internes et son recule face au développement économique et sociale des peuples européens, le conduisirent à son effondrement, tout comme en son temps l’empire byzantin, qu’il avait lui-même supplanté. Les contradictions internes les plus importantes de l’empire ottoman dans sa phase finale furent : 1) il était multi-ethniques, multi-racials et multi-religieux, étouffant l’inéluctable mouvement de systémation nationale des différents peuples qui le composaient. Ces contradictions internes étaient des leviers sur lesquels s’appuya l’impérialisme européen ; 2) un système économique basé sur la conquête, le pillage et la piraterie, qui nécessitait des guerres continuelles au delà de ses frontières avec le maintien d’une armée de plus en plus grande et coûteuse et qui avait pourtant d’énormes problèmes lors d’un déplacement rapide à l’intérieur de ses frontières ; 3) une économie intérieure lourdement conditionnée par la rente foncière, une production agricole arriérée et de petite échelle, pastorale et semi-nomade ; cependant la production et l’exportation de coton d’abord et de tabac ensuite était bonne ; 4) un petit commerce intérieur de productions artisanales et de produits manufacturiers locaux et un commerce de transit de marchandises précieuses entre l’Europe et l’Asie ; 5) l’absence d’une production industrielle à grande échelle, qui ne sera introduite que par le capitalisme européen.

Le système de gestion complexe du pouvoir central se reflétait sur celui local, exprimé de façon très diverses, à travers une caste militaire qui essayait de conserver l’unité et la continuité du pouvoir central. Les contradictions de ce système, en contact immédiat avec celui européen plus développé, atteignit un point de crise maximale et de rupture avec la guerre italo-turque de 1911-12 quand les îles de Rhodes et du Dodécanèse, la Tripolitaine et la Cirénaïque (future Lybie), qualifiées par le député socialiste hostile à la guerre, Gaetano Salvemini, de « boîte à sable », devinrent des colonies du burlesque « empire italien ».

Certains historiens bourgeois datent le début de la première guerre mondiale non du maladroit attentat de Sarajevo en 1914, mais de ce précédent conflit régional où des armes sophistiquées et les premiers bombardements aériens furent utilisés pour venir à bout de 8 mille ottomans et de 20 000 arabes(3). Du côté italien jusqu’à 100 000 hommes furent mobilisés. Les renforts ottomans expédiés par voie maritime ayant été interceptés et bloqués par la flotte italienne, ce qui par conséquent ouvrait la possibilité d’une issue positive à une indépendance complète aux royaumes de Serbie, du Monténégro, de Grèce et de Bulgarie, réunis par une alliance militaire dans la Ligue balkanique. Après la première guerre balkanique de 1912, une seconde suivit en 1913 opposant entre eux les ex alliés de cette ligue pour la répartition de la Macédoine. Les accords de paix, ou plutôt de la trêve armée, impliquèrent les intérêts des plus grandes puissances européennes, y compris l’Italie pour le contrôle de l’Albanie, et débouchèrent en 1914 sur la première guerre mondiale. L’empire ottoman s’allia avec les empires centraux, la moderne économie allemande ayant depuis longtemps favorisé une alliance avec les Ottomans et une expansion dans cette zone. Après la défaite, les Ottomans perdirent une bonne partie de leurs territoires qui se réduisirent à la Turquie actuelle. Dans l’immédiat après-guerre, la Grèce occupa l’importante ville de Smyrne (future Izmir) tandis que les troupes italiennes, françaises et anglaises occupaient les côtes méditerranéennes, signe que la question orientale et balkanique n’était pas encore conclue.

En 1920-21, le général Mustafa Kemal Pacha réussit à chasser les grecs de Smyrne, tandis que les autres armées étrangères demeuraient sur les côtes. Mustafa Kemal déposa l’ultime sultan ottoman en novembre 1912, et l’année suivant la République turque guidée par le nouveau père de la patrie, l’ « Ataturk », fut proclamée.

Avec une Constitution très moderne qui fut la première à concéder le droit de vote aux femmes, elle introduisit la séparation de la religion et de l’État, en transférant le domaine religieux à la sphère privé. L’Islam avec toute sa structure hiérarchique du jour au lendemain ne fut plus une religion d’état. Enfin avec l’interdiction du voile pour les femmes, du moins sur le papier, la révolution démocratique bourgeoise était accomplie. Les révolutions démocratiques bourgeoises sont, le plus souvent, laïques et athées au début comme nous le rappelle la Révolution française de 1789 qui sur les « autels de la déesse raison » supprima le pouvoir de l’Eglise catholique et confisqua tous ses biens, puis quelques années après, la réintégra dans le système de pouvoir pour mieux contrôler et exploiter avec de l’eau bénite et de l’encens les « humbles et les opprimés », que selon ses écritures elle devrait aider. Il en a également été de même dans le monde islamique : nous avons vu durant ces ultimes décennies l’écroulement violent des régimes « laïques » en Iran, Afghanistan, Irak, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Turquie et la Syrie de Bachar a bien démarré dans ce sens. La poussée révolutionnaire des bourgeoisies régionales s’est épuisée, la crise capitaliste mondiale impose un contrôle plus grand sur les masses, et la superstructure religieuse avec ses innombrables règles bien ancrées peut faire barrière temporairement à un soulèvement des masses exploitées. Les récents gouvernements turcs philo-islamiques s’insèrent dans cette trajectoire commencée après la Seconde guerre mondiale quand, alliée de dernière heure des vainqueurs, en acceptant les financements américains, la Turquie dut en accepter aussi les conditions. En particulier, en raison du « péril rouge » en son territoire et chez ses voisins proches, elle imposa ainsi une sévère législation contre la présence de partis communistes et d’organisations syndicales qui leur étaient liées.

La caste militaire turque, issue de la bourgeoisie révolutionnaire ottomane, continua de maintenir un rôle hégémonique et intervint à plusieurs reprises avec plusieurs coups d’état pour assurer la continuité du pouvoir à cette partie de la bourgeoisie qui défendait le mieux le développement du capital et la rente foncière contre le prolétariat national et les différentes minorités ethniques à l’intérieur de ses frontières. Avec le temps, l’armée assuma aussi une partie des entreprises en contrôlant certains secteurs économiques et des activités productives, comme il en sera ensuite de même pour la caste militaire en Egypte après la révolution démocratique de Nasser.

Comme nous l’écrivions en 1982 : « La bourgeoisie turque n’a jamais eu les moyens de rattraper les appareil industriels structurés et modernisés de l’Europe. Elle n’a jamais eu les moyens financiers pour corrompre le prolétariat, créer une petite bourgeoisie intellectuelle et une aristocratie ouvrière, avec le suivi naturel de partis opportunistes et d’appareils syndicaux de régime. Elle a pu obtenir les prêts américains et européens qui lui ont été concédés en raison de la position stratégique que la Turquie présente avec sa frontière avec la Russie et le contrôle des détroits, et aussi par la dépendance absolue aux directives américaines : adhésion à l’ONU, reconnaissance de l’État d’Israël, maintien du préjudice « anti-marxiste » dans la constitution. (…) Les militaires ont représenté durant les ultimes soixante années d’histoire de la Turquie la partie la plus moderne de l’ennemi de classe du prolétariat : encore aujourd’hui, clergé, propriétaires fonciers et bourgeoisie reconnaissent dans la dictature militaire l’ultime et le plus efficace moyen pour freiner les masses prolétariennes contraintes à descendre dans la rue avec l’aggravation de la crise économique (...) comme nous, la bourgeoisie européenne a également compris que les militaires turcs ne font pas des coups d’état par passion mais par nécessité ».
 

La situation actuelle

Voici le cadre des années 80 que nous décrivions dans notre article : « L’industrialisation turque est de type industrie légère : assemblage de voitures, industrie textile, chaussures et peaux, production de matériel ferroviaire ; riche en minerais, elle manque de pétrole ; l’agriculture, à laquelle est dévolue 60% de la population active, est pour la plus grande partie de type méditerranéen avec l’adjonction de tabac et de coton. Les produits agricoles tout comme les produits industriels sont soumis aux contingentements de la part des pays de la CEE ; la difficulté à trouver de nouveaux pays importateurs et à « s’adapter aux nouvelles exigences du marché » est un phénomène qui touche aussi à coup sûr la Turquie. (...) elle ne peut viser la production de haute technologie, soit parce qu’elle manque de moyens financiers, soit parce que elle ne résoudrait pas le problème du chômage. (...) La répression violente des manifestations et des grèves, la torture, les assassinats et les emprisonnements deviennent une constante de la vie politique turque. Seule la forte émigration en Allemagne, en Suisse et en Autriche a permis aux divers gouvernement d’aller de l’avant, en équilibrant avec les envois des émigrés la balance des paiements ».

Les interventions étatiques dans l’économie des premiers gouvernements kemalistes se sont ensuite poursuivis dans les années 1980 en réalisant des réformes internes, évidemment sur le dos des travailleurs, dans le but de faire venir des capitaux et des entreprises de l’extérieur, parmi lesquelles la Fiat, avec l’établissement d’assemblage de voitures, tracteurs et outillage agricole à Bodrum. Depuis cette période, des statistiques valides étant absentes, on assiste à un développement continu et rapide de l’économie qui présentera cependant des périodes de récession en 1994, 1999 – récession alors aggravée par un grand tremblement de terre – et en 2001. Dans la période 1981-2003, le revenu national a augmenté en moyenne de 4% par an. La Turquie est désormais complètement insérée dans le cycle capitaliste mondial tant et si bien qu’elle a la 17ème place du G20, c’est-à-dire l’organisation politico-économique des 20 pays les plus développés au monde dont elle est membre depuis 1999. Elle est membre fondateur de l’OCDE depuis 1961.

Le grand tournant économique survint après la crise de 2001, qui s’inscrit dans le cadre de la récession mondiale de 2001-2004. Cette crise de surproduction, comme partout entraîna l’éclatement d’une bulle spéculative, suivit d’une crise financière. Le PIB chuta de 9,4%, l’inflation grimpant à 68,5%, et la dette publique atteignit un sommet en représentant 77,9% du PIB. A ce tableau catastrophique s’ajoute un appareil productif arriéré qui s’appuyait sur de vieilles entreprises étatiques qui contrôlaient les secteurs stratégiques, le tout dans un pays encore fortement agricole avec un secteur de service très en retard.

Pour éviter la faillite de l’État, le ministre de l’économie turc Kemal Dervis, déjà vice président de la Banque Mondiale, formé dans les universités londoniennes et françaises (il est actuellement un haut fonctionnaire de l’ONU), signa un contrat pour un financement du FMI, soutenu en premier par les USA, et qui sera l’opération la plus consistante jamais faite par le FMI, avec les conditions habituelles : privatisation des entreprises étatiques, compression des dépenses sociales de l’État, ouverture du secteur bancaire national aux banques étrangères et « réforme du marché du travail » (lois sur le travail au noir et sur le travail des enfants qui permettent une exploitation maximum !). Il était nécessaire aussi d’avoir un homme nouveau avec une nouvelle force politique qui se portât garant des prêts concédés. Une bonne partie du prêt fut utilisé pour renflouer les banques en faillite. Voici donc qu’entrait en scène Erdogan avec son parti AKP (Parti de la Justice et du Développement) fondé en 1998 qui aux élections de 2002 emporta 34,3% des votes. Le second parti, le CHP, laïque, kémaliste et de « centre gauche » obtint 19,4% des voix. Un système électoral compliqué avec une barre de seuil fixée à 10% permet à Erdogan de gouverner tout seul !

C’est un personnage étrange, d’origine humble, qui a été incarcéré pour ses idées politico religieuses islamiques et populistes (il est donc « propre, respectable et dédouané ») lié aux couches populaires des banlieues d’Istanbul dont il avait été maire. Et nous retournons à l’utilisation de la superstructure idéologique religieuse en tant que soutien de la structure productive : le fort rappel religieux avec toutes ses structures de soutien, depuis les écoles religieuses complètement réadmises pour mieux empoisonner les nouvelles générations, aux centres de santé et aux œuvres de charité religieuses donnent la possibilité d’une politique de bas salaire. Avec ces garanties arrivent aussi les investissements directs extérieurs (IDE) qui passent de 1,8 milliards de dollars en 2003 à 22 milliards de dollars en 2007, permettant ainsi une croissance économique même avec une balance commerciale négative, c’est-à-dire que le pays continue à importer plus qu’il n’exporte.
   

CYCLE TURQUIE (source OCDE)
1985 - 1993 8 ans 5,8% 48%
1993 - 1998 5 ans 38%
1998 - 2000 2 ans 1,0%
2000 - 2007 7 ans 54%
2007 - 2012 5 ans 2,7% 2,7%

Qu’ils soient jeunes ou vieux, tous les pays capitalistes sont soumis à la loi, découverte par Marx, de la baisse tendanciel du taux de profit qui se traduit par un ralentissement de l’accumulation du capital. La Turquie n’y échappe pas, comme on peut le voir sur le tableau ci-dessus qui rapporte les taux moyens de croissance entre deux maxima. Chaque portion de courbe entre deux maxima définissant un cycle. On peut voir un net ralentissement de l’accumulation du capital, de cycle en cycle entre 1985 et 2000. Cette tendance a été temporairement inversé avec l’afflux de capitaux au cours des années 2000. En effet avec la crise de surproduction des grands pays industrialisés, l’excédent de capitaux qui ne trouvaient à s’employer, en Amérique du Nord ou en Europe, se sont massivement investis dans les pays en voie de développement, dont la Chine, l’Inde, le Brésil, etc.., mais aussi la Turquie. Voir la courbe ci-dessous sur les investissements étrangers en Turquie.

Ceci a permis de contrecarrer temporairement cette baisse tendanciel : ainsi alors que la croissance annuelle moyenne tombait régulièrement en passant de 5,8% à 3,8, puis à 1%, entre 2000 et 2007 elle a bondi à 5,4% ! On a là, la base économique du succès politique du gouvernement islamiste. Cependant la tendance reprend ses droits et entre 2007 et 2012 on a de nouveau un petit 2,7%.

Le succès économique actuel de la Turquie est fragile car il repose sur le crédit, ce qui se traduit par une forte augmentation de la dette privée(4). En effet la balance commerciale, nonobstant la croissance industrielle est constamment négative et sans le flux des investissements directs étranger, la felouque turque sombrerait. Or la reprise industrielle qui s’annonce en Amérique du Nord et en Europe et probablement au Japon, se traduit par un reflux de ces capitaux tant nécessaire à ces pays.

D’autre part dans tous ces pays, Chine en tête, la baisse tendanciel du taux de profit se traduit par un ralentissement marquée de l’accumulation du capital. Ce qui fait qu’à la prochaine récession, que l’on peut prévoir facilement, d’après la durée des cycle qui sont de 7 à 10 ans, pour 2018-2019, ces pays, tout comme l’Europe et l’Amérique du Nord, seront durement frappé par la crise de surproduction. Et il se peut que le signal de la crise vienne cette fois de Chine.

Investissement directs extérieurs en Turquie

Pour revenir à la Turquie, forte de cette bonne croissance, le gouvernement turque ouvre en 2004 les négociations pour l’adhésion à l’Union européenne. 2007 est encore une année d’expansion économique avant la crise mondiale qui éclatera en 2008. Toujours durant cette année, la politique d’Erdogan apparaît satisfaisante à la population turque, et ce dernier fonde sa campagne électorale sur la possibilité de ne pas renouveler les prêts onéreux du FMI et de réduire les mesures d’austérités ; il gagne ainsi les élections avec 46,6% des voix. Mais en mai 2008, il renonce aux promesses électorales – comment s’en étonner ! – et « stipule » un nouvel accord avec le FMI qui présente des conditions encore plus sévères : privatisations de très importantes infrastructures des transports : aéroports, autoroutes, ponts, ports, dans un pays ayant traditionnellement un haut taux de mobilité des marchandises et des personnes ; les digues pour la production d’énergie comme pour l’irrigation sont également incluses et de même les lucratives loteries. Le FMI, par l’intermédiaire d’Erdogan, impose une lourde réforme sur l’âge du départ à la retraite qui passe à 65 ans pour les deux sexes, sous le ridicule prétexte de l’égalité des sexes. A souligner qu’en Turquie la durée de vie moyenne est de 72-73 ans. Est aussi introduite l’Assurance Sanitaire Unifiée par laquelle le système sanitaire est quasiment privatisé. Sur la vente de l’appareil productif étatique, dont la production représentait 40% de la production nationale, une note conjoncturelle d’avril 2011, de l’Institut pour le Commerce extérieur de l’Italie, nous donne ces chiffres : « Au début du processus de privatisation, l’Etat détenait des parts majoritaires dans 250 entreprises, 105 installations productives, 524 propriétés immobilières, 8 autoroutes, 2 ponts et 6 ports maritimes. A la fin de 2009, avaient été privatisées 199 entreprises, et la présence de l’État avait totalement disparu dans 188 ».

 
Incréments annuels de la production industrielle

 
Lorsque la crise arrive en 2008, la chute de la production industrielle est brutale : après 7% de croissance en 2007, on passe à -0,5% en 2008 et surtout à -9,9% en 2009. Cette forte chute est suivie par une forte reprise, mais qui se ralenti rapidement pour tomber à 2,5% en 2012. On aura probablement une remonté entre 2014 et 2017 avec la reprise mondiale, mais avec des taux nettement inférieurs à ceux des années 2000-2007 et même des années 1986-1993 ! Ce qui fait que l’on peut dire que le gouvernement islamiste a mangé son pain blanc.

La récession en Europe bloque le flux des IDE (investissements directs extérieurs) tandis que le flux en provenant de l’Est, la Russie en tête, continue. Ceci détermine un changement de cap dans les orientations internationales de la Turquie qui entraîne un blocage dans le processus d’adhésion à l’Union Européenne. Durant les récents heurts, à son retour dans sa patrie, Erdogan déclare ne pas reconnaître certaines autorités européennes, et donc, du moins pour le moment, la question de l’adhésion est renvoyée avec la satisfaction d’une partie des dirigeants européens.

Le développement économique de ces dernières années a donné des ailes à la bourgeoisie turque et à Erdogan. C’est ainsi que la Turquie cherche de plus en plus à assumer un rôle de puissance régionale et de guide des nations arabes. Dans la crise libyenne récente qui à vue le régime de Kadafi tomber, la Turquie a obtenu la gestion de l’aéroport de Tripoli, elle a même su s’opposer à son vieil allié Israël en autorisant le chargement et l’appareillage du « Mari Marmara » qui avait pour objectif de porter de l’aide aux palestiniens de la bande de Gaza, démunis et abandonnés de tous. Le navire fut attaqué par un commando israélien qui causa la mort de neuf activistes pro-palestiniens qui se trouvaient à bord. Le personnage d’Erdogan et le prestige international de la Turquie s’en trouva confortés. Le dirigeant turc en profita pour mettre sous le contrôle de son gouvernement, à l’aide d’un référendum, la magistrature et l’armée restée majoritairement laïque et kemaliste et qui contrôle encore certains secteurs productifs parmi lesquels celui des armements nationaux. La parabole politique d’Erdogan commence à descendre car les centres financiers européens n’approuvent plus sa main mise sur le pays et sa tentative de se débarrasser des financements et du contrôle du FMI. A l’occasion des élections politiques de 2011 le centre financier londonien appuya le parti d’opposition, le « laïque kémaliste et de centre gauche » CHP (Parti républicain du peuple). De plus il y a aussi une modification des choix géostratégiques des USA : le danger pour eux provient désormais de la Chine et leur système aérien et naval se déplace progressivement désormais vers ces mers asiatiques ; la Turquie passe donc au second plan et son gouvernement n’est plus aussi vital pour eux. Nonobstant ceci, l’ AKP obtint 49,8% des voix et le CHP 26%, tandis qu’un troisième parti nationaliste d’extrême droite, le MHP (Parti d’action nationaliste) obtint 13% des votes, dépassant la barre de seuil. Le parti de la majorité perdit toutefois des sièges et n’en possède plus que 327 sur les 330 nécessaires pour pouvoir changer la Constitution. Ceci signifie que des strates importants, non seulement de la bourgeoisie islamiste et réactionnaire, mais surtout des classes moyennes enrichies dans les commerces nouveaux, les trafics de toutes sortes et le tourisme, exploitant largement le travail au noir et celui des mineurs, le soutiennent encore avec détermination.

La Turquie est dépourvue de pétrole ; pour garantir le flux continu de brut provenant des puits récemment ouverts dans le nord irakien, qui produisent environ 70 mille barils par jour et que la bourgeoisie turque envisagent d’augmenter considérablement, mais qui sont gérés par l’autorité local kurde, le gouvernement turc s’est rapproché du chef du PKK, Abdullah Ocalan, détenu dans une prison militaire turque. On ne connaît pas précisément la teneur de ces contacts, mais Ocalan annonçait le 21 mars 2013 le « cessez-le-feu » de ses troupes rebelles qui opèrent dans le Kurdistan turc.
 

La lutte de classe en Turquie

Le développement économique progressif a produit ces dernières décennies une croissance considérable du prolétariat, surtout par la réduction des actifs dans le secteur agricole et avec une forte urbanisation dans toutes les villes : la population turque est aujourd’hui de 75 millions et Istanbul compte 12,5 millions de résidents. Les données fournies par l’ICE indiquent que l’agriculture en 2001 représentait 12,9% du PIB pour descendre à 9,2% en 2011 ; le secteur industriel passe de 30,4% en 2001 à 26,9% en 2011 et celui des services de 56,7% en 2001 à 63,9% en 2011 avec en tête le tourisme et ensuite le secteur financier. La force de travail turque est estimée par le TurkStat (Institut de statistiques turc) à 27 millions de personnes dont 30% dans l’agriculture, 30% dans les services et 40% dans l’industrie. Il faut considérer ces données avec une extrême prudence parce qu’à l’intérieur des agences étatiques pour les investissements extérieurs se trouves des données significativement discordantes mais grosso modo superposables à celles indiquées plus haut. Un graphique « intéressant » montre l’augmentation consistante de la productivité du travail dans ce pays face à la nette stabilité des salaires (pratiquement bloqués), auquel est ajouté un commentaire sur l’absentéisme inexistant des travailleurs turcs ! Il est précisé en outre l’énorme diffusion du travail au noir et le fait que la Turquie est un des pays ayant un chiffre élevé de mineurs(5) et d’enfants au travail qui est estimé à 1,6 millions.

La naissance, le développement et l’action des organisations de classe en Turquie a toujours été empêchée par la force tant au niveau législatif et constitutionnel que par des actions préventives au moyen d’arrestations quand ces organisations pouvaient devenir gênantes. Devant se rapprocher de l’UE, même seulement de façon formelle vis à vis de certains pays financiers hypocritement frileux et réclamant des « investissements éthiques » et des « banques éthiques », qui sous le capitalisme sont une contradiction dans les termes, le gouvernement turc a du accepter un semblant d’ouverture vers les organisations de travailleurs. Il existe cinq grandes fédérations syndicales parmi lesquels le KESK (confédération syndicale des salariés du secteur public) créé en 1995, qui regroupe les travailleurs du service public lesquels sont soumis dans la pratique syndical à des restrictions plus grandes que dans le secteur privé. Il y a ensuite le DISK (confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires) fondé en 1970, qui fournit des données sur les conditions de travail ; à côté de ces organisations syndicales on trouve l’HAK-IS, une fédération syndicale fasciste qui n’est rien d’autre qu’une émanation de l’ AKP d’Erdogan.

Pour s’inscrire à un syndicat reconnu par l’État, il faut s’enregistrer auprès d’un notaire et remplir cinq copies d’un formulaire qui sont destinés évidemment aux divers bureaux étatiques, et pour proclamer une grève, il faut un préavis que les autorités peuvent bloquer à n’importe quel moment pour « motifs de sécurité ». Avant le référendum constitutionnel de 2010, seul le secteur privé pouvait se mettre en grève, et par conséquent pas les secteurs stratégique de l’énergie, gaz, charbon, et ni le secteur des banques et des notaires. Aujourd’hui encore les grève politiques et de solidarité de classe ne sont pas permises. Il existe en plus les Zones Economiques Spéciales où les grandes multinationales étrangères peuvent stipuler des contrats de travail sans couverture syndicale. Il y aurait trois millions de travailleurs syndicalisés.

Malgré toutes ces limitations et contraintes, la bourgeoisie turque n’a pas pu empêcher le déferlement des grèves. Les premières grandes grèves démarrèrent en 2004 dans le secteur de la production des pneumatiques, au point que le gouvernement fut contraint d’insérer le secteur dans ceux stratégiques pour lesquels les grèves sont interdites. L’éclatement de la bulle spéculative immobilière produisit des milliers de chômeurs, surtout dans les petites entreprises. S’en suivirent les grandes grèves de 2007 dans la Turk Telecom, des batailles dans les rues d’Istanbul lors du sommet du FMI et de la Banque Mondiale en 2009, puis ce furent les grèves de 2010 dans la Tekel, l’entreprise étatique du tabac et des alcools. La même année, avec la réforme de l’école, 300 000 enseignants perdaient leur poste de travail qui s’ajoutaient à l’armée des chômeurs dont le pourcentage serait 8,7% des actifs.

En l’absence de documents originaux précis correctement traduits, il est bien difficile d’évaluer le choix fait par les deux plus importants syndicats de gauche, le DISK et le KESK, d’annuler la manifestation de la place Taksim à Istanbul le 17 juin dernier, après avoir proclamé une grève générale pour protester contre les violences de la police sur les manifestants du parc de Gezi, quand déjà des milliers de travailleurs s’étaient rassemblés en sachant que la police s’était mise en rang. Officiellement cette annulation avait été faite pour éviter des heurts durs, mais toute organisation de classe, et la classe elle-même, doit à un moment ou un autre, affronter « l’épreuve du feu ». C’est un passage inévitable, même s’il est douloureux, et nous savons bien, nous communiste, que « la révolution n’est pas un repas de gala », et cet affrontement pouvait être une première étape pour des luttes futures. Excès de prudence, trahison, inexpérience, ou autre, nous ne le savons pas encore, mais la pratique syndicale future, l’éclairera.

Inutile de dire que la protestation de départ des organisations écologistes opposées à la transformation du parce de Gezi en centre commercial avec mosquée et parking a constitué un inattendu casus belli qui a mis en mouvement d’abord à Istanbul, et ensuite dans les autres grandes villes du pays, la révolte des masses opprimées contre leur dure exploitation. Ceci est le produit d’une concentration de richesses d’un côté et d’une misère croissante de l’autre, d’un fossé entre les couches les plus riches et celles les plus pauvres qui s’agrandit de plus en plus comme dans les autres pays à capitalisme avancé.

A Istanbul Cevahir, la partie européenne de la ville, il y a un énorme et futuriste centre commercial, en partie inutile, le « Mall », considéré comme le plus grand d’Europe ; le projet de soustraire également l’espace vert du parc de Gezi a donc été l’occasion pour les écologistes de s’opposer à ces choix de matrice clairement spéculative. Ce fut l’occasion pour les travailleurs turcs de démarrer une lutte d’un souffle plus ample, immédiatement bloquée par les syndicats et la police. La classe ouvrière turque est jeune par son âge civil et par son expérience ; il est donc logique qu’elle connaisse des erreurs et des échecs. La classe ouvrière mondiale attend de cette poussée juvénile de grandes preuves de courage et de force.
 
 



1. On appelait alors « l’homme malade » l’empire ottoman qui était en voie de décomposition. L’empire féodale tsariste était alors le centre de la contre-révolution européenne. Il faut lire à ce sujet les nombreux articles de Marx et Engels qui appelaient de leurs veux une guerre de l’Europe occidentale contre la puissance Russe pour empêcher le Tsar de faire main basse sur Constantinople, guerre qui pouvait déboucher sur une révolution en Europe. Il faut aussi lire sur cette question notre important texte « Russie et Révolution » qui explique très bien toute cette question.

2. Avec le système du colonat, l’esclave, ou le petit propriétaire endetté, se voyait attribué un lopin de terre avec le droit de fonder une famille en échange d’une redevance en nature versée au propriétaire foncier, sous forme d’une partie de la production agricole et de certain travaux communs,

3. Voici ce qu’écrivit Lénine sur la conquête de la Lybie par l’Italie :

     « Des dépêches viennent de nous apprendre que les pré-liminaires de paix ont été signés entre les plénipotentiaires de l’Italie et de la Turquie.
     « L’Italie « a vaincu ». Il y a un an, elle se précipitait sur les territoires turcs situés en Afrique pour les piller et désormais Tripoli lui appartient. Il n’est pas inutile de revenir sur cette guerre colonialiste typique menée par un État « civilisé » du XX siècle.
     « Par quoi cette guerre a-t-elle été provoquée ? Par l’avidité des gros financiers et des capitalistes italiens qui avaient besoin d’un nouveau marché, qui avaient besoin que l’impérialisme italien remporte des succès.
     « Comment a-t-elle été menée ? Nous avons assisté à une boucherie perfectionnée et « civilisée », au massacre des Arabes par les armes les plus « modernes ».
     « Les Arabes ont résisté avec l’énergie du désespoir. Au début de la guerre, les amiraux italiens avaient eu l’imprudence de faire débarquer 1 200 matelots : ils furent attaqués par les Arabes et 600 d’entre eux périrent. En représailles, 3 000 Arabes furent massacrés, des familles entières anéanties, des femmes et des enfants égorgés. L’Italie, n’est-ce pas, est une nation civilisée et constitutionnelle.
     « Environ 1 000 Arabes ont été pendus. Les pertes italiennes s’élèvent à plus de 20 000 hommes. Parmi eux on compte 17 429 malades, 600 disparus, 1 405 tués.
     « Cette guerre a coûté aux Italiens plus de 800 millions de lires, soit plus de 320 millions de roubles. Elle a provoqué un chômage effrayant et une stagnation de l’industrie.
     « Environ 14 800 Arabes ont péri. En dépit de la signature de la « paix », la guerre va continuer, car les tribus arabes habitant l’intérieur du continent africain, dans les régions éloignées de la mer, ne sont pas soumises. Il va falloir encore les « civiliser » pendant une longue période à coups de baïonnettes et de canons, par la potence, le feu et le viol des femmes.
     « Il va sans dire que l’Italie n’est ni meilleure ni pire que les autres pays capitalistes. Tous sont également dirigés par une bourgeoisie qui ne recule devant aucun massacre pour acquérir de nouvelles sources de profit » (La « Pravda » n° 129, 28 septembre 1912, Signé : T. Oeuvre complète, édition de Moscou p 343-344).
Si l’impérialisme européen a eu rôle révolutionnaire, du XVI siècle jusqu’à la première moitié du XIX siècle en introduisant le capitalisme en Asie et en Afrique, ce rôle était terminé avec le passage à l’impérialisme moderne de la fin du XIX siècle qui signe la fin du rôle historique du capitalisme en Europe et en Amérique du Nord et son devenir parasitaire. Depuis le capitalisme est un cadavre qui chemine et qui n’a pu survivre jusqu’à nos jours que grâce à deux guerres mondiales. Une troisième étant en préparation aujourd’hui.

4. Entre 2000 et 2010, selon wikipédia, la dette extérieure de la Turquie est multipliée par 3 et atteint 294 milliards de dollars US. La part de la dette publique est de 32% et les finances publiques sont maîtrisées. La part des crédits du FMI est désormais quasi nulle, la Turquie ayant apuré ses dettes auprès du FMI en mai 2013. La part de la dette privée a augmenté de 25% du PIB en 2001 à 40% en 2010. Son secteur privé est dynamique et sa main d’oeuvre est jeune, abondante et qualifiée. Le secteur bancaire assaini en 2001 lui permet d’éviter les remous de la crise financière internationale. Mais l’épargne turque est insuffisante, selon les agences de notation, et dépend des capitaux étrangers. L’Union européenne est le premier partenaire commercial du pays (46% de ses exportations et 36% de ses importations) et la Turquie est le 5ème plus grand marché d’exportation pour l’UE. En 2010, la Turquie a exporté pour plus de 113 milliards de dollars US de biens (véhicules motorisés, engins mécaniques, fer et acier, produits textiles) et importé plus de 185 milliards (hydrocarbures et huiles pour 38,4 milliards, des engins mécaniques, etc...). Le déficit de la balance des paiements résulte donc en grande partie du déficit du pays en hydrocarbures.

75% des investissements directs étrangers proviennent de l’Europe (19% des Pays-Bas, qui est le premier investisseur) et concernent pour 42% le secteur de la finance, 17% les transports et la communication.

5. Par mineur on entend des jeunes de 15-16 ans et par enfants, ceux dont l’âge est inférieur.