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En 2012, les attentats opposaient toujours les sunnites aux chiites, c’est-à-dire les différents clans bourgeois, et le bilan de tués se montaient à 4 500 pour 941 attentats, selon les comptables bourgeois.
L’économie de l’Irak était entièrement liée au pétrole (90% de ses revenus et 80% de ses exportation). Le système politique mis en place par les USA en 2003 rendait le pays prisonnier de ses bases ethniques et religieuses.
Le pays était dirigé par l’autoritaire premier ministre chiite Maliki, membre du parti islamiste chiite (Dawaa) fortement influencé par l’Iran. La présence kurde au gouvernement ne permettait que de maintenir l’autonomie acquise grâce à l’occupant de la région du Kurdistan irakien, et le régime est toujours sous le contrôle américain dont la diplomatie continue son habituel double-jeu. Les USA sont le premier fournisseur militaire de l’Irak, la tentative de s’adresser à la Russie en 2012 ayant échoué en raison des pressions américaines. La guerre en Syrie aggravait les dissensions puisque la minorité sunnite s’était engagée du côté de la rébellion syrienne, donc contre l’Iran et le pouvoir chiite irakien.
En 2013, la situation économique et politique déplorable de l’Irak était un élément fondamental dans cet échiquier chaotique du Moyen-Orient. Exsangue, endetté, l’Irak est en ruines. Routes, hôpitaux, transports, il faut tout reconstruire, et la manne pétrolière est fondamentale. Les tensions politiques au sein du gouvernement, les hostilités entre les ministères du Pétrole et celui des Finances, ralentissent toutes les décisions. Le flou législatif n’arrange pas les choses, la loi sur le pétrole étant en discussion depuis cinq ans en raison du sujet sensible des relations entre Bagdad et le Kurdistan autonome. Bagdad collecte les recettes du pétrole et redistribue aux provinces en fonction de leur poids démographique, le Kurdistan recevant ainsi 17% du budget fédéral. Et le premier ministre Nouri al- Maliki, en favorisant une partie de la bourgeoisie chiite ne fait qu’aggraver le mécontentement des bourgeoisies sunnites et d’une partie de celle chiite.
Le 25 janvier 2013, à Fallujah les protestations de musulmans sunnites contre le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, chiite, s’est soldé par la mort de manifestants, les soldats irakiens ayant ouvert la feu sur la foule qui jetait des pierres.
Le Kurdistan irakien autonome s’est imposé comme l’allié indispensable des USA en Irak et dans la région; et son gouvernement est devenu la clé de voûte du nouveau système politique irakien; en effet ses dirigeants, Barzani et Talabani placé comme président de l’Irak (malade, il a été remplacé par un autre politicien kurde en juillet 2014), servent à s’interposer entre les chiites et les sunnites irakiens pour le plus grand bien de l’impérialisme américain. Les institutions politiques de ce Kurdistan autonome sont placées dans la main de fer d’un président, Massoud Barzani, chef du PDK(Parti démocratique du Kurdistan) – la vice présidence appartient à l’UPK (Union Patriotique du Kurdistan)! – tandis que son ex-rival Talabani, chef de l’UPK a reçu la présidence de l’Irak et d’autres Kurdes des postes importants dans l’administration, les services secrets, l’armée irakiens. L’arrogance de Barzani et ses revendications d’indépendance ne cessent d’augmenter dans un conflit chiite-sunnite irakien aigü, que la situation syrienne ne pouvait qu’aggraver, quelqu’en soit l’issue. Des attentats à Kirkouk1 rappellent que les nationalistes kurdes sont toujours actifs. Kirkouk est en effet hors du périmètre du Kurdistan irakien autonome mais les peshmergas y patrouillent au milieu d’une population multi-ethnique, arabe, kurde, turkmène. Al-Maliki joue dans cette ville la carte du nationalisme arabe et y a installé un commandement militaire en septembre 2012, provoquant des heurts entre peshmergas et soldats irakiens.
En 2014, au chaos politique et social engendré par les luttes entre les différentes milices et les attentats quotidiens, s’ajoute désormais l’arrivée sur le territoire des bandes terroristes islamistes forgées dans le conflit syrien, et qui rejoignent ainsi la «résistance» de différents groupes nationalistes existant déjà sur place dont ceux baasistes.
La Syrie est depuis des années un des foyers d’affrontements des bourgeoisies impérialistes mondiales et régionales qui utilisent et aident au gré des événements des groupes armés. L’EIIL est un de ceux là mais ses brigandages en argent (pillage des banques), pétrole (il contrôle plusieurs champs pétroliers et des centrales électriques), armes (l’arsenal de Mossoul comprenait des armes très sophistiqués et des stocks énormes) et les appuis financiers qu’il a reçus de la part de certaines monarchies du Golfe, et aussi de la Turquie, et autres clans hostiles à la puissance iranienne et américaine, en ont fait une arme encore plus sophistiquée; et d’autant plus redoutable qu’en Irak elle a reçu l’appui des militaires et militants baasistes et de la bourgeoisie sunnite irakienne, et recrute parmi les nombreux laissés pour compte. La décomposition de l’Etat central de Bagdad est telle que les «insurgés» s’enfoncent dans le territoire comme dans une motte de beurre, qu’s’enfoncent dans le territoire comme dans une motte de beurre, qu’ils s’emparent désormais d’une grande partie du pays, terrorisant la population, s’arrêtant aux portes de Bagdad et de la région du sud et affrontant désormais les zones kurdes si riches en pétrole. Les brigands s’affrontent aux brigands: les uns proclament un islam radical, les autres partent en croisade contre le diable terroriste (diplomaties américaine et française principalement) pour défendre les populations civiles pourchassées, alors qu’il ne s’agit des deux côtés que d’une sinistre chasse aux richesses du pays. Mais pour le moment il n’est pas question d’envoyer des soldats sur le terrain (… mis à part les 800 GI qui protègent l’énorme ambassade US à Bagdad,et quelques «forces spéciales» qui appuient les soldats kurdes) ou de trop armer les peshmergas peshmergas kurdes, pour ne pas mécontenter les allié iranien et turc, et ce d’autant plus que le PKK s’est rendu maître du Kurdistan syrien.
Après s’être débarrassés de Mr Maliki le 14 août, devenu trop encombrant, Washington et Téhéran se sont mis d’accord pour qu’un membre d’Al-Dawaa, Haïdan al-Abadi, ayant fait ses études en Grande Bretagne, lui succède. Parviendra-t-il à un compromis avec les «insurgés» et les bourgeoisies sunnite et kurde, ou s’achemine-ton vers une partition en trois régions kurde, sunnite, chiite, solution qui conviendrait à la diplomatie américaine et à ses affairistes ? Le 11 août 2014, le journal britannique The Independent sous la plume du journaliste Robert Fisk affirmait que l’intervention des USA au Kurdistan irakien qui mettait en avant la protection des populations contre l’insurrection islamiste avait en fait pour but de protéger les multinationales du pétrole implantées dans la région. Il déclarait au sujet des réserves irakiennes que sur 143 milliards de barils de pétrole en Irak, 43,5 se trouvaient au Kurdistan, sans parler des réserves de gaz.
Les exploitants pétroliers Mobil, Exxon, Chevron, Total largement implantés au Kurdistan empochent 20% des bénéfices totaux. Il remarquait que la marge bénéficiaire pour le pétrole irakien est énorme puisque que le coût de production y est le moins cher du monde (il est très facile à extraire), soit 4 dollars le baril revendu au cours mondial de 110 dollars depuis 4 ans ! En effet, le prix du marché, en raison du mécanisme de la rente foncière, se fixe sur celui du pétrole dont l’extraction coût le plus cher. Et de plus le Kurdistan irakien, sans l’accord de Bagdad, vend du pétrole à la Turquie qui le revend à d’autres pays; un pétrolier de 80 000 m3 est arrivé ainsi en Croatie, chargé dans un port turc. L’oléoduc kurde, construit par une société turque, en 2013 part de la raffinerie de Tak Tak, près d’Erbil, contourne la Syrie et rejoint le port turc de Ceyhan, près de la frontière syrienne, et de là les marchés internationaux. A Ceyhan arrive déjà l’oléoduc venant de Bakou en Azerbaïdjian. La Turquie vend aussi du pétrole provenant du Kurdistan irakien à Israël. L’article raconte ainsi le feuilleton d’un pétrolier parti de Turquie, et qui a navigué jusqu’en Italie, puis au Mexique, puis au Maroc,les gouvernements successifs n’ayant pas voulu accepter le pétrole pour ne pas se compromettre dans le contexte actuel; le pétrolier est alors arrivé, sous un autre nom, au port israélien d’Ashkelon le 20 juin et a y vendu sa cargaison à moitié prix, tandis que l’offensive israélienne et ses massacres contre la population palestinienne battait son plein contre Gaza ! Les affaires sont les affaires ! Sans parler de l’industrie militaire: le chaos installé par les conflits inter impérialistes en Irak, en Lybie, en Syrie, à Gaza, au Liban, etc... est une manne sans fin pour les marchands US, russe, français et allemand.
Que deviennent les travailleurs irakiens dans ce marasme ? Le silence des organisations syndicales et politiques européennes est presque total, alors que la guerre est déjà en Europe avec le conflit ukrainien.
La seule issue à la guerre, ou à la guerre dans un simulacre de paix, demeure celle de la lutte des classes des travailleurs contre leurs patrons exploiteurs en rejoignant l’action de syndicats de classe, contre leur propre bourgeoisie affairiste et militariste, contre leur propre Etat mercenaire des intérêts bourgeois, en rejoignant les rangs du Parti Communiste International.
Nous
reprenons en 2014 ce passage de Course au pétrole et guerres
incessantes de 2012:
«Le prolétariat n’a rien à espérer de cette lutte infernale, de cette cette consommation à outrance d’énergie qui détruit le monde des vivants, de cette spirale désespérée et incontrôlable dans laquelle s’est jetée le système capitaliste et ses mercenaires, sinon des massacres fratricides, des destructions, de la misère, encore plus de souffrances, et des guerres inter-impérialistes effroyables ! Le capitalisme a désormais fait le tour du monde; la socialisation de la production, fondement de la société communiste, est accomplie depuis plus d’un siècle mais encore étouffée par la pourriture de l’impérialisme; l’opposition Orient-Occident, la question coloniale et la question nationale n’ont plus de raison d’être pour les travailleurs et les masses déshéritées.
«Les affres de la crise économique mondiale qui s’annoncent à l’aube de 2012 sabreront les bases de l’opportunisme de la classe salariée et des partis qui la représentent. Seule une lutte radicale du prolétariat international contre la bourgeoisie internationale est à l’ordre du jour pour passer à un autre mode de production. Que renaissent dans tous les pays les organisations de classe unies derrière leur parti communiste international pour affronter enfin et mettre à bas le vampire capitaliste et ses sbires, telle est l’unique issue pour la survie de l’humanité».