Parti Communiste International |
Nous avons parlé tant de fois dans notre presse des méfaits de la lutte inter-impérialiste pour les peuples de tous les continents que nous ne pourrons évoquer les conflits actuels au Moyen Orient sans souligner que les heurts inter-impérialistes entre les deux plus grandes puissances désormais en lice, les USA et la Chine avec son paravent russe, éclatent également en Afrique, en Orient, en Europe (les guerres dans les pays des Balkans, le conflit ukrainien), sur terre comme sur mer, sans parler de l’espace sidéral qui pourrait devenir également un nouveau lieu d’affrontement.
Aujourd’hui le Moyen Orient et l’Afrique du Nord n’en finissent pas de voir leurs populations se faire étriller, martyriser par tous ces mouvements politiques, djihadistes ou non, manipulés par les grandes puissances, et qui se transforment rapidement en des bandes de brigands incontrôlables et féroces. L’époque n’est plus à la paix de la prospérité capitaliste, mais aux guerres en tout genre pour repousser les conséquences douloureuses pour le régime capitaliste de la crise de surproduction mondiale. Le capitalisme dans sa phase impérialiste déverse sur ces régions toutes les marchandises de l’industrie d’armement et celles de la reconstruction lorsque les champs de bataille s’apaisent pour un moment et que le remboursement des « frais de guerre » est alors possible. La guerre est devenue une affaire, une source de profits, un échappatoire à la surproduction de marchandises et à la crise mondiale du capitalisme dont le spectre terrorise toutes les bourgeoisies de la planète, et avec lui, celui du seul ennemi de classe capable de renverser ce cycle infernal, le prolétariat. Mais quand les bombes tombent, quand la terreur ignoble s’abat sur les masses, quand le prolétariat ne peut exprimer sa solidarité de classe, alors la seule bataille qui est à l’ordre du jour pour la survie de l’humanité, la guerre de classe, devient de plus en plus difficile.
Pour faire avaler toutes ces horreurs aux classes travailleuses occidentales, pétrifiées par les atteintes continuelles du patronat, ou abruties par les vestiges de prospérité et de paix, les porte-paroles politiques et médiatiques, asservis à l’idéologie guerrière de la classe bourgeoise, nous bourrent le crâne avec les mots désormais odieux des droits de l’homme, de l’auto-détermination des peuples, dont l’ONU avec ses représentants de commerce est le gardien du temple, agitant sa charte du droit international, pour finalement nous servir le compte journaliers des morts. Et tout cela pour masquer leur inertie ou les odieux intérêts qu’ils en retirent. Toutes ces balivernes démocratiques ont été créées après le premier massacre mondial de la guerre de 1914-18 dont les traités de paix et le nouveau partage du monde entre les vainqueurs préparaient déjà le second conflit mondial. Et le troisième conflit mondial est à l’ordre du jour pour une nouvelle répartitions des marchés mondiaux.
Au Moyen Orient se retrouvent toutes les grandes puissances. Leur jeu d’échecs mortuaire utilise les pions que sont les troupes armées, formées et équipées dans les conflits d’Afghanistan, de Libye et du Moyen Orient. Les puissances régionales s’y affrontent aussi : la Turquie, l’Iran, les monarchies du Golfe. Le conflit syrien oppose pour l’instant la Russie de Poutine et l’Amérique d’Obama qui se disputent l’Iran, verrou indispensable aux USA pour contrer les puissances russe et chinoise. L’arc d’influence de l’Iran comprenant le Liban, la Syrie, l’Irak et Gaza est désormais un champ d’affrontements sanglants.
Ces dernières décennies, les interventions « humanitaires » de l’impérialisme américain et russe et de leurs sbires, en Afghanistan, Irak, Libye, et dans les mouvements insurrectionnels en Afrique du Nord, ont mis à bas les dictateurs qu’ils avaient souvent soutenu auparavant, mais cela n’a conduit qu’au chaos, aux conflits ethniques et religieux de plus en plus âpres, empêchant souvent totalement toute expression du prolétariat. La Libye en est encore un triste exemple puisque ces dernières semaines la guérilla entre les différents clans s’est exacerbée.
Quant à la politique de l’État d’Israël, elle n’a rien à voir avec une soi-disant défense du mythique peuple juif persécuté : Israël demeure ce pour quoi ce pays a été façonné à partir des années 1920 par la puissance coloniale britannique d’abord, puis par la puissance américaine ensuite, c’est-à-dire une forteresse armée de l’impérialisme, un outil de répression pour les masses et les prolétariats arabes, et aujourd’hui avec la complicité de leurs bourgeoisies. Ce pays, qui agite sans vergogne la bannière de l’holocauste pour justifier ce qu’il fait, bafoue avec l’accord de toutes les bourgeoisies, arabes comprises, le « droit international » et les résolutions de l’ONU, en occupant illégalement le territoire palestinien et en martyrisant sa population. Ainsi la résolution 242 de l’ONU, adoptée unanimement en 1967, déclarait l’occupation des territoires palestiniens, égyptiens et syriens par Israël illégale : « il est inadmissible pour un pays de faire l’acquisition de territoires par la guerre. » Israël a acquis la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est par la guerre, et n’aurait donc aucun droit à ces territoires. Or Israël exige un droit à annexer ces territoires, et pratique à Gaza un blocus économique, une répression féroce, des interventions militaires régulières dont celle qui se poursuit encore et dans laquelle le nombre de morts palestiniens ne cesse d’augmenter. Il s’agit clairement d’une violation du droit international et de crimes contre l’humanité, selon le jargon onusien. Mais nous communistes savons bien que le droit international et tout son bla-bla-bla onusien est une création des puissances pour protéger leurs intérêts, et non ceux des plus faibles comme leurs prêtres voudraient nous le faire croire. Israël est un pion vital pour le front bourgeois uni contre le prolétariat arabes, et le massacre des civils palestiniens peut ainsi se perpétuer afin de servir d’exemple au prolétariat du monde entier. Et tant pis pour les Palestiniens, qui dans le fond, réclament uniquement que leur soit accordé leur « droit » onusien au retour après leur expulsion de 1948. Et ne parlons pas des sanctions économiques que les Européens et les USA veulent faire subir à la Russie en raison de son intervention impérialiste en Ukraine, quand pas même une petite sanction de boycott n’est décidée contre Israël... Le monde bourgeois n’est pas à une contradiction près. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce n’est pas le droit qui sauvera les peuples, mais la guerre de classes.
Et voilà les USA qui agitent le droit international et l’accusation de crime contre l’humanité pour justifier une prochaine intervention au Kurdistan irakien au moment même où les tueries israéliennes de Gaza se perpétuent : en effet l’avancée des troupes en lutte contre Bagdad – un front composé de fractions bourgeoises hétérogènes – menace ce bastion américain, situé à la frontière de l’Iran. Les souffrances des populations chrétiennes et de la minorité yazidie, et la présence de personnels américains à Erbil sont un parfait alibi pour appuyer les déclarations d’Obama ou du ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius ; tout cela afin de préparer leurs population à une intervention militaire. Mais celui qui veut voir, sait bien que la région constitue une formidable base pouvant accueillir les soldats américains ou anglais dans une zone proche de la Syrie et de l’Iran ! Si les USA parviennent à contrôler plus étroitement le pays ou une partie seulement – qu’importe si le reste est à feu et à sang – et aussi le gouvernement irakien, incapable de satisfaire même le clan chiite, ils renforceraient donc leur suprématie dans la région. Le licenciement par le front chiite du premier ministre, Mr Maliki, est déjà un premier pas dans ce sens 1 ».
L’illusion serait de croire que la solution est nationale, ou pire encore qu’elle puisse venir de compromis imposés par les « grands États démocratiques ». La bourgeoisie palestinienne n’a aucun ressort révolutionnaire ou même, pour parler comme nos démocrates, un quelconque caractère progressiste. Le Fatah a plus peur du prolétariat palestinien que de la bourgeoisie israélienne. Quant au Hamas, il a été soutenu et encouragé par l’État Israélien en opposition au Fatah, afin de diviser et affaiblir une bourgeoisie palestinienne déjà bien moribonde et prête à tous les compromis et compromissions. Ce dont Israël ne veut surtout pas entendre parler, c’est d’un quelconque État palestinien, qui de toute façon serait un État croupion.
C’est ce qui explique la dernière intervention militaire d’Israël. Le Hamas était en perte de vitesse et était prêt à remettre la direction de Gaza au Fatah2, ce qu’Israël voyait d’un très mauvais œil. L’assassinat des trois adolescents a servi de prétexte à l’agression militaire. Aujourd’hui nous savons que le Hamas n’avait rien à voir avec leur mort et les services secrets israéliens le savaient bien.
La seule issue pour les prolétariats du Moyen Orient est de retrouver la voie révolutionnaire de la lutte de classes et chercher à unifier les luttes prolétarienne dans toute la région, à la fois sur un plan syndical, dans la lutte contre le patronat pour la défenses des intérêts matériels immédiats, et sur le plan politique en rejoignant le prolétariat occidental afin d’ériger un Parti Communiste Mondial. Un seul but : le renversement des différentes bourgeoisies et la destruction de leurs États par la force des armes.
1. L’hypocrisie de « nos » États démocratique, c’est-à-dire de la grande bourgeoisie industrielle et financière qui dirige les grands États impérialistes, se situe sur le terrain du droit international qui prévoit pour les peuples le droit à l’action armée dans certaines conditions. Le problème est que ce droit est le résultat de compromis entre les grands États impérialistes qui l’utilisent comme drapeau pour justifier ensuite leur interventions militaires ou « humanitaire », comme par exemple la Russie en Ukraine, ou les États-Unis en Irak. De façon général, les lois et le droit est fait par la bourgeoisie pour la bourgeoisie, et si ces règles qu’elle s’est elle-même fixée l’entrave elle n’hésite pas à les piétiner, comme l’État israélien qui bombarde sans scrupule les écoles et les hôpitaux et ensevelit sous les bombes la population civile. Dans les années vingt les bandes fascistes ont été mises sur pied par le très démocratique État italien et par la non moins démocratique république de Weimar en Allemagne pour écraser dans le sang le mouvement ouvrier. Les réformistes de tout poil veulent que le mouvement prolétarien reste dans les strictes limites de la légalité. Ce faisant ils montrent leur soumission aux intérêts de la bourgeoisie et leur caractère purement servile et contre-révolutionnaire. Au contraire le Parti Communiste doit profiter du fait que la bourgeoisie piétine ses propres lois pour mener la lutte, non seulement sur le terrain légal, mais aussi sur celui illégal afin de préparer le prolétariat à l’affrontement armé avec la bourgeoisie.
2. Sur ce point on peut se reporter à différents articles dont celui de l’Express sur internet du 07/05/2014 « Gaza: le Hamas prêt à tout pour survivre, y compris céder le pouvoir ».