|
|||
Parti Communiste Internationaliste | |||
NATURE, FONCTION ET TACTIQUE DU PARTI RÉVOLUTIONNAIRE DE LA CLASSE OUVRIÈRE (1945) [1] |
La question de la tactique du parti est d’une importance fondamentale, et elle sera clarifiée en liaison avec l’histoire des luttes de tendances dans la II et la III Internationales.
La considérer comme secondaire ou accessoire, ce serait retomber dans l’erreur d’admettre que des groupes d’accord sur la doctrine et le programme peuvent, sans altérer ces bases, défendre et appliquer des orientations différentes dans l’action, ne serait-ce même que momentanément.
Lorsqu’on pose les problèmes relatifs à la nature et à l’action du parti, cela signifie qu’on est passé du domaine de l’interprétation critique des processus sociaux à celui de l’influence que peut exercer sur eux une force activement agissante. Ce passage constitue le point le plus important et le plus délicat de tout le système marxiste ; on le trouve délimité dans ces phrases du jeune Marx: « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières : il importe maintenant de le transformer » [2] et « De l’arme de la critique, il faut passer à la critique des armes » [3]. Ce passage de la pure connaissance à l’intervention active est entendu, suivant la méthode du matérialisme dialectique, d’une manière totalement différente de celle suivie par les disciples des idéologies traditionnelles. On a trop souvent vu les adversaires du communisme exploiter le bagage théorique du marxisme pour saboter et renier ses conséquences dans le domaine de l’action et de la lutte ou bien, d’un autre bord, affecter d’adhérer à la praxis du parti prolétarien, mais tout en réfutant et en rejetant ses bases critiques de principe. Dans ces deux cas, la déviation était le reflet d’influences anti-classistes et contre-révolutionnaires, et elle s’est manifestée dans la crise que, par souci de brièveté, nous appelons opportunisme.
Les principes et les doctrines n’existent pas en soi, comme une base établie avant l’action ; ils se forment au contraire dans un processus parallèle à celui de l’action. Ce sont leurs intérêts matériels opposés qui jettent les groupes sociaux dans la lutte pratique, et c’est de l’action suscitée par ces intérêts matériels que naît la théorie qui devient le patrimoine caractéristique du parti. Que viennent à changer les rapports d’intérêts, les stimulants et la direction pratique de l’action, et la doctrine du parti sera du même coup modifiée et déformée.
Croire que, du seul fait qu’elle a été codifiée dans un texte programmatique et que l’organisation du parti a été dotée d’un encadrement strict et discipliné, la doctrine du parti est devenue intangible et sacrée, et que par conséquent on peut se permettre d’emprunter des directions variées et de recourir à de multiples manœuvres dans le domaine de l’action tactique signifie simplement qu’on ne voit pas de façon marxiste quel est le véritable problème à résoudre pour parvenir au choix des méthodes d’action.
Revenons sur la signification du déterminisme. Les événements sociaux sont-ils engendrés par des forces incoercibles, en créant chez les hommes diverses idéologies, théories et optiques, ou bien peuvent-ils être modifiés par la volonté plus ou moins consciente des hommes? La méthode propre au parti prolétarien résout cette alternative en en bouleversant complètement les bases traditionnelles. En effet, on posait toujours le problème et on prétendait le résoudre à l’échelle de l’individu isolé, pour en déduire ensuite la solution applicable à la société tout entière, alors qu’il s’agit au contraire de considérer la collectivité à la place de l’individu. Par ailleurs, on entendait toujours par collectivité cette autre abstraction métaphysique qu’est la société de tous les hommes, tandis que pour le marxisme une collectivité est un regroupement concrètement défini d’individus qui, dans une situation historique donnée, ont des intérêts parallèles découlant des rapports sociaux, c’est-à-dire de leur place dans la production et dans l’économie – et ces regroupements sont précisément les classes.
La capacité de comprendre exactement les rapports dans lesquels elles vivent et d’exercer sur eux une certaine influence n’est pas la même pour toutes les classes sociales de l’histoire humaine. Chaque classe historique a eu son parti, son système d’opinion et de propagande ; avec la même insistance, chacune a prétendu interpréter exactement les sens des événements et pouvoir les diriger vers un but plus ou moins vaguement défini. Le marxisme fournit la critique et l’explication de toutes ces théories et montre que les diverses généralisations idéologiques étaient le reflet dans les opinions des conditions et des intérêts des classes en lutte.
Dans cette succession de luttes entre partis et organismes étatiques de classe, engendrées par des intérêts matériels et suscitant des représentations politiques et philosophiques, la classe prolétarienne moderne se présente, une fois que les conditions sociales de sa formation ont mûri, avec des capacités nouvelles et supérieures, tant parce qu’elle possède une méthode non illusoire d’interprétation de tout le mouvement historique, que par l’efficacité concrète de sa lutte sociale et politique pour influer sur le déroulement général de ce mouvement.
Cette autre notion fondamentale a été énoncée par les marxistes dans ces phrases célèbres et classiques : « Avec la révolution prolétarienne, la société humaine sort de sa préhistoire » [4]; « La révolution socialiste constitue le passage du monde de la nécessité à celui de la liberté ».
Il s’agit donc de sortir de la banale alternative traditionnelle : l’homme est-il maître de sa volonté, ou bien est-il déterminé par son milieu ? La classe et son parti ont-ils conscience de leur mission historique et puisent-ils dans cette conscience théorique la force de la réaliser pour une amélioration générale du sort de l’ humanité, ou bien sont-ils entraînés dans la lutte, vers le succès ou vers l’échec, par des forces supérieures et inconnues? Avant tout, il faut se demander de quelles classes et de quels partis il s’agit, quelle est leur situation à l’égard des forces productives et du pouvoir d’Etat, quel cycle h1stor1que elles ont parcouru et quel autre leur reste a parcourir selon les prévisions de l’analyse critique.
Pour les doctrines religieuses, la cause des événements réside hors de l’homme, dans la divinité créatrice, qui a tout établi et a même cru devoir concéder à l’individu une certaine liberté d’action, dont il devra répondre dans une autre vie. Il est évident qu’une telle solution du problème de la volonté et du déterminisme est complètement abandonnée par l’analyse sociale marxiste.
La philosophie bourgeoise, elle aussi, avec ses prétentions critiques illuministes et son illusion d’avoir éliminé toute présupposition arbitraire et révélée, reste pareillement fallacieuse, car le problème de l’action y est toujours réduit au rapport sujet-objet et, dans les versions anciennes comme dans les versions modernes des divers systèmes idéalistes, le point de départ est recherché dans le sujet individuel, dans le Moi : il réside en effet dans le mécanisme de la pensée de l’individu, et se traduit par la suite dans l’action de celui-ci sur le milieu naturel et social. De là le mensonge politique et juridique du système bourgeois, qui déclare l’homme libre et lui accorde, en tant que citoyen, le droit d’administrer la chose publique, et donc également ses propres intérêts, selon l’opinion mûrie dans sa propre tête.
L’interprétation marxiste de l’histoire et de l’action humaine, si elle exclut donc l’intervention de toute influence transcendante et de tout verbe révélé, renverse d’une façon tout aussi décidée le concept bourgeois de libre volonté de l’individu, en montrant que ce sont ses besoins et ses intérêts qui expliquent son comportement et son action – ses opinions, ses croyances et ce qu’on appelle sa conscience n’étant que les effets ultimes de facteurs plus complexes.
Quand on passe du concept métaphysique de conscience et de volonté du Moi à la notion réelle et scientifique de connaissance théorique et d’action historique et politique du parti de classe, le problème se trouve clairement posé et l’on peut en aborder la solution.
Cette solution a une signification originale pour le mouvement et le parti du prolétariat moderne. Pour la première fois, en effet, il s’agit d’une classe sociale qui est poussée à briser les vieux systèmes et les vieilles formes politiques et juridiques qui entravent le développement des forces productives (tâche révolutionnaire qu’ont déjà affrontée les classes sociales précédentes), non pas pour se constituer en une nouvelle classe dominante, mais pour établir des rapports de production qui permettront d’éliminer la pression économique et l’exploitation d’une classe par l’autre.
Le prolétariat dispose donc d’une plus grande clarté historique et d’une influence plus directe sur les événements, que les classes qui ont dirigé jusqu’ici la société.
Cette aptitude historique particulière, cette faculté nouvelle du parti de classe prolétarien, doit être suivie dans le processus complexe de ses manifestations, au cours de l’histoire que le mouvement prolétarien a connu jusqu’ici.
L’influence qu’exerça sur le prolétariat la phase de développement pacifique et apparemment progressif du monde bourgeois dans la dernière partie du XIX siècle se manifesta par le révisionnisme de la II Internationale, qui aboutit à l’opportunisme concrétisé par la collaboration des socialistes aux gouvernements bourgeois, en temps de paix comme en temps de guerre. Il semblait alors que l’expansion du capitalisme n’entraînait pas, contrairement au schéma classique de Marx, l’exaspération inexorable des contradictions de classes, de l’exploitation et de la paupérisation du prolétariat. Il semblait que tant que le monde capitaliste pourrait s’étendre sans provoquer de crise violente, le niveau de vie des classes travailleuses pourrait s’améliorer graduellement à l’intérieur même du système capitaliste. Le réformisme élabora sur le plan théorique ce schéma d’une évolution menant sans heurts de l’économie capitaliste à l’économie prolétarienne et, dans le domaine pratique, il affirma en toute cohérence que le parti prolétarien pouvait développer une action positive axée sur la réalisation quotidienne de conquêtes partielles – syndicales, coopératives, administratives, législatives – qui devenaient autant de noyaux du futur système socialiste à l’intérieur du régime actuel, qu’ils devaient peu à peu transformer complètement.
On abandonna l’idée que le parti devait soumettre toute son action à la préparation d’un effort final visant à réaliser les conquêtes maximales, pour adopter une conception foncièrement volontariste et pragmatiste : l’activité quotidienne était présentée comme une réalisation solide et définitive que l’on opposait à la vacuité de l’attente passive d’une grande victoire future qui devait résulter de l’affrontement révolutionnaire.
L’école syndicaliste n’était pas moins volontariste, jusque dans son adhésion aux philosophie bourgeoises les plus récentes. En effet, elle parlait bien de conflit de classe déclaré, de destruction et d’abolition de cet appareil d’Etat bourgeois que les réformistes voulaient imbiber de socialisme, mais en réalité, en localisant les luttes et la transformation sociales dans les entreprises de production prises isolément, elle pensait elle aussi que les prolétaires pouvaient conquérir par leur lutte syndicale des positions avantageuses successives qui seraient comme autant d’îlots prolétariens dans l’océan capitaliste. Le mouvement italien de L’ Ordine Nuovo dérivait de cette conception syndicaliste : avec sa théorie des conseils d’usine, il brisait l’unité internationale et historique du mouvement de classe et de la transformation sociale pour proposer, au nom d’une détermination concrète et analytique de l’action, la conquête d’une série de positions successives au sein des unités de production.
Pour en revenir au révisionnisme gradualiste, de même que la réalisation du
programme maximum du parti était éclipsée par les conquêtes partielles et quotidiennes, de la même façon on préconisait la fameuse tactique d’alliance et de coalition avec des groupes et des partis politiques qui, tour à tour, consentiraient à appuyer les revendications partielles et les réformes proposées par le parti prolétarien. Dès cette époque, une critique fondamentale fut portée contre cette pratique : l’alignement du parti, aux côtés d’autres formations politiques, sur un front changeant suivant les problèmes d’actualité qui divisaient le monde politique à un moment donné, conduisait nécessairement à dénaturer le parti, à obscurcir sa clarté théorique, à affaiblir son organisation et à compromettre sa capacité à encadrer la lutte des masses prolétariennes dans la phase de la conquête révolutionnaire du pouvoir.
Que le parti rejoigne un des deux camps qui se partagent l’opinion à propos de la solution à donner à quelque problème brûlant mais contingent, et la nature même de la lutte politique fera que toute l’action des militants se concentrera sur ce sujet transitoire et sur ce but immédiat, au détriment de la propagande pour le programme et de la cohérence avec les principes du mouvement. Ainsi prendra corps dans les groupes de militants une orientation reflétant directement et de façon immédiate les mots d’ordre du moment.
La tâche du parti devrait être – comme les socialistes de l’époque classique eux-mêmes l’admettaient apparemment – de concilier l’intervention dans les problèmes quotidiens et les conquêtes partielles avec la sauvegarde de sa physionomie programmatique et de sa capacité de se placer sur son terrain de lutte propre pour le but suprême de la classe prolétarienne. Mais en réalité, l’activité réformiste fit non seulement oublier aux prolétaires leur préparation révolutionnaire de classe, mais conduisit les chefs et les théoriciens du mouvement eux-mêmes à la rejeter ouvertement pour proclamer que désormais, il n’était plus question de s’occuper des réalisations maximales, que la crise révolutionnaire finale prévue par le marxisme n’était elle aussi qu’une utopie, et que seules importaient les conquêtes de chaque jour. « Le but n’est rien, le mouvement est tout » devint la devise commune aux réformistes et aux syndicalistes.
La crise de cette méthode éclata dans toute son ampleur avec la guerre, qui anéantissait le postulat historique d’un adoucissement continuel de la domination capitaliste. Les richesses collectives accumulées par la bourgeoisie et dont une maigre part était destinée à l’amélioration apparente du niveau de vie des masses, furent jetées dans la fournaise de la guerre : non seulement toutes les améliorations réformistes furent englouties dans la crise économique, mais la vie même de millions de prolétaires fut sacrifiée. Parallèlement, alors que la fraction demeurée saine des socialistes s’illusionnait et croyait que ce retour violent de la barbarie capitaliste arracherait les groupes prolétariens à la collaboration de classe pour les jeter dans une lutte générale ouverte en vue de la destruction du système bourgeois, on assista au contraire à la crise et à la faillite de toute, ou presque toute, l’organisation prolétarienne internationale.
Le déplacement du front de l’agitation et de l’action immédiate effectué dans la période de pratique réformiste se révéla une faiblesse incurabl :: les prolétaires avaient oublié et ne comprenaient plus les buts suprêmes de leur classe. La classe dominante sut largement exploiter les conséquences néfastes de la tactique de participation à l’un des deux camps entre lesquels les partis se partageaient de manière variable au gré des pays et des mots d’ordre contingents les plus divers (plus grande liberté d’organisation, élargissement du droit de vote, étatisation de certains secteurs économiques, etc.), et qui aboutit pour les chefs du prolétariat à des positions politiques qui constituèrent la dégénérescence social-patriotique.
La popularité qu’apportait à ces postulats non classistes la propagande des puissantes organisations de masse des grands partis socialistes de la II Internationale fut habilement utilisée pour dénaturer l’orientation politique de ceux-ci : on démontrait que, dans l’intérêt du prolétariat et dans l’intérêt même de sa marche vers le socialisme, il fallait, en attendant, défendre d’autres résultats acquis, comme la civilisation allemande contre le tsarisme féodal et théocratique, ou bien la démocratie occidentale contre le militarisme teuton. ’
Avec la révolution russe, la III Internationale se dressa contre cette orientation désastreuse pour le mouvement ouvrier. Il faut toutefois dire que, si sa restauration des valeurs révolutionnaires fut grandiose et complète en ce qui concerne les principes doctrinaux, l’orientation théorique et le problème fondamental du pouvoir d’Etat, il n’en fut pas de même par contre pour l’organisation de la nouvelle Internationale et la définition de sa tactique et de celle des partis adhérents.
La critique des opportunistes de la II Internationale fut cependant complète et décisive : on critiqua non seulement leur abandon total des principes marxistes, mais aussi leur tactique de coalition et de collaboration avec des gouvernements et des partis bourgeois.
On mit en évidence que l’orientation particulariste et immédiate donnée aux vieux partis socialistes n’avait nullement procuré de petits avantages et des améliorations matérielles aux travailleurs en échange de leur renonciation à préparer et à réaliser l’attaque suprême contre les institutions et le pouvoir bourgeois ; au contraire, compromettant tout à la fois les buts immédiats et le but historique, elle avait conduit à une situation pire encore, c’est-à-dire à l’utilisation des organisations, des forces, de la combativité, des personnes et des vies de prolétaires pour réaliser des objectifs qui, loin de correspondre aux buts politiques et historiques de leur classe, conduisaient à un renforcement de l’impérialisme capitaliste. La guerre avait permis à celui-ci d’éloigner, au moins pour toute une phase historique, le danger qu’engendraient les contradictions de son mécanisme productif, tandis que le ralliement des cadres syndicaux et politiques de la classe ennemie au travers de la méthode politique de coalitions nationales lui permettait de surmonter la crise politique déterminée par la guerre et ses répercussions.
Comme le montre la critique léniniste, on avait ainsi complètement dénaturé la tâche et la fonction du parti prolétarien qui n’est pas de sauver la patrie bourgeoise ou les institutions de la soi-disant liberté bourgeoise, mais de tenir les forces prolétariennes en ordre de bataille sur la ligne historique générale du mouvement, qui doit culminer dans la conquête totale du pouvoir politique par le renversement de l’Etat bourgeois.
Dans l’immédiat après-guerre, alors que ce que l’on appelle les conditions subjectives de la révolution (c’est-à-dire l’efficacité des organisations et des partis du prolétariat) apparaissaient défavorables, tandis que la crise du monde bourgeois qui se manifestait alors dans toute son ampleur fournissait au contraire des conditions objectives favorables, il s’agissait de remédier à la première déficience par la rapide réorganisation de l’Internationale révolutionnaire.
Ce processus fut dominé, et il ne pouvait en être autrement, par le grandiose fait historique de la première victoire révolutionnaire prolétarienne en Russie, qui avait permis de remettre en pleine lumière les grandes directives communistes. Mais on voulut faire de la tactique des partis communistes, qui dans les autres pays réunissaient les groupes socialistes opposés à l’opportunisme de guerre, une imitation directe de la tactique appliquée victorieusement en Russie par le parti bolchévique pour conquérir le pouvoir au cours de sa lutte historique de février à novembre 1917.
Dès les premiers temps, cela donna lieu à d’importants débats sur les méthodes tactiques de l’Internationale, et en particulier sur celle du front unique, qui consistait à adresser fréquemment aux autres partis prolétariens et socialistes des invitations à pratiquer une agitation commune et à agir de concert, afin de mettre en évidence l’inadéquation de la méthode de ces partis et de détourner à l’avantage des communistes leur influence traditionnelle sur les masses.
En fait, malgré les mises en garde pressantes de la Gauche communiste italienne et d’autres groupes d’opposition, les chefs de l’Internationale ne se rendirent pas compte que cette tactique du front unique, en alignant les organisations révolutionnaires aux côtés des organisations social-démocrates, social-patriotes, opportunistes, dont elles venaient de se séparer en une opposition irréductible, non seulement désorienterait les masses et rendrait du même coup illusoires les avantages attendus de cette tactique, mais – ce qui était plus grave encore – finirait par corrompre les partis révolutionnaires eux-mêmes. S’il est vrai que le parti révolutionnaire est le meilleur facteur de l’histoire et le moins étroitement conditionné, il n’en reste pas moins un produit de cette histoire et subit donc des changements à chaque modification des forces sociales. On ne peut considérer le problème de la tactique comme celui du maniement à volonté d’une arme qui, brandie dans n’importe quelle direction, demeurerait identique à elle-même ; la tactique du parti influence et modifie le parti lui-même. Aucune tactique ne doit être condamnée au nom de dogmes a priori, mais toute tactique doit être préalablement analysée et discutée en fonction du critère suivant : pour gagner éventuellement en influence sur les masses, ne va-t-on pas compromettre le caractère du parti et sa capacité de guider ces masses vers le but final ? L’adoption de la tactique du front unique signifiait en réalité que l’Internationale Communiste s’engageait elle aussi sur la voie de l’opportunisme qui avait conduit la II Internationale à la défaite et à la liquidation. Sacrifier la victoire finale et totale aux succès contingents et partiels, telle avait été la caractéristique de la tactique opportuniste ; celle du front unique se révélait elle aussi opportuniste, puisqu’elle aussi sacrifiait justement la garantie primordiale et irremplaçable de la victoire totale et finale (la capacité révolutionnaire du parti de classe) à l’action contingente qui devait assurer des avantages momentanés et partiels au prolétariat (l’augmentation de l’influence du parti sur les masses, et une participation plus massive du prolétariat à la lutte pour l’amélioration graduelle de ses conditions matérielles et pour le maintien des conquêtes éventuelles déjà obtenues).
Dans la situation du premier après-guerre, qui apparaissait comme objectivement révolutionnaire, la direction de l’Internationale se laissa guider par la crainte – non dénuée de fondements – de ne pas être prête ou en tous cas peu suivie des masses lors de l’explosion d’un mouvement européen général qui pouvait amener à la conquête du pouvoir dans quelques uns des grands pays capitalistes. L’éventualité d’un rapide effondrement du monde capitaliste était tellement importante pour l’Internationale léniniste, qu’on peut comprendre aujourd’hui comment, dans l’espoir de pouvoir diriger de plus vastes masses dans la lutte pour la révolution européenne, elle alla jusqu’à accepter l’adhésion de mouvements qui n’étaient pas de véritables partis communistes, et chercha, par la tactique élastique du front unique, à garder le contact avec les masses qui étaient derrière les appareils des partis que oscillaient entre la conservation et la révolution.
Si l’éventualité favorable s’était réalisée, ses conséquences sur la politique et sur l’économie du premier pouvoir prolétarien en Russie auraient eu une importance telle qu’un redressement immédiat des organisations internationales et nationales du mouvement communiste aurait été possible.
L’éventualité la plus défavorable, celle de la stabilisation relative du capitalisme, s’étant au contraire réalisée, le prolétariat révolutionnaire dut reprendre la lutte avec un mouvement qui, ayant sacrifié sa claire orientation politique et l’homogénéité de sa composition et de son organisation, se trouvait exposé à de nouvelles dégénérescences opportunistes.
Toutefois, l’erreur qui ouvrit la porte de la III Internationale à la nouvelle et plus grave vague opportuniste n’était pas seulement une erreur de calcul sur les probabilités futures de la révolution prolétarienne : c’était une erreur d’orientation et d’interprétation historique, qui consistait à vouloir généraliser les expériences et les méthodes du bolchévisme russe en les appliquant à des pays de civilisation bourgeoise et capitaliste bien plus avancée. La Russie d’avant février 1917 était encore une Russie féodale dans laquelle les forces productives capitalistes étaient étouffées par le carcan des vieux rapports de production : il était évident que dans cette situation, analogue à celle de la France de 1789 et de Allemagne de 1848, le parti politique du prolétariat devait combattre le tsarisme même s’il avait semblé impossible d’éviter que s’établisse un régime bourgeois capitaliste après son renversement ; et en conséquence, il était tout aussi évident que le parti bolchévique pouvait prendre avec d’autres groupements politiques les contacts rendus nécessaires par la lutte contre le tsarisme. Entre février et octobre 1917, le parti bolchévique rencontra les conditions objectives favorables à un plus vaste dessein : greffer directement sur le renversement du tsarisme la conquête révolutionnaire du pouvoir par le prolétariat. Il durcit donc ses positions tactiques, luttant ouvertement et sans merci contre toutes les autres formations politiques, des réactionnaires fauteurs d’une restauration tsariste et féodale aux socialistes-révolutionnaires et aux menchéviks. Mais, tandis que l’on pouvait effectivement craindre une restauration du féodalisme absolutiste et théocratique, les formations politiques et étatiques de la bourgeoisie, ou influencées par elle, n’avaient encore, dans la situation extrêmement fluide et instable d’alors, aucune solidité et se montraient incapables d’attirer et d’absorber les forces autonomes du prolétariat : ces conditions mirent le parti bolchévique en mesure d’accepter des contacts et de prendre des accords provisoires avec d’autres organisations ayant une certaine influence dans le prolétariat, comme cela se produisit lors de l’épisode Kornilov. Lorsqu’il réalisait le front unique contre Kornilov, le parti bolchévique luttait contre une réaction féodale réelle ; par ailleurs, il n’avait à craindre ni un renforcement des organisations menchéviques et socialistes-révolutionnaires qui eût pu le soumettre à leur influence, ni un degré suffisant de solidité et de consistance du pouvoir d’Etat qui aurait consenti à ce dernier de tirer avantage de son alliance contingente avec les bolcheviks pour se retourner ensuite contre eux.
La situation et le rapport des forces étaient complément différents dans les pays de civilisation bourgeoise avancée. Là, la perspective d’une restauration féodale était totalement absente (et à plus forte raison l’est-elle aujourd’hui) ; l’objet même d’éventuelles actions communes avec d’autres partis n’existait donc pas. De plus, le pouvoir d’Etat et les organisations bourgeoises y étaient tellement affermis par le succès et la tradition de domination, qu’il était bien prévisible que les organisations autonomes du prolétariat, poussées par la tactique du front unique à des contacts fréquents et étroits avec elles, risquaient d’être quasi inévitablement influencées et absorbées progressivement par les organisations bourgeoises.
Le fait d’avoir ignoré cette profonde différence de situation et d’avoir voulu appliquer à des pays développés les méthodes tactiques bolcheviques adaptées à la situation du régime bourgeois naissant de la Russie, ont conduit l’Internationale Communiste à une série de désastres de plus en plus graves, et enfin à sa honteuse liquidation.
On poussa la tactique du front unique jusqu’à lancer des mots d’ordre contraires au programme du parti sur la question de l’État : on revendiqua la formation de gouvernements ouvriers, c’est-à-dire de gouvernements formés à la fois de communistes et de sociaux-démocrates et parvenant au pouvoir par les voies parlementaires normales sans briser l’appareil d’Etat bourgeois par la violence. Ce mot d’ordre du gouvernement ouvrier fut présenté au IV Congrès de l’Internationale Communiste comme le corollaire logique et naturel de la tactique du front unique ; et il fut appliqué en Allemagne, avec pour résultat une grave défaite du prolétariat allemand et de son parti communiste.
Avec la dégénérescence ouverte et progressive de l’Internationale après le IV Congrès, le mot d’ordre du front unique servit à introduire la tactique aberrante des blocs électoraux non seulement non communistes, mais même non prolétariens, des front populaires, et enfin de l’appui aux gouvernements bourgeois. Là où la contre-offensive bourgeoise du fascisme avait conquis le monopole du pouvoir, on proclama – nous touchons ici la question la plus actuelle – que le parti ouvrier, suspendant la lutte pour ses buts spécifiques, devait constituer l’aile gauche d’une coalition antifasciste comprenant non plus seulement les partis prolétariens, mais même les partis bourgeois démocratiques et libéraux, dans le but de combattre les régimes totalitaires bourgeois et de constituer, après leur chute, un gouvernement de coalition de tous les partis, bourgeois et ouvriers, opposés au fascisme. Partant du front unique de la classe prolétarienne, on aboutit ainsi à l’unité nationale de toutes les classes, bourgeoise et prolétarienne, dominante et dominée, exploiteuse et exploitée. Autrement dit, à partir d’une manœuvre tactique discutable et contingente, qui exigeait explicitement l’autonomie absolue des organisations révolutionnaires et communistes, on aboutit à la liquidation effective de cette autonomie et à la négation, non plus seulement de l’intransigeance révolutionnaire bolchevique, mais même de la notion marxiste de classe.
Cette évolution progressive de l’Internationale Communiste se trouve en contradiction avec les thèses tactiques adoptées lors de ses premiers congrès et avec les solutions classiques défendues par Lénine dans “L’Extrémisme la maladie infantile du communisme” ; d’autre part, elle nous autorise à affirmer, après l’expérience de plus de vingt ans de vie de l’Internationale, qu’une déviation aussi considérable par rapport au but initial est dérivée, parallèlement aux revers de la lutte révolutionnaire anticapitaliste, d’une position au départ inadéquate du problème des tâches tactiques du parti.
Il est aujourd’hui possible, sans rappeler l’ensemble des arguments développés dans les discussions d’alors, de conclure que le bilan de la tactique trop élastique et trop manœuvrière a été non seulement négatif, mais désastreux.
A plusieurs reprises et dans tous les pays, les partis communistes dirigés par le Komintern ont essayé d’exploiter les situations dans un sens révolutionnaire en recourant à la manœuvre du front unique, puis de s’opposer à la victoire de la droite bourgeoise, comme on disait, par la tactique des blocs de gauche. Cette tactique n’a apporté que des défaites retentissantes. De l’Allemagne à la France, de la Chine à l’Espagne, nulle part ces expériences de coalition n’ont soustrait les masses aux partis opportunistes et à l’influence bourgeoise ou petite-bourgeoise pour les porter sur la voie révolutionnaire et communiste, mais elles ont conduit au résultat inverse au profit des anticommunistes. Les partis communistes, ou bien furent attaqués sans pitié par leurs ex-alliés à la rupture de la coalition et subirent de cuisantes défaites dans leur tentative de lutter seuls, ou bien, absorbés par les coalitions, furent peu à peu complètement dénaturés au point de ne plus différer pratiquement des partis opportunistes.
Il est bien vrai qu’entre 1928 et 1934 le Komintern, se retournant de manière inattendue contre les courants bourgeois de gauche et la social-démocratie, a relancé les mots d’ordre d’autonomie politique et de lutte indépendante. Mais ce brusque virage tactique n’a réussi qu’à désorienter complètement les partis communistes, sans apporter aucun succès historique dans la lutte contre des contre-offensives fascistes ou des actions solidaires de la coalition anti-prolétarienne de la bourgeoisie. On doit chercher la cause de ces revers dans le fait que les divers mots d’ordre tactiques successifs pleuvaient sur les partis et leurs cadres comme autant d’improvisations inattendues, sans que l’organisation communiste soit le moins du monde préparée aux différentes éventualités. Or, les plans tactiques du parti ne peuvent ni ne doivent devenir le monopole ésotérique de cercles dirigeants ; définissant au contraire par avance l’attitude correspondant aux diverses situations prévisibles, ils doivent être étroitement liés à la cohérence théorique, à la conscience politique des militants, aux traditions du mouvement, et doivent imprégner l’organisation de telle sorte qu’elle soit toujours préparée à l’avance et qu’elle puisse prévoir quelles seront les réactions de la structure unitaire du parti devant les événements favorables ou défavorables du cours de la lutte. Ce n’est pas avoir une conception plus complète et plus révolutionnaire du parti que d’en attendre autre chose ou plus, que de croire qu’il peut résister à des coups de gouvernail imprévus dans le domaine de la tactique ; au contraire, comme le prouvent les faits historiques, c’est là le processus classique défini par le terme d’opportunisme, qui amène le parti révolutionnaire, ou bien à se dissoudre et à faire naufrage dans l’influence défaitiste de la politique bourgeoise, ou bien à se trouver plus vulnérable et plus désarmé devant la répression.
Lorsque le degré de développement de la société et le cours des événements conduisent le prolétariat à servir des causes qui ne sont pas les siennes en figurant dans ces fausses révolutions dont la bourgeoisie manifeste le besoin de temps à autre, c’est l’opportunisme qui triomphe : le parti de classe entre en crise, sa direction passe sous l’influence bourgeoise, et la reprise de la voie prolétarienne ne peut plus passer que par la scission des vieux partis, la formation de nouveaux noyaux et la reconstruction nationale et internationale de l’organisation politique prolétarienne.
En conclusion, la tactique qu’appliquera le parti prolétarien international lorsqu’il se reconstituera dans tous les pays devra se baser sur les directives suivantes.
L’expérience pratique des crises opportunistes et des luttes conduites par les groupes marxistes de gauche contre les révisionnismes de la II Internationale et contre les déviations progressives de la III Internationale a montré qu’on ne peut conserver intacts le programme, la tradition politique et la solidité d’organisation du parti si celui-ci applique une tactique qui, ne serait-ce que dans la forme, comporte des attitudes et des mots d’ordre acceptables par les mouvements politiques opportunistes. De même, tout flottement, tout relâchement dans le domaine doctrinal trouve son reflet dans une tactique et une action opportunistes.
Par conséquent, le parti se distingue de tous les autres, ennemis déclarés ou prétendus cousins, et même de ceux qui prétendent recruter leurs adhérents dans les rangs de la classe ouvrière, en ce que sa praxis politique rejette les manœuvres, les combinaisons, les alliances, les blocs qui se forment traditionnellement sur la base de postulats et de mots d’ordre contingents communs à plusieurs partis.
Cette position du parti a une valeur essentiellement historique, et elle le distingue dans le domaine tactique de tous les autres, au même titre que son appréciation originale de la période que traverse actuellement la société capitaliste.
Le parti révolutionnaire de classe est le seul à comprendre que les postulats économiques, sociaux et politiques du libéralisme et de la démocratie sont aujourd’hui anti-historiques, illusoires et réactionnaires, et que le monde en est à la phase où, dans les grands pays, l’organisation libérale disparaît et cède la place au système fasciste, plus moderne.
Par contre, dans la période où la classe capitaliste n’avait pas amorcé son cycle libéral et devait encore renverser le vieux pouvoir féodal, ou même lorsque certaines phases essentielles de son expansion – encore libérale dans le domaine économique, et démocratique dans celui du pouvoir d’État – restaient encore à parcourir dans des pays importants, une alliance transitoire des communistes était compréhensible et admissible : dans le premier cas, avec des partis qui étaient ouvertement révolutionnaires, anti-légalitaires et organisés pour la lutte armée, et dans le second avec des partis qui assumaient encore un rôle assurant des conditions utiles et réellement “progressives” pour que le régime capitaliste avance plus rapidement sur le chemin qui doit le conduire à sa chute.
Ce changement de tactique des communistes correspond donc au passage d’une
période historique à une autre ; il ne peut être émietté dans une casuistique locale et nationale, ni aller se perdre dans l’analyse des incertitudes complexes que comporte indubitablement le cycle historique du capitalisme, sous peine d’aboutir à la pratique fustigée par Lénine dans Un pas en avant deux pas en arrière.
La politique du parti prolétarien est avant tout internationale (et cela le distingue de tous les autres) depuis que, pour la première fois, son programme a été formulé et qu’est apparue l’exigence historique de son organisation effective. Comme le dit le Manifeste, les communistes, en appuyant tout mouvement révolutionnaire contre l’ordre social et politique existant, mettent en avant et font valoir, en même temps que la question de la propriété, les intérêts communs à tout le prolétariat, qui sont indépendants de la nationalité.
Tant qu’elle ne fut pas dévoyée par le stalinisme, la stratégie révolutionnaire des communistes inspira une tactique internationale visant à enfoncer le front bourgeois dans le pays où apparaissent les meilleures possibilités, en mobilisant dans ce but toutes les ressources du mouvement.
Par conséquent, la tactique des alliances insurrectionnelles contre les vieux régimes se termine historiquement avec le grand fait révolutionnaire de la révolution russe qui élimina la dernier appareil étatique et militaire imposant de caractère non capitaliste.
Après cette phase, la possibilité, même théorique, de tactique des blocs doit être formellement et centralement dénoncée par le mouvement révolutionnaire international.
L’importance excessive donnée, durant les premières années de vie de la III Internationale, à l’application de la tactique russe aux pays à régime bourgeois stable, et aussi à ceux extra-européens et coloniaux, fut la première manifestation de la réapparition du péril révisionniste.
La seconde guerre impérialiste et ses conséquences, déjà évidentes, se caractérisent par l’influence prépondérante, étendue à toutes les aires du monde, même celles où subsistent les formes les plus arriérées de société indigène, non pas tant des puissantes formes économiques capitalistes, que du contrôle politique et militaire inexorable qu’exercent les grandes centrales impériales du capitalisme – pour l’instant rassemblées dans une gigantesque coalition qui inclut l’Etat russe.
En conséquence, les tactiques locales ne peuvent être que des aspects de la stratégie révolutionnaire générale, qui doit avant tout restaurer la clarté programmatique du parti prolétarien mondial, puis tisser à nouveau le réseau de son organisation dans chaque pays.
Cette lutte se développe dans une ambiance où triomphent les illusions et les séductions de l’opportunisme : la propagande en faveur de la croisade pour la liberté contre le fascisme dans le domaine idéologique, et dans la pratique politique les coalitions, les blocs, les fusions et les revendications illusoires présentées de concert par les directions des innombrables partis, groupes et mouvements.
Proclamer que l’histoire a rejeté irrévocablement la pratique des accords entre partis, qu’il s’agit là d’une directive essentielle et fondamentale et non pas d’une simple réaction contingente aux saturnales opportunistes et aux combinaisons acrobatiques des politiciens, est le seul moyen pour que les masses prolétariennes comprennent la nécessité de la reconstruction du parti révolutionnaire fondamentalement différent de tous les autres.
Même pour des phases transitoires, aucun des mouvements auxquels participe
le parti ne doit être dirigé par un super-parti ou par un organisme supérieur coiffant un groupe de partis affiliés.
Dans la phase historique moderne de la politique mondiale, les masses prolétariennes ne pourront se mobiliser de nouveau pour des buts révolutionnaires qu’en réalisant leur unité de classe autour d’un parti unique et compact dans la théorie, dans l’action, dans la préparation de l’assaut insurrectionnel, dans la gestion du pouvoir.
Toute manifestation, même limitée, du parti doit faire apparaître aux masses que cette solution historique constitue le seul moyen de s’opposer victorieusement au renforcement international de la domination économique et politique de la bourgeoisie et de sa capacité – non définitive, mais grandissante aujourd’hui – de maitriser les contradictions et les convulsions qui menacent l’existence de son régime.
[1] Prometeo, I série n°7 mai-juin 1947, mais déjà rédigé en 1945.
[2] Thèses sur Feuerbach, Marx, 1845.
[3] Introduction à la Critique de la philosophie de Hegel, Marx, 1843.
[4] Cf Le Manifeste du Parti Communiste, 1848.