Parti Communiste International

Décembre 2008

GUERRE CONTRE LE PROLÉTARIAT EMPRISONNÉ DANS LA BANDE DE GAZA

Le 27 décembre un ouragan de feu, sous la forme de missiles et de bombes lancé à partir des avions F16 et des hélicoptères Apaches, joyaux de l’industrie militaire nord américaine, s’est déversé sur la bande de Gaza; les bombardements ont continué sans discontinuer durant 8 jours, et dans la nuit du 4 Janvier ont commencé, après une intense canonnade, les opérations de terre avec un important emploi des cuirassés et de l’artillerie mécanisée.

L’éditorial du journal Le Monde du 30 décembre définit comme un "bain de sang inutile" la brutale attaque contre le ghetto de Gaza. "Nous nous arrêterons seulement après avoir fini le travail" a déclaré le ministre de la défense et chef du parti labouriste Ehmud Barak, associée a Tzipi Livni et a le chef du gouvernement Ehoud Olmert.

L’action contre Gaza n’a pas été causée par la rupture de la trêve de la part du Hamas à cause de ses missiles Kassam, comme le répète à l’envie la propagande des dirigeants israéliens.

Le lancé des missiles contre le territoire israélien, qui provoque tant de peur et des victimes, existait déjà quand la bande de Gaza était sous le contrôle direct de l’armée israélienne, qui n’avait pas pour autant réussi à l’empêcher. Le gouvernement israélien sait très bien que l’occupation militaire n’est pas le meilleur moyen pour empêcher le tir des missiles.

Un autre motif, bien que secondaire, vient des élections israéliennes. Pour avoir des voix tout est bon : terroriser les électeurs et faire entendre les bruits de bottes ont souvent réussi. Ehmud Barak a gagné au moins 4 points dans les sondages, après les bombardements criminels de Gaza. Un point pour chaque centaine de morts !

Gaza, avec ses habitations amoncelées les unes sur les autres, est l’une des cités les plus denses au monde. Les missiles massacrent les policiers et les miliciens, mais naturellement aussi la population. C’est exactement comme il y a deux ans lors des bombardements du sud Liban, mais en plus tragique. La population ne peut en aucune manière fuir les bombardements, recluse comme elle est dans ce camps d’à peine plus de 350 km2.

Cela fait des années que ce petit territoire est soumis à un siège et que ses frontières sont fermées. L’électricité provient d’Israël, tout comme le carburant, les vivres et les médicaments. Et le tout n’est pas gratuit, loin s’en faut. La bourgeoisie israélienne trouve encore le moyen de s’enrichir sur le dos du prolétariat palestinien en leur faisant payer le prix fort.

Le taux de chômage a rejoint les 50% de la population active; il n’existe plus une économie que l’on puisse appeler comme telle ; l’activité de la petite industrie qui avait réussi à se maintenir s’est arrêtée ; même la pêche n’est plus possible avec le blocus maritime israélien qui empêche les pêcheurs de prendre la mer.

L’État Égyptien qui contrôle la limite méridionale de l’étroite bande de Gaza, participe activement à son étranglement en ne permettant à personne d’entrer ou de sortir et en interdisant tout approvisionnement en vivres et médicaments.

L’État égyptien qui est durement touché par la crise économique, avec une situation sociale explosive, craint que le prolétariat de Gaza ne soit l’étincelle qui propage l’incendie à l’intérieur du pays le plus peuplé de la région, avec un prolétariat nombreux et qui ne manque pas de traditions de lutte, comme les récentes grève contre les salaires de misère l’ont montré. Le régime confirme ainsi ses liens avec l’impérialisme américain, qui en retour le subventionne généreusement. Et collabore au massacre du peuple palestinien.

La Ligue Arabe, d’autre part, n’a même pas réussi à se réunir, tandis que l’Europe confirme son désintérêt et son impuissance. Quant à l’ONU, elle confirme sa complicité : lors de la réunion d’urgence du Conseil de Sécurité dans la nuit du 4 janvier, les USA ont bloqué une timide déclaration présentée par la Libye, qui réclamait un cessez le feu immédiat et exprimait sa préoccupation "pour la montée de la violence à Gaza".

Outre les préoccupations électorales de son personnel politique peu reluisant, l’État israélien a choisi la guerre parce qu’elle représente l’unique voie pour résoudre la crise économique : non parce qu’elle mettra fin aux lancés de missiles ou aux attentats suicides, mais parce qu’elle l’aide à survivre dans l’impasse économique et sociale. Le régime du capital se renforce avec la guerre. En Israël la guerre ressoude la collaboration entre les classes qui est nécessaire à la bourgeoisie pour continuer à jouer les chiens de garde de l’impérialisme au Moyen Orient. Pour cela le prolétariat israélien doit rester terrorisé et soumis pour servir de chair à canon, non pas pour défendre "les juifs" contre la "haine des arabes", mais pour défendre les intérêts nord-américains dans la région.

La guerre permet de mettre de côté la crise économique, les licenciements, la misère qui pousse toujours plus le prolétariat d’Israël à ressembler à celui des parias palestiniens ; la guerre permet de faire oublier au prolétariat d’Israël qu’après 40 années d’un état de guerre continu, de collaboration avec "sa" bourgeoisie, il se retrouve les épaules au mur, appauvri économiquement et moralement, trahi par ses syndicats et "son parti", et asservi aux intérêts du plus odieux des militarismes.

La guerre contre Gaza est une manne pour l’industrie de l’armement, la seule qui ne soit pas en crise. Missiles et bombes modernes lancés par milliers, représentent une affaire de millions de dollars. La guerre en outre permet d’affiner les armes en les testant sur le vif. La guerre trouve sa raison en elle-même.

Tout comme durant la guerre de 1982 à Beyrouth, lorsque l’armée israélienne organisa le massacre dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, cette guerre est avant tout une guerre sociale contre le prolétariat. C’est une guerre contre la population civile ; elle a comme objectifs les prolétaires plus que les miliciens et les troupes du Hamas. Terroriser, anéantir, détruire les marchandises et les hommes, tel est l’unique "dessein politique" qui se tient derrière cette énième tragédie.

Même l’invasion par terre ne réussira pas à stabiliser la région. Sur un plan strictement militaire, Israël peut vaincre peut-être, et réoccuper cette bande de terre, mais il ne réussira pas pour autant à contrôler un territoire aussi densément peuplé. C’est pour cette raison qu’il s’en est retiré en 2005, cherchant à enfermer Gaza derrière un "cordon sanitaire".

Le fait que le Hamas reste la seule organisation à s’opposer à la machine de guerre israélienne, peut faire de ce parti un point de référence pour le mouvement nationaliste palestinien, exsangue, corrompu et réactionnaire. Mais en aucun cas il ne peut obtenir l’appui et la solidarité du prolétariat communiste palestinien et mondial.

Les dirigeants du Hamas ne craignent pas la guerre, parce qu’ils savent qu’ils en sortiront renforcés et ils espèrent obtenir une suprématie définitive sur Al Fatah et sur l’Autorité Palestinienne. Ils espèrent refaire ce que le Hezbollah a fait au Liban : ce dernier avec la guerre, malgré les terribles et monstrueux bombardements de l’aviation israélienne, a réussi à s’imposer à toutes les communautés du pays, chrétienne comprise, comme le porte-drapeau du nationalisme libanais.

Il est probable que le prolétariat de Gaza, devant l’horreur de sa situation, soit poussé à se regrouper sous la bannière verte de l’islam avec la volonté de résister aux agresseurs. Cependant le régime du Hamas est une dictature bourgeoise, comme celui de l’Autorité Nationale Palestinienne en Cisjordanie : un gouvernement qui non seulement combat par tous les moyens, toute perspective révolutionnaire communiste, mais qui réprime aussi sans pitié toute organisation syndicale de classe.

Le prolétariat de Gaza ne peut pas mettre de côté sa propre guerre, qui est contre la faim, la misère, les maladies. Comme durant la Commune de Paris, sa guerre est sur deux fronts : contre l’armée d’Israël et contre le gouvernement du Hamas, qui pour imposer son hégémonie n’hésite pas à impliquer les masses prolétariennes dans un affrontement suicidaire et sans perspective.

Les manifestations qui se tiennent un peu partout dans le monde, pour protester contre les massacres et s’opposer à l’impérialisme israélien et des États-Unis, en apportant leur soutien au nationalisme palestinien, manifestations qui ont vu la participation de travailleurs immigrés en provenance des pays arabes, loin de clarifier les tâches du prolétariat, manquent leurs objectifs. La guerre qui a lieu n’est pas une guerre entre nations, ni de race ou de religion, mais une guerre de classes. Les travailleurs de Palestine, d’Israël et du monde entier, n’ont pas à se ranger derrière un des camps impérialistes, et ni non plus soutenir une cause misérable et perdue, comme celle de la bourgeoisie palestinienne.

L’indication du Parti communiste révolutionnaire est claire : aucune solidarité avec le mouvement national palestinien réactionnaire, aucune alliance avec des mouvements et partis bourgeois et petits bourgeois au nom d’un front anti-impérialiste (Il y a eu pire que le fascisme : l’anti-fascisme).

Le prolétariat des pays arabes et d’Israël doit avant toute chose reconstruire ses propres organisations de défense et de lutte, indépendantes et contre les partis bourgeois et les organisations opportunistes, faussement amies et traîtres ; sans cela, sans la renaissance de syndicats de classe et de son parti communiste révolutionnaire international, il est destiné à servir de chair à canon au service d’une politique bourgeoise, toujours plus militariste, cynique et criminelle.