|
|||
Parti Communiste Internationaliste | |||
THÈSES CARACTÉRISTIQUES DU PARTI (1951) [1] |
I. THÉORIE
La doctrine du Parti est fondée sur les principes du matérialisme historique et du communisme critique de Marx et Engels, qui ont été énoncés dans le Manifeste du Parti Communiste, Le Capital et leurs autres œuvres fondamentales, ont formé la base constitutive de l’Internationale Communiste en 1919, du Parti Communiste d’Italie en 1921, et sont contenus dans le programme du Parti publié dans Battaglia Comunista (n° 1 de 1951) et republié plusieurs fois depuis dans Il Programma Comunista.
Ce programme déclare:
Le Parti Communiste International est constitué sur la base des principes suivants, établis à Livourne en 1921 a la fondation du Parti Communiste d’Italie (section de l’Internationale Communiste).
1. Une contradiction toujours croissante entre les forces productives et les rapports de production va se développant dans la société capitaliste actuelle, entraînant l’antagonisme d’intérêts et la lutte de classe entre la prolétariat et la bourgeoisie dominante.
2. Les rapports de production actuels sont protégés par le pouvoir de l’Etat bourgeois. Quels que soient la forme du système représentatif et l’usage fait de la démocratie électorale, l’Etat bourgeois constitue toujours l’organe de défense des intérêts de la classe capitaliste.
3. Le prolétariat ne peut ni briser ni modifier le système des rapports capitalistes de production, dont son exploitation dérive, sans abattre le pouvoir bourgeois par la violence.
4. L’organe indispensable de la lutte révolutionnaire du prolétariat est le parti de classe. Regroupant en son sein la fraction la plus avancée et la plus résolue du prolétariat, le Parti Communiste unifie les efforts des masses laborieuses en les dirigeant vers la lutte générale pour l’émancipation révolutionnaire du prolétariat. Le Parti a pour tâche de diffuser la théorie révolutionnaire dans les masses, d’organiser les moyens matériels d’action, de diriger la classe laborieuse dans le développement de la lutte en assurant la continuité historique et l’unité internationale du mouvement.
5. Après le renversement du pouvoir capitaliste, le prolétariat ne pourra s’organiser en classe dominante qu’en détruisant le vieil appareil d’état, et en instaurant sa propre dictature, c’est-à-dire en privant de tout droit et de toute fonction politiques la bourgeoisie et les membres de la classe bourgeoise tant qu’ils survivront socialement, et en fondant les organes du nouveau régime sur la seule classe productive. Le parti communiste, dont la caractéristique programmatique consiste dans la réalisation de ce but fondamental, représente, organise et dirige sans partage la dictature prolétarienne. La défense nécessaire de l’Etat prolétarien contre toutes les tentatives contre-révolutionnaires ne peut être assurée qu’en enlevant à la bourgeoisie et aux partis ennemis de la dictature prolétarienne tout moyen d’agitation et de propagande politique et en dotant le prolétariat d’une organisation armée pour repousser toute attaque intérieure ou extérieure.
6. Seule la force de l’Etat prolétarien pourra intervenir systématiquement dans les rapports de l’économie sociale en réalisant toutes les mesures successives qui assureront le remplacement du système capitaliste par la gestion collective de la production et de la distribution.
7. Cette transformation de l’économie, et par conséquent de toutes les activités de la vie sociale, aura pour effet d’éliminer progressivement la nécessité de l’Etat politique dont l’appareil se réduira peu à peu a celui de l’administration rationnelle des activités humaines.
* * *
La position du parti devant la situation du monde capitaliste et du mouvement ouvrier après la seconde guerre mondiale se base sur les points suivants:
8. Dans la première moitié du XX
siècle, le développement du capitalisme a vu, dans le
domaine économique, l’apparition de syndicats patronaux
regroupant les employeurs dans un but de monopole, et des tentatives
de contrôler et de diriger la production et les échanges
selon des plans centraux, allant jusqu’à la gestion de
secteurs entiers de la production par l’état ; dans
le domaine politique, le renforcement du potentiel policier et
militaire de l’Etat et les formes totalitaires de gouvernement.
Il ne s’agit pas la de types nouveaux d’organisation
sociale constituant une transition du capitalisme au socialisme,
encore moins d’un retour à des régimes politiques
pré-bourgeois ; il s’agit au contraire de formes
précises de gestion encore plus développées du
capital.
Ce processus exclut les interprétations
pacifistes, évolutionnistes et progressistes du développement
du régime bourgeois et confirme les prévisions
marxistes sur la concentration et l’alignement antagonique des
forces de classe. Pour que ses énergies révolutionnaires
puissent se renforcer et se concentrer avec un potentiel
correspondant, le prolétariat doit repousser la revendication
d’un retour illusoire au libéralisme démocratique
ainsi que la demande de garanties légales, et ne pas les
admettre comme moyen d’agitation ; et il doit liquider
historiquement la méthode des alliances du parti
révolutionnaire de classe pour des buts transitoires, que ce
soit avec des partis bourgeois et petit-bourgeois, ou avec des partis
pseudo-ouvriers à programme réformiste.
9. Les guerres impérialistes mondiales démontrent que la crise de désagrégation du capitalisme est inévitable du fait que celui-ci est entré définitivement dans la période où son expansion n’exalte plus historiquement l’accroissement des forces productives, mais lie leur accumulation à des destructions répétées et croissantes. Ces guerres ont provoqué des crises multiples et profondes au sein de l’organisation mondiale des travailleurs, car les classes dominantes sont parvenues à leur imposer la solidarité nationale et militaire dans l’un ou l’autre des deux camps. La seule alternative historique à opposer à cette situation est la reprise de la lutte de classe à l’intérieur de chaque pays jusqu’à la guerre civile des masses laborieuses pour renverser le pouvoir de tous les Etats bourgeois et des coalitions mondiales, avec la reconstitution du parti communiste international comme force autonome face à tous les pouvoirs politiques et militaires organisés.
10. L’Etat prolétarien, dans la mesure même où son appareil est un instrument et une arme de lutte dans une époque historique de transition, ne tire pas sa force organisationnelle de règles constitutionnelles ni de schémas représentatifs quelconques. L’expression historique la plus haute d’une telle organisation a été jusqu’à présent celle des conseils des travailleurs née au cours de la révolution russe d’octobre 1917 dans la période ou la classe ouvrière s’organisait militairement sous la direction exclusive du parti bolchevik, et où étaient à l’ordre du jour la conquête totalitaire du pouvoir, la dissolution de l’assemblée constituante, la lutte pour repousser les attaques extérieures des gouvernements bourgeois et pour écraser la rébellion intérieure des classes vaincues, des couches moyennes et petite-bourgeoises et des partis opportunistes qui, dans les phases décisives, sont les alliés inévitables de la contre- révolution.
11. La défense du régime prolétarien contre les dangers de dégénérescence contenus dans les insuccès et les reculs possibles de l’œuvre de transformation économique et sociale – dont la réalisation intégrale est inconcevable dans les limites d’un seul pays – ne peut être assurée que par une coordination constante entre la politique de l’Etat ouvrier et la lutte unitaire internationale, incessante en temps de paix comme en temps de guerre, du prolétariat de chaque pays contre sa bourgeoisie et son appareil étatique et militaire. Cette coordination ne peut être assurée qu’au moyen du contrôle politique et programmatique du parti communiste mondial sur l’appareil de l’Etat où la classe ouvrière a conquis le pouvoir.
II. TACHES DU PARTI COMMUNISTE
1. La classe laborieuse ne pourra se libérer de l’exploitation capitaliste que par une lutte politique, dirigée par un organe politique de la classe révolutionnaire : le parti communiste.
2. L’aspect le plus important de la lutte politique au sens marxiste est la guerre civile et l’insurrection armée par lesquelles une classe renverse le pouvoir de la classe dominante ennemie et instaure le sien. Une telle lutte ne peut aboutir à la victoire que si elle est dirigée par l’organisation du parti.
3. Pas plus que la lutte contre le pouvoir de la classe exploiteuse, l’extirpation ultérieure des structures économiques antérieures ne peut se faire sans le parti politique révolutionnaire : la dictature du prolétariat, qui est nécessaire pendant la longue période historique où se réalisera ce passage d’un mode de production à l’autre, est exercée ouvertement par le parti.
4. Sont également nécessaires avant, pendant et après la lutte armée pour la prise du pouvoir, les tâches suivantes du parti : défense et diffusion de la théorie ; défense et renforcement de l’organisation interne par le prosélytisme et la propagande de la théorie et du programme communiste ; activité constante dans les rangs du prolétariat, partout où celui-ci est poussé par les besoins et les déterminations économiques à lutter pour défendre ses intérêts.
5. Non seulement le parti ne rassemble pas dans ses
rangs tous les individus composant la classe prolétarienne, mais il
n’en regroupe même pas la majorité. Il rassemble
cette minorité qui acquiert, dans le domaine de la théorie
comme dans celui de l’action, la préparation et la
maturité collectives correspondant à la vision générale
du mouvement historique et de son but final, dans le monde entier et
pendant le cours historique qui va de la formation du prolétariat
jusqu’à sa victoire révolutionnaire.
Le parti ne se forme pas sur la base de la conscience
individuelle : non seulement il n’est pas possible que
chaque prolétaire parvienne à la conscience, et à
plus forte raison à la maîtrise culturelle de la
doctrine de classe, mais ce n’est même pas le cas de
chaque militant pris individuellement, et même les chefs ne
constituent à cet égard aucune garantie. Celle-ci ne
peut résider que dans l’unité organique du parti.
De même, donc, que nous rejetons toute conception faisant
dériver la révolution de l’action individuelle ou
encore de l’action d’une masse d’individus non
reliés entre eux par un tissu organisationnel précis,
de même nous refusons celle qui considère le parti comme
un regroupement d’individus savants, éclairés Ou
conscients : pour nous, le parti est un tissu, un système
dont la fonction organique au sein de la classe prolétarienne
est d’expliquer les tâches révolutionnaires de
celle-ci sous tous leurs aspects et dans toutes leurs phases
successives et complexes.
6. Le marxisme a toujours énergiquement
repoussé, chaque fois qu’elle est apparue, la théorie
syndicaliste, qui donne à la classe ouvrière des
organisations uniquement économiques – associations de métier,
d’industrie ou d’entreprise – auxquelles elle attribue la
capacité de développer la lutte révolutionnaire
et de réaliser la transformation de la société.
Tout en considérant le syndicat comme un
organe insuffisant, à lui seul, pour la révolution, le
marxisme le considère cependant comme un organe indispensable pour la mobilisation politique et révolutionnaire
de la classe, réalisée par la présence et la
pénétration du parti communiste dans les organisations
économiques de classe. Dans les phases difficiles de la
formation des associations économiques, on doit considérer
comme se prêtant au travail du parti les organisations dont la
composition est purement prolétarienne, auxquelles l’adhésion
est volontaire, mais qui n’imposent pas d’opinions
politiques, religieuses et sociales données à leurs
adhérents. Tel n’est pas le cas des organisations
confessionnelles ou à adhésion obligatoire, ou de
celles qui sont devenues partie intégrante de l’appareil
d’Etat.
7. Le parti n’adopte jamais la méthode consistant à former des associations économiques partielles ne comprenant que les travailleurs qui acceptent les principes et la direction du parti communiste. Le parti affirme au contraire que non seulement la phase pré-insurrectionnelle, mais aussi chaque phase d’augmentation décisive de l’influence du parti dans les masses, ne peuvent se dessiner sans que se développe entre le parti et la classe une couche d’organisations pour la défense des intérêts économiques immédiats, avec une haute participation numérique des travailleurs et au sein desquelles il existe un réseau émanant du parti (noyaux, groupes et fraction communiste syndicale). Dans les périodes défavorables et de passivité de la classe prolétarienne, le parti a pour tâche de prévoir les formes et d’encourager l’apparition des organisations immédiates à objectifs économiques qui, dans l’avenir, pourront même prendre des aspects tout à fait nouveaux, après les formes bien connues telles que ligues de métier, syndicats d’industrie, conseil d’usine, etc. Le parti encourage toujours les formes d’organisation qui facilitent le contact entre les travailleurs de différentes localités et de différents métiers et leur action commune, et repousse les formes d’organisation fermées.
8. Dans la succession des situations
historiques, le parti repousse donc à la fois la vision
idéaliste et utopiste qui confie l’amélioration
de la société à une union d’individus élus
et conscients, d’apôtres ou de héros ; la
vision libertaire qui la fait dépendre de la révolte
d’individus ou de foules inorganisées ; la vision
syndicaliste ou économiste qui la confie à l’action
d’organisations économiques et apolitiques, préconisant
ou non l’usage de la violence ; la vision volontariste et
sectaire qui, faisant abstraction des déterminations réelles,
ignore que la rébellion de classe surgit d’un
enchaînement de réactions et d’actions bien
antérieures à une claire conscience théorique et
même à une volonté résolue d’action,
et préconise la formation d’un petit parti “d’élite”
qui s’entoure de syndicats extrémistes qui ne sont que
sa doublure, ou bien commet l’erreur de s’isoler du
réseau d’associations économico-syndicales du
prolétariat. Cette dernière erreur, propre aux
“ka-a-pédistes” allemands et aux
tribunistes hollandais [2],
a toujours été combattue au sein de la III
Internationale par la gauche italienne.
Cette dernière se démarqua de la III
Internationale sur des questions de stratégie et de tactique
de la lutte prolétarienne, qui ne peuvent être traitées
que par référence à l’époque et aux
différentes phases historiques du mouvement prolétarien.
III. VAGUES HISTORIQUES DE DÉGÉNÉRESCENCE OPPORTUNISTE
1. Il est impossible de préconiser une position d’intransigeance, c’est-à-dire de refus par principe de toute alliance, front unique ou compromis, valable pour toutes les phases historiques successives du mouvement prolétarien, sans tomber dans un idéalisme fondé sur des considérations mystiques, éthiques ou esthétiques étrangères à la conception marxiste. Les questions de stratégie, de manœuvre, de tactique et de praxis de la classe et du parti se posent sur le plan historique et c’est donc exclusivement sur ce plan qu’elles doivent être résolues. Cela signifie qu’il faut les traiter en rapport avec le grand processus mondial de l’avancée prolétarienne entre la révolution bourgeoise et la révolution prolétarienne, et non selon une casuistique de détail préoccupée de chaque particularité de temps et de lieu et laissée au choix arbitraire de groupes ou de comités directeurs.
2. Le prolétariat lui-même est avant
tout un produit de l’économie et de l’industrialisation
capitalistes. Par conséquent, s’il est vrai que le
communisme ne peut naître des inspirations d’individus,
de cénacles ou de confréries, mais seulement de la
lutte des prolétaires eux-mêmes, il a pour condition la
victoire irrévocable du capitalisme sur les formes qui le
précèdent historiquement, c’est-à-dire la
victoire de la bourgeoisie sur l’aristocratie foncière
féodale et sur les autres classes de l’ancien régime,
en Europe, en Asie, et dans tous les pays.
A l’époque du Manifeste du Parti
Communiste, l’industrie moderne en était encore à
ses débuts et n’était développée
que dans un fort petit nombre de pays. Pour accélérer
l’explosion de la lutte de classe moderne, il fallait inciter
le prolétariat à lutter aux côtés des
révolutionnaires bourgeois dans les insurrections
anti-féodales et de libération nationale, qui à
l’époque ne se déroulaient que sous la forme
d’une lutte armée. C’est ainsi que la
participation des travailleurs à la grande révolution
française et à sa défense contre les coalitions
européennes, même pendant la phase napoléonienne,
appartient au grand cours historique de la lutte prolétarienne,
bien que dès cette époque la dictature bourgeoise ait
férocement réprimé les premières luttes
sociales communistes.
Pour les marxistes, après les défaites
subies par les bourgeois et les prolétaires, même
alliés, au cours des mouvements révolutionnaires de
1848, cette période de stratégie anti-féodale se
prolonge jusqu’en 1871 : en Europe, il subsistait en effet
des régimes historiques féodaux en Russie, en Autriche
et en Allemagne, et la conquête de l’unité
nationale en Italie, en Allemagne, ainsi que dans les pays de
l’Europe de l’Est, était une condition du
développement industriel en Europe.
3. L’année 1871 constitue un tournant
historique évident. La lutte contre Napoléon III et sa
dictature est déjà clairement dirigée contre une
forme capitaliste et non féodale ; elle est à la
fois le produit et la preuve d’une concentration antagonique
des forces de classe de la société moderne, et bien
qu’il voie en Napoléon III un obstacle militaire au
développement historique bourgeois et moderne de l’Allemagne,
le marxisme révolutionnaire se place immédiatement
contre la bourgeoisie française, sur le front de la lutte
exclusivement prolétarienne de tous les partis de la Commune,
première dictature des travailleurs.
A partir de cette date, il n’est plus possible,
dans le cadre européen, de choisir entre deux groupes
historiques en lutte et entre deux armées étatiques car
toute “restauration” de formes
pré-bourgeoises est devenue socialement impossible dans deux
grandes aires : l’Angleterre et l’Amérique
du Nord, d’ une part, l’Europe jusqu’ aux confins
des empires ottoman et tsariste, de l’autre.
a) Première vague opportuniste: fin du XIX siècle
4. Si l’on fait abstraction du bakouninisme dans la Première Internationale (1867-1871) et du sorélisme dans la Deuxième (1907-1914), que nous considérons comme des mouvements étrangers au marxisme, une première vague de l’opportunisme au sein du mouvement prolétarien marxiste est représentée par le révisionnisme social-démocrate. Sa vision était la suivante : la victoire de la bourgeoisie étant partout assurée, une phase historique sans insurrections et sans guerres s’ouvre ; sur la base de l’extension de l’industrie, de l’augmentation du nombre des travailleurs et du suffrage universel, le socialisme devient possible par évolution graduelle et sans violence. On tente ainsi (Bernstein) de vider le marxisme de son contenu révolutionnaire, en prétendant que celui-ci n’appartiendrait pas en propre à la classe ouvrière, mais serait un reflet de mauvais aloi de la période insurrectionnelle bourgeoise. Dans cette période, la question tactique de l’alliance entre partis bourgeois avancés, ou de gauche, et partis prolétariens, revêt un aspect différent : il ne s’agit plus d’aider le capitalisme à naître, mais d’en faire dériver le socialisme à l’aide de lois et de réformes ; il ne s’agit plus de se battre ensemble dans les villes et dans les campagnes, mais de voter ensemble dans les assemblées parlementaires. Cette proposition de former des alliances et des blocs allant jusqu’à l’acceptation de postes de ministres par des chefs ouvriers, revêt le caractère historique d’un abandon de la voie révolutionnaire : c’est pourquoi les marxistes radicaux condamnent tout bloc électoral.
b) Seconde vague opportuniste: 1914
5. La terrible seconde vague de l’opportunisme
s’abat sur le mouvement prolétarien avec l’éclatement
de la guerre de 1914. De nombreux chefs parlementaires et syndicaux,
de forts groupes de militants, parfois des partis entiers, présentent
le conflit entre les Etats comme une lutte susceptible de
conduire à une restauration de l’absolutisme féodal
et à la destruction des conquêtes civiques de la
bourgeoisie, ainsi que du réseau productif de l’économie
moderne. En conséquence, ils prêchent la solidarité
avec l’Etat national en guerre, et ce, des deux côtés
du front, puisque les bourgeoisies avancées d’Angleterre
et de France se trouvent alliées à la Russie du tsar.
La majorité de la Deuxième
Internationale tombe dans l’opportunisme de guerre. Peu de
partis y échappent, parmi lesquels le parti socialiste
italien ; mais seuls des groupes et fractions avancés se
placent sur le terrain de Lénine qui, ayant défini la
guerre comme un produit du capitalisme et non d’un conflit
entre le capitalisme et des formes moins évoluées, en
tire la conclusion non seulement que l’union Sacrée et
l’alliance nationale doivent être condamnées, mais
que le parti prolétarien doit revendiquer à l’intérieur
de chaque pays le défaitisme révolutionnaire
contre chaque Etat et chaque armée en guerre.
6. La Troisième Internationale naît sur la base d’une double donnée historique : la lutte contre le social-démocratisme et la lutte contre le social-patriotisme. Non seulement toute l’Internationale prolétarienne récuse la méthode des alliances avec d’autres partis pour la gestion du pouvoir parlementaire, mais elle nie que le pouvoir puisse être conquis par des voies légales, même si c’est de façon “intransigeante” et par le seul parti prolétarien, et elle réaffirme sur les ruines de la phase pacifique du capitalisme la nécessité de la violence armée et de la dictature. Non seulement on ne conclut pas d’alliances avec les gouvernements en guerre, même s’il s’agit d’une guerre “défensive”, et on persiste, même pendant la guerre, dans l’opposition de classe, mais on s’efforce, dans tous les pays, d’engager l’action défaitiste à l’arrière du front, pour transformer la guerre impérialiste entre les Etats en guerre civile entre les classes.
7. La réponse révolutionnaire à
la première vague de l’opportunisme avait été :
aucune alliance électorale, parlementaire ou ministérielle
pour obtenir des réformes. La réponse à la
seconde était cette autre formule tactique : aucune
alliance de guerre (depuis 1871) avec l’Etat et la bourgeoisie.
L’efficacité tardive de ces réactions
empêcha le prolétariat de profiter du tournant et de
l’écroulement de 1914-1918 pour engager partout la
bataille du défaitisme et de la destruction de l’Etat
bourgeois, et la gagner.
8. Il n’y eut qu’une grandiose exception
historique : la victoire d’octobre 1917 en Russie. La
Russie était le seul grand Etat européen encore régi
par le pouvoir féodal et où les formes capitalistes de
production n’avaient encore que peu pénétré.
En Russie, il existait un parti, pas très nombreux mais
possédant une tradition de grande fermeté doctrinale
sur les justes positions de la doctrine marxiste ; il s’était
opposé, dans l’Internationale, aux deux vagues
successives d’opportunisme et s’était en même
temps montré capable de poser, dès les luttes
grandioses de 1905, les problèmes de l’articulation des
deux révolutions, bourgeoise et prolétarienne.
En février 1917, ce parti lutte avec les
autres contre le tsarisme, mais tout de suite après il combat
non seulement les partis bourgeois libéraux, mais les partis
prolétariens opportunistes, et il réussit à les
battre tous. De plus, il joue un rôle central dans la
reconstruction de l’Internationale révolutionnaire.
9. La portée de cet événement formidable se condense dans des résultats historiques irrévocables. Dans le dernier pays proche de l’aire de l’Europe occidentale, une lutte permanente a conduit au pouvoir le prolétariat, et lui seul, bien que son développement social ne fût pas entièrement achevé. Après avoir balayé les formes libérales-démocratiques de type occidental récemment instaurées, la dictature prolétarienne affronte l’immense tâche d’accélérer l’évolution économique, ce qui signifie à la fois dépasser les formes féodales, et dépasser les formes capitalistes récentes. La réalisation de cette tâche exige avant tout de résister victorieusement aux attaques des bandes contre-révolutionnaires et des forces capitalistes. D’où la mobilisation de tout le prolétariat mondial, aux côtés du pouvoir soviétique et pour l’assaut direct aux pouvoirs bourgeois occidentaux. D’où également, avec l’extension de la lutte révolutionnaire aux confins des continents peuplés par les races de couleur,la mobilisation de toutes les forces prêtes à se soulever les armes à la main contre les impérialismes des métropoles blanches.
10. Dans l’aire européenne, la stratégie
des blocs anti-féodaux avec des mouvements bourgeois de gauche
est entièrement close et a laissé la place à la
stratégie de la lutte armée du prolétariat pour
le pouvoir ; mais dans les pays arriérés, sur le
terrain de la lutte armée, les partis prolétariens
communistes naissants ne dédaigneront pas de participer, même
avec d’autres éléments sociaux, aux insurrections
anti-féodales dirigées tant contre les despotismes
locaux que contre les colonisateurs blancs. A l’époque
de Lénine, l’alternative historique était la
suivante : ou bien la lutte mondiale du prolétariat se
terminait par la victoire, avec la chute du pouvoir capitaliste au
moins dans une grande partie de l’Europe avancée, et
alors l’économie russe se transformait à un
rythme accéléré, en sautant le stade capitaliste
et en se mettant au niveau de l’industrie de l’Occident
déjà mûre pour le socialisme ; ou bien les
grands centres de l’impérialisme bourgeois se
maintenaient, et alors le pouvoir révolutionnaire russe était
contraint de se cantonner dans les tâches d’une seule des
deux révolutions sociales, la révolution bourgeoise,
accomplissant un effort de développement pr0ductif immense,
mais de type capitaliste et non socialiste.
Il était donc indispensable d’accélérer
la conquête du pouvoir en Europe, pour éviter que l’Etat
soviétique ne soit en peu d’années renversé
par la violence, ou ne dégénère en Etat
capitaliste. Or, dès qu’il apparut que la société
bourgeoise se consolidait après la grave secousse de la
première guerre mondiale, et que les partis communistes ne
parvenaient pas à vaincre, à l’exception de
quelques tentatives vite réprimées, l’évidence
même de cette nécessité impérieuse
conduisit à se demander par quelle manœuvre on pourrait
conjurer l’influence social-démocrate et
opportuniste encore subie par de larges couches prolétariennes.
Deux méthodes s’affrontèrent: la
première considérait les partis de la Deuxième
Internationale, qui menaient ouvertement une campagne impitoyable
tant contre le programme communiste que contre la Russie
révolutionnaire, comme des ennemis déclarés, et
elle les combattait comme un détachement, et le plus
dangereux, du front de classe bourgeois ; la seconde consistait
à recourir à des expédients, à
des “manœuvres” stratégiques
et tactiques, pour détourner vers le parti communiste les
masses influencées par les partis sociaux-démocrates.
12. Pour justifier cette seconde méthode, on invoqua à tort les expériences de la politique bolchevique en Russie, déviant ainsi de la juste ligne historique. Là, en effet, les propositions d’alliances faites à d’autres partis, petits-bourgeois et même bourgeois, étaient fondées sur une situation où le pouvoir tsariste mettait tous ces mouvements hors la loi et les contraignait à lutter de façon insurrectionnelle. En Europe, au contraire, on ne pouvait proposer d’actions communes, même dans un but de pure manœuvre, que sur le terrain légalitaire, qu’il fût parlementaire ou syndical. En Russie, l’expérience du parlementarisme libéral avait été extrêmement brève en 1905 et n’avait duré que quelques mois en 1917, de même que celle d’un syndicalisme reconnu par la loi. Dans le reste de l’Europe, un demi-siècle de dégénérescence du mouvement prolétarien avait fait de ces deux domaines un terrain propice à l’assoupissement de toute énergie révolutionnaire et au passage des chefs prolétariens au service de la bourgeoisie. La garantie que constituait la fermeté d’organisation et de principes du parti bolchevique était une chose, celle que devait constituer l’existence du pouvoir de l’Etat prolétarien en Russie en était une tout autre car, du fait même des conditions sociales existantes et du rapport de forces international, ce pouvoir était précisément le plus exposé (comme l’histoire l’a démontré) à sombrer dans la renonciation aux principes et aux directives révolutionnaires.
13. C’est pourquoi la gauche de
l’Internationale, à laquelle appartint l’immense
majorité du Parti Communiste d’Italie jusqu’au
moment où il fut pratiquement détruit par la réaction
(favorisée essentiellement par l’erreur de stratégie
historique), affirma qu’en Occident il fallait résolument
écarter toute alliance et toute proposition d’alliance
aux partis socialistes et petit-bourgeois (tactique du front
unique politique). Elle admit que les communistes devaient tendre
à élargir leur influence sur les masses en
participant à toutes les luttes économiques et locales
et en appelant les travailleurs de toutes tendances et organisations
à leur donner le maximum de développement, mais elle
nia résolument qu’on puisse jamais subordonner l’action
du parti à celle de comités politiques, fronts, blocs
ou alliances entre plusieurs partis, même s’il ne
s’agissait que de déclarations publiques ne
correspondant pas aux intentions réelles et aux directives
internes à l’appareil du parti. Elle repoussa encore
plus vigoureusement la prétendue tactique “bolchevique”
lorsqu’elle prit la forme du “gouvernement
ouvrier” (mot d’ordre qui aboutit d’ailleurs
à plusieurs reprises à des expériences pratiques
désastreuses), car il s’agissait de formules d’agitation
pour la prise du pouvoir par la voie parlementaire, avec la
constitution de majorités hybrides formées de
communistes et de socialistes de toutes les nuances.
Si le parti bolchevik avait pu envisager sans danger
la participation, au cours de la phase révolutionnaire, à
des gouvernements provisoires comprenant différents partis, et
si cela lui avait permis de reprendre aussitôt l’autonomie
d’action la plus résolue, jusqu’à mettre
hors la loi ses alliés d’un moment, c’était
uniquement parce que la situation des forces historiques en présence
était totalement différente : on était en
pleine période de révolution double et, d’autre
part, toute prise de pouvoir par la voie parlementaire était
destinée à être liquidée par l’Etat
en place. Mais il est absurde de prétendre transposer cette
stratégie à une situation où l’Etat
bourgeois a derrière lui une tradition démocratique
remontant à plus d’un demi-siècle, avec des
partis qui se placent tous sur le terrain de la légalité
constitutionnelle.
14. L’expérience de la méthode
tactique appliquée par l’Internationale de 1921 à
1926 fut négative, mais malgré cela on en donna, à
chaque congrès, des versions de plus opportunistes (III, IV,
V Congrès et Exécutif élargi de 1926). Cette
méthode était fondée sur le principe suivant :
changer de tactique en fonction de l’examen des situations. Sur
la base de prétendues analyses, on découvrait tous les
six mois de nouveaux stades du développement du capitalisme,
qu’on prétendait combattre chaque fois par de nouvelles
manœuvres. Au fond, c’est bien là ce qui
caractérise le révisionnisme, qui a toujours été
“volontariste” : lorsqu’il
constate que les prévisions sur l’avènement du
socialisme ne se sont pas encore réalisées, il pense
forcer l’histoire par une pratique nouvelle, mais en même
temps il cesse de lutter pour le but prolétarien et socialiste
de notre programme maximum. En 1900, les réformistes
raisonnaient ainsi : la situation exclut désormais toute
possibilité d’insurrection ; cela ne mène à
rien d’attendre l’impossible, travaillons pour des
possibilités concrètes, élections et réformes
légales, conquêtes syndicales.
Lorsque cette méthode échoua, le
volontarisme des syndicalistes réagit en rejetant toute la
faute sur la méthode politique et sur le parti politique en
soi, et préconisa, pour forcer la situation, l’action de
minorités audacieuses convergeant dans la grève
générale dirigée par les seuls syndicats.
De même, quand elle vit que le prolétariat
occidental ne passait pas à l’attaque pour instaurer sa
propre dictature, l’Internationale prétendit recourir à
des expédients pour sortir de l’impasse. Le résultat
fut que, une fois passé le moment de déséquilibre
des forces capitalistes, la situation objective et le rapport des
forces ne changèrent pas pour autant, mais le mouvement fut
par contre affaibli, puis en plus corrompu – de même que
naguère les impatients révisionnistes de droite ou de
gauche avaient fini par s’enrôler au service de leurs
bourgeoisies dans les unions sacrées de la guerre. La
préparation théorique et la restauration des principes
furent sabotées lorsqu’on introduisit la confusion entre
le programme de conquêête intégrale du pouvoir par le
prolétariat, et la formation de gouvernements “proches”
grâce à l’appui et à la participation
parlementaire et ministérielle des communistes. En Saxe et en
Thuringe, l’expérience se termina en farce, puisqu’il
suffit d’une poignée de policiers pour renverser le chef
communiste du gouvernement.
15. La confusion introduite dans l’organisation interne ne fut pas moindre, et on compromit les résultats du difficile travail de sélection et de délimitation des éléments révolutionnaires par rapport aux opportunistes dans les différents partis et pays. On crut se gagner de nouveaux effectifs, bien manœuvrables a partir du centre, en arrachant en bloc aux partis social-démocrates leurs ailes gauches. Ce qu’il aurait fallu au contraire, c’est qu’après une première période de formation, la nouvelle Internationale fonctionne de façon stable comme parti mondial du prolétariat, et que les nouveaux membres adhèrent individuellement à ses sections nationales. On voulut conquérir des groupes importants de travailleurs, et on négocia en réalité avec les chefs, en désorganisant continuellement les cadres des partis communistes, et en bouleversant la composition de leur direction jusque dans des périodes de lutte active. On reconnut comme communistes des fractions et des cellules à l’intérieur des partis socialistes et opportunistes, et on pratiqua des fusions organisationnelles. Ainsi, au lieu de devenir aptes à la lutte, presque tous les partis furent maintenus dans un état de crise permanente, ils agirent sans continuité et sans frontières bien définies entre amis et ennemis, essuyant des échecs répétés dans les différents pays. La gauche revendique au contraire l’unicité et la continuité organisationnelle. Le remplacement de l’organisation territoriale des partis communistes par un réseau de cellules sur les lieux de travail constitua un autre point de divergence. Cela rétrécissait en effet l’horizon des organisations de base, dont les membres se trouvaient avoir tous le même métier et des intérêts économiques parallèles. La synthèse des diverses “poussées” sociales, qui s’effectue tout naturellement dans le parti en tant qu’organisation tendant vers un but final unitaire, disparut. Elle ne s’exprima plus que dans les mots d’ordre émis par les instances supérieures, dont les représentants étaient pour la plupart devenus des fonctionnaires, et commençaient à présenter toutes les caractéristiques qu’on avait critiquées dans le bureaucratisme politique et syndical de l’ancienne Internationale. Cette critique ne doit pas être prise pour une revendication de “démocratie interne” et pour le regret qu’on ne puisse pas faire de “libres élections” pour désigner les cadres du parti. Il s’agit au contraire d’une divergence profonde portant sur le caractère organique du parti, corps historique vivant dans la réalité de la lutte de classe et déterminé par elle ; il s’agit d’une profonde déviation de principe, qui rendit les partis incapables de prévoir et d’affronter le danger opportuniste.
16. Des déviations analogues se produisirent
en Russie où, pour la premiè fois dans l’histoire, se posait le difficile
problème de l’organisation et de la discipline au sein
d’un parti communiste parvenu au pouvoir total et dont les
effectifs avaient naturellement augmenté dans d’énormes
proportions. La difficulté d’harmoniser la lutte sociale
intérieure pour une nouvelle économie et la lutte
politique révolutionnaire à l’extérieur
provoquait par elle-même des divergences d’opinion
entre les bolchéviks de la vieille garde et les nouveaux
adhérents. Or le groupe dirigeant du parti, qui avait entre
les mains non seulement l’appareil du parti, mais le contrôle
de tout l’appareil d’Etat, ne se contenta pas, pour faire
prévaloir ses opinions ou celles des majorités qui se
formaient au sein de la direction, d’utiliser des éléments
déduits de la doctrine du parti, de sa tradition de lutte, et
du caractère unitaire et organique du mouvement
révolutionnaire international : il commença à
réprimer les oppositions et les protestations de certains
militants au moyen de mesures exécutées par l’appareil
d’Etat. On affirma que, dans l’intérêt même
de la révolution, toute désobéissance à
la centrale du parti devait non seulement être réprimée
par des mesures organisationnelles internes pouvant aller jusqu’à
l’expulsion du parti, mais devait être considérée
comme une atteinte à l’ordre de l’Etat
révolutionnaire. Le rapport entre les deux organes, le parti
et l’Etat, étant ainsi complètement faussé,
le groupe qui contrôle l’un et l’autre peut
évidemment imposer tous les abandons des principes et de la
ligne historique caractérisant le parti depuis la période
pré-révolutionnaire, qui appartiennent à
tout le mouvement prolétarien révolutionnaire mondial.
Le parti doit être considéré
comme un organisme unitaire dans sa doctrine et dans son action ;
l’appartenance au parti impose des obligations impératives
aux chefs et aux militants, mais on n’adhère pas au
parti (pas plus qu’on ne s’en éloigne) sous la
contrainte, et il ne doit y avoir aucun changement à cet
égard, qu’on soit avant, pendant, ou après la
conquête du pouvoir. Le parti dirige seul et de façon
autonome la lutte de la classe exploitée pour abattre l’Etat
capitaliste ; c’est également seul et de façon
autonome qu’il dirige l’Etat du prolétariat
révolutionnaire ; mais l’Etat (précisément
en tant qu’organe révolutionnaire historiquement
transitoire) ne peut intervenir contre des membres ou des groupes du
parti par des mesures légales ou policières sans que ce
soit le signe d’une crise grave. Dès le moment où
cette pratique prévalut en Russie, il se produisit un afflux
au parti d’éléments opportunistes qui n’avaient
d’autre but que de se procurer des avantages ou de voir leurs
intérêts tolérés par l’appareil
d’Etat, et ces adhésions douteuses furent acceptées
sans hésitation. Ainsi, au lieu d’un début de
dépérissement de l’Etat, on eut un dangereux
“gonflement” du parti au pouvoir. A cause de
ce renversement mécanique d’influence, les hétérodoxes
réussirent à éliminer les marxistes orthodoxes
de la conduite du parti et de l’Etat des Soviets, et ceux qui
trahissaient les principes révolutionnaires purent paralyser,
puis mettre en accusation et condamner ceux qui les défendaient
de façon cohérente, y compris ceux qui avaient saisi
trop tard l’irrémédiable glissement.
En fait, le gouvernement, qui subissait le contrecoup
des rapports (fussent-ils de lutte et de conflit) qu’il
entretenait tant avec les forces sociales ennemies de l’intérieur,
qu’avec les gouvernements bourgeois de l’extérieur,
résolut les questions et dicta les solutions à la
direction du parti russe. Celle-ci, à son tour, eut beau jeu,
dans l’organisation et dans les congrès internationaux,
de dominer et de manœuvrer à son gré les partis
des autres pays et les directives du Komintern, qui devinrent de plus
en plus éclectiques et conciliatrices.
Tout en ne contestant pas au parti russe, qui avait
conduit à la victoire la première révolution
locale, ses mérites historique révolutionnaires, la
Gauche italienne a toujours affirmé que la contribution des
autres partis, qui étaient encore en lutte ouverte avec le
régime bourgeois, restait indispensable. Pour résoudre
les problèmes de l’action révolutionnaire dans le
monde et en Russie, la hiérarchie devait donc être
la suivante : l’Internationale des partis communistes du
monde ; ses différentes sections, parmi lesquelles la
section russe ; enfin, pour la politique russe, le gouvernement
communiste, exécutant les directives du parti. Autrement, le
caractère internationaliste du mouvement et son efficacité
révolutionnaire ne pouvaient qu’être compromis.
Lénine lui-même avait bien souvent
admis que si la révolution européenne et mondiale
s’étendait à d’autres pays, le parti
communiste de Russie passerait non à la seconde, mais au moins
à la quatrième place dans la direction générale,
politique et sociale, de la révolution communiste. Et c’est
seulement à cette condition qu’on aurait pu éviter
que se produise une divergence entre les intérêts de
l’Etat russe et les buts de la révolution mondiale.
17. Il n’est pas possible de dater exactement
le début de la troisième vague opportuniste, de la
troisième dégénérescence pathologique du
parti prolétarien mondial, succédant à celle qui
avait paralysé l’Internationale de Marx et à
celle qui avait mené la Seconde Internationale à une
fin honteuse. Après les déviations et les erreurs
politiques, tactiques et d’organisation traitées aux
points 11, 12, 13, 14, 15 et 16, on tomba dans un total opportunisme
avec l’attitude prise par Moscou devant les formes bourgeoises
totalitaires de gouvernement et de répression du mouvement
révolutionnaire. Ces formes apparurent après les
grandes attaques prolétariennes qui, en Allemagne, en Italie,
en Hongrie, en Bavière et dans les pays Balkaniques, suivirent
la première guerre mondiale. Dans une formule d’une
exactitude marxiste douteuse, l’Internationale les définit
sur le plan économique comme des offensives patronales tendant
à abaisser le niveau de vie des classes travailleuses et, sur
le plan politique, comme une initiative visant à supprimer les
libertés de la démocratie libérale présentée
comme un milieu favorable à une avancée prolétarienne,
alors que le marxisme la considérait traditionnellement comme
la pire atmosphère de corruption du prolétariat.
En fait, il s’agissait de la réalisation pleine et
entière du grand moment historique prévu par le
marxisme et par lui seul, et caractérisé par deux
phénomènes : d’une part la concentration
économique qui, mettant en évidence le caractère
social et mondial de la production capitaliste, poussait celle-ci à
unifier son mécanisme propre, et d’autre part les
conséquences politiques et de guerre sociale qui dérivaient
de l’affrontement final entre les classes attendu par le
marxisme, mais dont les caractères correspondaient à
une situation où la pression exercée par le prolétariat
restait toutefois inférieure au potentiel de défense de
l’Etat capitaliste de classe.
Les chefs de l’Internationale,
au contraire, firent une grossière confusion historique avec
la période de Kérensky en Russie, confusion qui non
seulement constituait une grave erreur d’interprétation
théorique, mais qui entraîna un véritable
bouleversement de tactique. On établit pour le prolétariat
et les partis communistes une stratégie de défense et
de conservation des conditions existantes, en leur conseillant de
former un front avec tous les groupes bourgeois moins aguerris et
perspicaces (et par là-même, de bien piètres
alliés), qui soutenaient qu’il fallait garantir aux
ouvriers certains avantages immédiats et ne pas priver les
classes populaires de leurs droits d’association, de vote, etc.
L’Internationale ne comprit pas que le fascisme ou le
national-socialisme n’avaient rien à voir avec une
tentative de retour à des formes despotiques et féodales
de gouvernement, ni avec une victoire de prétendues couches
bourgeoises de droite opposées à la classe capitaliste
plus avancée de la grande industrie, ou avec une tentative de
gouvernement autonome de classes intermédiaires entre le
patronat et le prolétariat. Elle ne comprit pas davantage que,
se libérant du masque répugnant du parlementarisme, le
fascisme héritait par contre en plein du réformisme
social pseudo-marxiste, et assurait aux ouvriers et autres classes
moins favorisées non seulement un minimum vital, mais une
série de progrès sociaux et mesures d’assistance,
grâce à un certain nombre de mesures et d’interventions
de l’Etat de classe effectuées dans l’intérêt
de la conservation du capitalisme. L’Internationale donna donc
le mot d’ordre de la lutte pour la liberté, qui dès
1926 fut imposé au parti italien par le président de
l’Internationale. Pourtant la presque totalité de ses
militants voulaient mener contre le fascisme, au pouvoir depuis
quatre ans, une politique autonome de classe, et non celle de bloc
avec tous les partis démocratiques et même monarchistes
et catholiques pour le retour des garanties constitutionnelles et
parlementaires. Dès cette époque, les communistes
italiens auraient voulu qu’on dénonçât
ouvertement le contenu réel de l’antifascisme de tous
les partis moyens-bourgeois, petits-bourgeois et
pseudo-prolétariens ; et c’est en vain que,
dès cette époque, ils avertirent l’Internationale
que la voie qu’elle empruntait (et qui devait aboutir aux
Comités de Libération Nationale pendant le deuxième
guerre mondiale) était celle de la dégénérescence,
et conduirait au naufrage de toutes les énergies
révolutionnaires.
La politique du parti communiste est par nature
offensive, et en aucun cas il ne doit lutter pour une conservation
illusoire de conditions propres au régime capitaliste. Si,
dans la période antérieure à 1871, le
prolétariat avait à lutter aux côtés des
forces bourgeoises, ce n’était pas pour que celles-ci
puissent conserver des positions établies ou éviter la
chute de formes historiques acquises, mais pour qu’elles
puissent au contraire détruire et dépasser des formes
historiques antérieures. Dans la lutte économique
quotidienne comme dans la politique générale et
mondiale, la classe prolétarienne n’a rien à
perdre et donc rien à défendre : l’attaque
et la conquête, telles sont ses seules tâches. En
conséquence, le parti révolutionnaire doit avant tout
reconnaître dans l’apparition de formes concentrées,
unitaires et totalitaires du capitalisme, la confirmation de sa
doctrine, et donc sa victoire idéologique intégrale. Il
ne doit donc se préoccuper que du rapport de forces réel
pour la préparation à la guerre civile révolutionnaire,
rapport que seules les vagues successives de dégénérescence
opportuniste et gradualiste ont jusqu’ici rendu défavorable.
Il doit faire tout son possible pour déclencher l’attaque
finale et, lorsqu’il ne le peut pas, il doit affronter la
défaite, mais jamais il ne doit lancer un “vade
retro Satanas” lâche et défaitiste, qui
reviendrait à implorer stupidement la tolérance ou le
pardon de l’ennemi de classe.
c) Troisième vague opportuniste: à partir de 1926
18. Dans la deuxième des grandes vagues historiques opportunistes, la trahison se présentait sous des formes humanitaires, philanthropiques et pacifistes, atteignant son point culminant dans la répudiation de la méthode insurrectionnelle et de l’action armée (quitte à tomber par la suite dans l’apologie de la violence légale des Etats en guerre). Fait nouveau, dans la troisième vague de dégénérescence, la déviation et la trahison de la ligne révolutionnaire de classe se sont présentées même sous des formes de combat et de guerre civile. La critique de la dégénérescence opportuniste reste la même dans la phase actuelle, qu’il s’agisse de fronts communs, de blocs ou d’alliances formés dans un but de propagande ou dans un but électoral et parlementaire, ou qu’il s’agisse de collusions avec des mouvements étrangers au parti communiste pour faire prévaloir à l’intérieur d’un pays un gouvernement donné sur un autre, au moyen d’une lutte militaire comportant la conquête de territoires et de positions de force. Ainsi, toute la politique d’alliance qui caractérise la guerre civile espagnole (qui eut lieu dans une phase de paix entre les Etats), de même que tout le mouvement partisan et la “Résistance” contre les Allemands ou les fascistes, qui eurent lieu dans une phase de guerre entre les Etats au cours du second conflit mondial, représentent sans aucun doute possible une trahison de la lutte de classe et une forme de collaboration avec les forces capitalistes, en dépit des moyens violents dont ils ont fait usage. Le refus du parti communiste de se soumettre à des comités réunissant des partis hétérogènes et se situant au-dessus des partis, ne doit être que plus résolu quand on passe de l’agitation légale au domaine vital et primordial de la conspiration, de la préparation et de l’encadrement militaire, où il est criminel d’avoir quoi que ce soit de commun avec des mouvements non prolétariens. Il est inutile de rappeler que, dans les cas de défaite, les collusions se sont toujours conclues par la concentration des représailles sur les communistes et, dans les cas de succès apparent, par le désarmement complet de l’aile révolutionnaire et par le passage de son parti dans le camp ennemi, amenant une nouvelle consolidation de la légalité et de l’ordre bourgeois.
19.Toutes ces manifestations d’opportunisme
dans la tactique imposée aux partis européens et dans
la pratique gouvernementale et policière en Russie, ont été
couronnées au cours de la seconde guerre mondiale par la
politique de l’ Etat russe à l’égard des
autres Etats belligérants, et par les directives données
par Moscou aux partis communistes. Non seulement ceux-ci n’ont
pas refusé d’adhérer à la guerre, ni tenté
de profiter de celle-ci pour entreprendre des action de classe
défaitistes visant à abattre l’ Etat bourgeois,
mais tout au contraire, dans une première phase, la Russie
conclut un accord avec l’ Allemagne : on décida
alors que la Section allemande ne tenterait rien contre le pouvoir
hitlérien, et on osa dicter aux communistes français
une tactique soi-disant “marxiste”, qui
consistait à dénoncer comme guerre impérialiste
et guerre d’agression la guerre des bourgeoisies française
et anglaise, en invitant ces partis à mener des actions
illégales contre l’ Etat et l’armée de leur
pays ; mais dès que l’état russe entra en
conflit avec l’ Allemagne et eut donc intérête à
ce que tous les adversaires de celel-ci soient puissants, les partis
de France, d’Angleterre, etc., reçurent des directives
politiques opposées et l’ordre de passer dans le front
de la défense nationale, tout comme les socialistes de 1914
dénoncés par Lénine ; bien plus, on inversa
toutes les positions théoriques et historiques, en déclarant
que la guerre des occidentaux contre l’ Allemagne n’était
n’était pas une guerre impérialiste,mais une
croisade pour la liberté et la démocratie, et ce dès
le début, dès 1939, c’est-à-dire au moment
où toute la presse et la propagande pseudo-communistes avaient
été lancées contre les franco-anglais ! Il
est donc clair que les forces de l’ Internationale Communiste
(qui, à un certain moment, fut liquidée sur le plan
formel pour donner des garanties supplémentaires aux
puissances impérialistes et les assurer que les partis
communistes étaient complètement passés au
service de leurs nations et patries respectives) ne furent à
aucun moment de cette longue guerre employées pour provoquer
la chute d’un pouvoir capitaliste quelconque et els conditions
d’une conquête du pouvoir par le prolétariat.
Elles servirent uniquement à une collaboration ouverte avec
l’un des deux blocs impérialistes, et de plus on
expérimenta la collaboration avec chacun des deux au gré
du changement des intérêts militaires et nationaux de la
Russie. Il ne s’agissait donc plus d’une simple tactique
opportuniste, même poussée à l’extrême,
mais d’un abandon total des positions historiques du
communisme, d’ailleurs prouvé par la rapidité
avec laquelle on modifia la définition de la nature de classe
des Etats en guerre. Impérialistes et ploutocratiques en
1939-40, la France, l’ Angleterre et l’ Amérique
devinrent par la suite des représentants du progrès, de
la liberté et de la civilisation, et eurent en commun avec la
Russie un programme de réorganisation mondiale. Mais une
volte-face aussi spectaculaire, que l’on prétendait
accorder avec les théories et les textes marxistes et
léninistes, n’était même pas définitive,
puisqu’il suffit des premières dissensions, à
partir de 1946, et des premiers conflits locaux en Europe et en Asie,
pour qu’on accable à nouveau ces mêmes Etats sous
les plus terribles accusations d’impérialisme !
Il ne faut pas s’étonner si, commençant
par des contacts avec les sociaux-patriotes répudiés la
veille, continuant par les fronts uniques, les expériences de
gouvernements “ouvriers” communs qui
renonçaient à la dictature, les blocs avec les partis
petit-bourgeois et démocratiques, pour finir par un
asservissement total à la politique de guerre des puissances
capitalistes dont on reconnaît aujourd’hui ouvertement
qu’elles sont non seulement impérialistes mais tout
aussi “fascistes” que l’ Allemagne et
l’ Italie d’autrefois, les épreuves successives
auxquelles furent soumis les partis révolutionnaires qui
s’étaient réunis à Moscou en 1919-1921 ont
fini par détruire complètement, en trente ans, jusqu’au
dernier vestige du caractère révolutionnaire de classe
de ces partis.
20. La troisième vague historique de
l’opportunisme réunit les pires caractéristiques
des deux précédentes, tout comme le capitalisme actuel
comprend les différentes phases de son développement.
Une fois la seconde guerre impérialiste
terminée, les partis opportunistes, unis à tous les
partis expressément bourgeois dans les Comités de
Libération Nationale, participent avec eux à des
gouvernements constitutionnels. En Italie, ils entrent même
dans des cabinets monarchistes, renvoyant la question de la forme
institutionnelle de l’ Etat à un moment plus
“opportun”. Ils renient donc l’usage de
la méthode révolutionnaire pour la conquête
du pouvoir politique par le prolétariat, affirmant au
contraire la nécessité de la lutte légale et
parlementaire, à laquelle toutes les poussées
prolétariennes doivent être sacrifiées, en vue
d’une conquête du pouvoir politique par la voie pacifique
et la conquête de la majorité. Ils préconisent la
participation à des gouvernements de défense nationale,
empêchant toute opposition aux gouvernements en guerre, de même
que pendant la première année du conflit ils s’étaient
bien gardés de saboter les gouvernements fascistes, allant
même jusqu’à alimenter leur potentiel militaire
par l’envoi des marchandises de première nécessité.
L’opportunisme suit son cours funeste,
sacrifiant même formellement la Troisième Internationale
à l’ennemi de classe du prolétariat,
l’impérialisme, pour “renforcer encore le
front unique des Alliés et des autres nations unies”.
Ainsi s’accomplissait la prévision historique de la
Gauche italienne, lancée dès les premières
années de la vie de l’ Internationale. En envahissant le
mouvement ouvrier, l’opportunisme devait inéluctablement
conduire à la liquidation de toutes les exigences
révolutionnaires.
La reconstitution de la force de classe du
prolétariat mondial apparaît donc fortement retardée
et difficile, et elle réclamera un effort plus grand
qu’autrefois.
21. L’influence contre-révolutionnaire sur le prolétariat mondial, étendue et aggravée par la participation directe des partis opportunistes au second conflit mondial aux côtés des Etats vainqueurs, conduisit à l’occupation militaire des pays vaincus, pour empêcher le soulèvement des masses exploitées. Cette occupation fut acceptée et justifiée à des fins contre-révolutionnaires par tous les partis soi-disant socialistes et communistes durant les conférences de Yalta et de Téhéran. On empêchait ainsi toute possibilité sérieuse d’attaque révolutionnaire contre le pouvoir bourgeois, aussi bien dans les pays alliés vainqueurs que dans les pays vaincus. Cela démontrait la justesse de la position de la Gauche italienne qui, considérant la seconde guerre mondiale comme impérialiste, et l’occupation des pays vaincus comme contre-révolutionnaire, prévoyait la totale impossibilité d’une reprise révolutionnaire immédiate.
22. En parfaite cohérence avec tout un passé
toujours plus ouvertement contre-révolutionnaire, la Russie et les
partis affiliés ont modernisé la théorie de la
collaboration permanente entre les classes, en postulant la
coexistence pacifique entre Etats capitalistes et socialistes. Ils
ont remplacé la guerre entre les Etats par l’émulation
pacifique entre les Etats, enterrant ainsi une nouvelle fois la
doctrine du marxisme révolutionnaire. La seule position
conforme au programme des partis communistes, qui ne s’abaissent
pas à dissimuler leurs opinions et leurs buts (Manifeste du
Parti communiste, 1848), mais qui enseignent et préconisent
la destruction violente du pouvoir bourgeois, c’est qu’
un Etat socialiste, s’il ne déclare pas une guerre
sainte contre les Etats capitalistes, déclare et entretient la
guerre de classe à l’intérieur des pays
bourgeois, dont il prépare théoriquement et
pratiquement les prolétaires à l’insurrection.
Donc les Etats et les partis qui admettent
l’hypothèse de la “coexistence”
et de l’émulation pacifiques entre Etats au lieu
d’affirmer l’incompatibilité absolue entre les
classes ennemies et de proclamer la nécessité de la
lutte armée pour l’émancipation du prolétariat,
ne sont pas en réalité des Etats ou des partis
révolutionnaires, et leur phraséologie ne fait que
dissimuler le contenu capitaliste de leur structure. La persistance
de cette idéologie au sein du prolétariat retarde
tragiquement toute reprise de classe, et celle-ci ne pourra avoir
lieu sans que cet obstacle soit dépassé.
23. L’opportunisme politique de la troisième
vague est aussi le plus abject et le plus ignoble des trois, car il
pêche dans la plus trouble des eaux : celle du pacifisme.
L’alternance entre le pacifisme et l’apologie de la
Résistance recouvre de scandaleuses volte-faces dans
l’appréciation du capitalisme impérialiste
anglo-américain, défini comme impérialiste en
1939, comme démocratique et “libérateur”
du prolétariat européen en 1942, et à nouveau
comme impérialiste aujourd’ hui.
En réalité, c’est dès la
première guerre impérialiste mondiale.que le
capitalisme américain a montré (bien qu’à
un degré moindre qu’aujourd’hui) qu’il se
trouvait au premier rang des puissances réactionnaires et
impérialistes ; Lénine et la Troisième
Internationale l’ont souvent mis en lumière durant la
période glorieuse de la lutte révolutionnaire.
En exploitant l’attraction que le pacifisme
exerce sur les prolétaires, l’opportunisme jouit auprès d’eux
d’une influence diffuse incontestable, bien qu’il soit de
toute évidence inséparable du pacifisme social.
La défense de la paix et celle de la patrie
constituent des thèmes de propagande communs à tous les
Etats et partis qui coexistent au sein de l’ONU, réédition
actuelle de la Société des Nations, cette “caverne
de brigands” dont parlait Lénine. Reposant sur la
collaboration de classe, elles représentent les principes
fondamentaux de l’opportunisme.
Les opportunistes d’aujourd’hui montrent
qu’ils sont complètement en dehors du processus
révolutionnaire, et qu’ils n’arrivent même
pas à la cheville des utopistes, Saint-Simon, Owen, Fourier et
même Proudhon.
Le marxisme révolutionnaire rejette le
pacifisme comme théorie et comme moyen de propagande, et subordonne la paix au
renversement violent de l’impérialisme mondial : il
n’y aura pas de paix tant que le prolétariat du monde
entier ne sera pas libéré de l’exploitation
bourgeoise. De plus, il dénonce le pacifisme comme une arme de
l’ennemi de classe pour désarmer les prolétaires
et les soustraire à l’influence de la Révolution.
24. Tendre la perche aux partis de l’impérialisme
pour constituer avec eux des gouvernements d’ “unité
nationale” entre les classes est une pratique désormais
courante ; l’opportunisme stalinien réalise cette
aspiration dans le plus grand des organismes inter-étatiques,
l’ONU, préconisant une collaboration de classes toujours
plus étendue, à condition que la guerre entre les deux
blocs impérialistes rivaux soit évitée, et que
les appareils répressifs des Etats se dissimulent sous un
masque de vague démocratie et de réformisme.
Là où le stalinisme domine sans
partage, il a réalisé ce postulat en installant des
pouvoirs nationaux où toutes les classes sociales sont
représentées. Il prétend ainsi harmoniser les
intérêts opposés, comme en Chine – où
règne le bloc des quatre classes et où le prolétariat,
loin d’avoir conquis le pouvoir politique, subit la pression
incessante du jeune capitalisme industriel et fait les frais de la
“Reconstruction Nationale”, au même
titre que les prolétaires de tous les autres pays du monde.
Le désarmement des forces révolutionnaires
offert à la bourgeoisie par les sociaux-patriotes de 1914 et par les ministérialistes
à la Millerand, Bissolati, Vandervelde, Mac Donald et Cie,
fustigés par Lénine et par l’Internationale
Communiste, pâlit devant le collaborationnisme scandaleux et
cynique des sociaux-patriotes et des ministérialistes actuels.
La Gauche italienne s’est opposée au mot d’ordre
de “gouvernement ouvrier et paysan” en
montrant qu’ou bien il signifiait la même chose que la
dictature du prolétariat – pléonasme qui ne pouvait
qu’entretenir une équivoque – ou bien il signifiait
autre chose et était donc inacceptable. A plus forte raison
rejette-t-elle la théorisation ouverte de la
collaboration de classe, même présentée comme une
condition tactique transitoire. Elle revendique pour le prolétariat
et le parti de classe le monopole inconditionnel de l’Etat et
de ses organes, la dictature de classe unitaire et indivisible.
IV. ACTION DU PARTI EN ITALIE ET DANS D’AUTRES PAYS EN 1952
1. Depuis sa naissance, l’histoire du capitalisme présente un développement irrégulier, marqué par le retour périodique de crises alternant (tous les dix ans environ selon Marx) avec des périodes de développement économique intense et continu. Les crises sont inséparables du capitalisme, qui, toutefois, ne cesse de croître, de s’étendre et de s’efler jusqu’au moment où les forces révolutionnaires, arrivées à maturité, lui assèneront le coup final. Parallèlement, l’histoire du mouvement prolétarien dans la période capitaliste présente des phases de forte pression et d’avancée, des phases de repli provoquées par des défaites brutales ou de lentes dégénérescences, et des phases de longue attente avant la reprise. La Commune de Paris fut vaincue violemment et sa défaite ouvrit une période de développement relativement pacifique du capitalisme, pendant laquelle naquirent des théories révisionnistes et opportunistes, dont l’existence même prouvait le repli de la révolution. La Révolution d’ Octobre a été vaincue au travers d’une lente régression qui culmina avec la suppression violente de ceux de ses artisans qui avaient survécu. Depuis 1917 la révolution est la grande absente et aujourd’hui encore la reprise des forces révolutionnaires n’apparaît pas imminente.
2. Malgré ces crises cycliques, le mode de
production capitaliste s’étend et s’affirme dans
tous les pays d’une manière à peu près
continue dans son aspect technique et social. Au contraire,
l’histoire tourmentée des forces de classe antagonistes
dépend des vicissitudes de la lutte historique générale,
du conflit existant déjà en puissance à
l’aube de la domination bourgeoise sur les classes féodales
et précapitalistes, et du développement politique des
deux classes ennemies, bourgeoisie et prolétariat ; ce
développement est marqué par des victoires et par des
défaites, par des erreurs de méthode tactiques et
stratégiques. Les premiers affrontements remontent déjà
à 1789 et ils se poursuivent jusqu’à nos jours, à
travers les révolutions de 1848, 1871, 1905 et 1917, durant
lesquelles la bourgeoisie a affiné de plus en plus ses armes
de lutte contre le prolétariat, dans la mesure même où
son économie connaissait un développement croissant.
En contrepartie, face à l’extension et à
l’accroissement gigantesques du capitalisme, le prolétariat n’a pas
toujours su employer son énergie de classe avec succès,
retombant après chaque défaite dans les filets de
l’opportunisme et de la trahison, et restant éloigné
de la révolution pour une période toujours plus longue.
3. Le cycle des luttes victorieuses, des
défaites, même les plus désastreuses, et des
vagues opportunistes au cours desquelles le prolétariat est
soumis à l’influence de la classe ennemie, constitue un
vaste domaine d’expériences positives où mûrit
la révolution.
Après les défaites, la reprise
révolutionnaire est longue et difficile ; mais le
mouvement, bien qu’il n’apparaisse pas à la
surface des événements politiques, ne s’interrompt
pas : cristallisé dans une avant-garde réduite, il
maintient en vie l’exigence révolutionnaire de classe.
Périodes de dépression politique :
de 1848 à 1867, de la deuxième révolution
parisienne à la veille de la guerre franco-prussienne,
le mouvement révolutionnaire s’incarne presque
exclusivement en Marx et Engels et en un cercle restreint de
camarades. De 1872 à 1889, de la défaite de la Commune
de Paris au début des guerres coloniales et au retour de la
crise capitaliste qui mènera à la guerre
russo-japonaise puis à la première guerre mondiale,
c’est une nouvelle période de reflux, où
l’intelligence de la Révolution est représentée
par Marx et Engels. De 1914 à 1918, période de la
première guerre mondiale, qui voit la chute de la Deuxième
Internationale, c’est Lénine avec d’ autres
camarades de quelques pays, peu nombreux, qui assure la continuité
du mouvement.
En 1926 s’est ouverte une nouvelle période
défavorable à la révolution, qui a vu la
liquidation de la victoire d’Octobre. Seule la Gauche italienne
a maintenu intacte la théorie du marxisme révolutionnaire
et en elle seule se sont cristallisées les prémisses de
la reprise de classe. Durant la seconde guerre mondiale, les
conditions du mouvement ont encore empiré, puisque la guerre a
entraîné tout le prolétariat au service de
l’impérialisme et de l’opportunisme stalinien.
Aujourd’hui nous sommes au fond de la
dépression et on ne peut prévoir de reprise du
mouvement révolutionnaire avant de longues années. La
longueur de cette période de dépression correspond à
la gravité de la vague de dégénérescence,
ainsi qu’à la concentration toujours plus grande des
forces capitalistes adverses. D’une part l’opportunisme
stalinien réunit les pires caractéristiques des deux
vagues précédentes, et d’autre part le processus
de concentration capitaliste est beaucoup plus poussé
aujourd’hui qu’après la première guerre
mondiale.
4. Aujourd’hui, bien que nous soyons au cœur de la dépression et que les possibilités d’action s’en trouvent considérablement réduites, le parti, suivant en cela la tradition révolutionnaire, n’entend pas interrompre la continuité historique de la préparation d’une future reprise généralisée du mouvement de classe, qui fera siens tous les résultats des expériences passées. La réduction de l’activité pratique n’entraîne pas le renoncement aux postulats révolutionnaires. Le parti reconnaît que la réduction de son activité est plus marquée quantitativement dans certains secteurs, mais l’ensemble des aspects de cette activité ne change pas pour autant, et le parti n’y renonce pas expressément.
5. L’activité principale, aujourd’hui,
est le rétablissement de la théorie du communisme
marxiste. Nous en sommes encore à l’arme de la critique.
Le parti ne présentera pour cela aucune théorie
nouvelle, mais il réaffirmera la pleine validité des
thèses fondamentales du marxisme révolutionnaire,
amplement confirmées par les faits et plusieurs fois
falsifiées et trahies par l’opportunisme pour couvrir
les retraites et les défaites.
La Gauche italienne dénonce et combat
aujourd’hui les staliniens, ainsi qu’elle l’a
toujours fait pour tous les révisionnistes et opportunistes.
Le parti fonde son action sur des positions
anti-révisionnistes. Dès son entrée sur la scène
politique, Lénine combattit le révisionnisme de
Bernstein et restaura les principes communistes en démolissant
les arguments des deux révisions du marxisme, la révision
social-démocrate et la révision social-patriote.
La Gauche italienne dénonça dès
leur apparition les premières déviations tactiques au
sein de la Troisième Internationale comme les premiers
symptômes d’une troisième révision, qui
s’est aujourd’hui pleinement manifestée et qui
réunit les erreurs des deux précédentes.
Le prolétariat est la dernière classe
exploitée de l’histoire et aucun régime
d’exploitation ne succèdera au capitalisme : c’est
précisément pour cela que la doctrine est née
avec le prolétariat lui-même, et ne peut être ni
modifiée ni réformée. Le développement du
capitalisme de ses origines à aujourd’hui a confirmé
et confirme les théorèmes du marxisme, tels qu’ils
sont énoncés dans les textes fondamentaux ; toutes
les prétendues “innovations” ou
“enseignements” de ces trente dernières
années ne font que confirmer une seule chose : le
capitalisme vit encore et il doit être abattu.
Le point central de la position doctrinale actuelle
du mouvement est donc le suivant : aucune révision des
principes originels de la révolution prolétarienne.
6. Le parti accomplit aujourd’hui
un travail d’enregistrement scientifique des phénomènes
sociaux, afin de confirmer les thèses fondamentales du
marxisme. il analyse, confronte et commente les faits récents
et contemporains. Il répudie l’élaboration
doctrinale qui tend à fonder de nouvelles théories ou à
démontrer l’insuffisance du marxisme pour expliquer les
phénomènes.
Tout ce travail de démolition de
l’opportunisme et du déviationnisme (Lénine, Que
faire?) est aujourd’hui à la base de l’activité
du parti, qui suit en cela aussi la tradition et les expériences
du mouvement communiste pendant les périodes de reflux de la
révolution et de prolifération de théories
opportunistes, que Marx, Engels, Lénine et la Gauche italienne
ne cessèrent de combattre violemment et impitoyablement.
7. Sur la base de cette juste appréciation
révolutionnaire de ses tâches actuelles, le parti, bien
que peu nombreux et n’ayant que peu de liens avec la masse du
prolétariat, et bien que toujours jalousement attaché à
sa tâche théorique comme à une tâche de
premier plan, refuse absolument d’être considéré
comme un cercle de penseurs ou de simples chercheurs en quête
de vérités nouvelles, ou qui auraient perdu la vérité
d’hier en la considérant comme insuffisante.
Aucun mouvement ne peut triompher dans l’histoire
sans la continuité théorique qui n’est autre
chose que l’expérience des luttes passées. En
conséquence le parti interdit la liberté personnelle
d’élaborer (ou mieux d’élucubrer) de
nouveaux schémas et explications du monde social
contemporain : il proscrit la liberté individuelle
d’analyse, de critique et de perspective pour tous ses membres,
même les plus formés intellectuellement, et il défend
l’intégralité d’une théorie qui
n’est pas le produit d’une foi aveugle, mais la science
de classe du prolétariat, édifiée avec des
matériaux séculaires, non par la pensée des
hommes, mais par la force des faits matériels reflétés
dans la conscience historique d’une classe révolutionnaire
et cristallisés dans son parti. Les faits matériels
n’ont fait que confirmer la doctrine du marxisme
révolutionnaire.
8. Malgré le nombre restreint de ses adhérents, déterminé par les conditions nettement contre-révolutionnaires, le parti n’interrompt pas son activité de prosélytisme et de propagande de ses principes, sous toutes ses formes, orales et écrites, même si ses réunions ne rassemblent que peu de monde et si sa presse n’a qu’une diffusion limitée. Le parti considére la presse comme sa principale activité dans la phase actuelle, car elle est un des moyens les plus efficaces autorisés par la situation réelle pour indiquer aux masses la ligne politique à suivre et pour diffuser de façon organique et plus large les principes du mouvement révolutionnaire.
9. Ce sont les événements, et non la volonté ou la décision des hommes, qui déterminent donc aussi la pénétration du parti dans les grandes masses, en la limitant à une petite partie de son activité générale. Le parti ne perd cependant aucune occasion de pénétrer dans chaque brèche, dans chaque fissure, sachant bien qu’il n’y aura de reprise que lorsque ce secteur de son activité se sera largement développé et sera devenu dominant.
10. L’accélération du processus
dépend non seulement des causes sociales profondes des crises
historiques, mais de l’activité de prosélytisme
et de propagande du parti, avec les moyens réduits qui sont à
sa disposition. Le parti exclut absolument qu’on puisse
stimuler ce processus par des recettes, expédients et
manœuvres en direction des groupes, des cadres, des appareils
qui usurpent le nom de prolétariens, socialistes et
communistes. Ces moyens, qui caractérisèrent la
tactique de la Troisième Internationale après que
Lénine eut disparu de la scène politique, n’ont
eu d’autre résultat que de désagréger le
Komintern en tant que théorie organisative et que force
agissante du mouvement, chaque “expédient
tactique” faisant perdre aux partis un peu de leur
substance. Ces méthodes sont revendiquées et
revalorisées par le mouvement troskyste de la IV
Internationale, qui les considère à tort comme des
méthodes communistes.
Il n’y a pas de recettes toutes faites
permettant d’accélérer la reprise de classe. Il
n’y a pas de manœuvres et d’expédients qui
disposeraient les prolétaires à écouter la voix
du parti de classe. Ces moyens en effet ne feraient pas apparaître
le parti pour ce qu’il est vraiment, mais dénatureraient
sa fonction ce qui ne pourrait avoir qu’un effet désastreux
sur la reprise effective du mouvement révolutionnaire, qui se
base sur la maturité réelle des faits et sur l’aptitude
du parti à y répondre de façon adéquate,
aptitude qu’il ne peut acquérir que par son inflexibilité
doctrinale et politique. La Gauche italienne a toujours combattu la
méthode des expédients tactiques pour rester toujours à
flot, en la dénonçant comme une déviation de
principe incompatible avec le déterminisme marxiste.
Dans la ligne des expériences passées,
le parti s’abstient donc de lancer et d’accepter des
invitations, des lettres ouvertes ou des mots d’ordre
d’agitation en vue de constituer des comités, des fronts
et des ententes avec d’autres mouvements et organisations
politiques, quels qu’ils soient.
11. Le parti ne dissimule pas que, dans une phase de
reprise, il ne réussira à se renforcer de façon
autonome que s’il naît une forme d’associationnisme
économico-syndical des masses.
Bien qu’il n’ait jamais été
libre de l’influence des classes ennemies et qu’il
ait servi de véhicule à des déviations et des
déformations profondes et continues, bien qu’il ne soit
pas un instrument révolutionnaire spécifique, le
syndicat ne peut cependant rester indifférent au parti, qui ne
renonce jamais volontairement à y travailler, en se démarquant
nettement de tous les autres groupements politiques. Tout en
reconnaissant qu’aujourd’hui son travail syndical ne peut
se faire que de façon sporadique, le parti n’y renonce
jamais ; dès lors que le rapport numérique concret
entre ses membres, ses sympathisants, et les syndiqués d’une
branche donnée sera d’une certaine importance, et à
condition que cette organisation n’ait pas exclu jusqu’à
la dernière possibilité virtuelle et statutaire d’y
mener une activité autonome de classe, le parti entreprendra
d’y pénétrer et s’efforcera d’en
conquérir la direction.
12. Notre parti n’est pas une filiation de la fraction abstentionniste du Parti socialiste italien, bien que celle-ci ait joué un rôle prépondérant dans le mouvement jusqu’à la fondation du Parti Communiste d’Italie à Livourne en 1921. L’opposition de la Gauche dans le Parti Communiste d’Italie et dans l’Internationale Communiste n’était pas fondée sur l’abstentionnisme, mais sur d’autres questions de fond. Avec le développement de l’Etat capitaliste qui prendra ouvertement la forme de dictature de classe que le marxisme a découverte en lui dès le début, le parlementarisme perd peu à peu de son importance. Même là où elles semblent survivre, les institutions parlementaires élues des bourgeoisies traditionnelles se vident de plus de leur contenu, ne subsistant qu’à l’état de phraséologie ; et dans les moments de crise sociale elles laissent voir au grand jour la forme dictatoriale de l’Etat en tant que dernière instance du capitalisme, contre laquelle doit s’exercer la violence du prolétariat révolutionnaire. Cet état de chose et les rapports de force actuels subsistant, le parti se désintéresse donc des élections démocratiques de toute sorte et ne déploie pas son activité dans ce domaine.
13. Les générations révolutionnaires se succèdent rapidement et le culte des individus est un aspect dangereux de l’opportunisme, car c’est un fait naturel, confirmé par les rares exceptions à la règle, que les vieux dirigeants finissent par être usés, par passer à l’ennemi et tomber dans le conformisme. S’appuyant sur cette donnée de l’expérience révolutionnaire, le parti accorde le maximum d’attention aux jeunes et consacre le maximum d’efforts à recruter de jeunes militants et à les préparer à l’activité politique, en dehors de tout arrivisme et de tout culte de la personnalité. Dans le contexte historique actuel, à haut potentiel contre-révolutionnaire, la formation de jeunes dirigeants capables d’assurer la continuité de la Révolution s’impose. L’apport d’une nouvelle génération révolutionnaire est une condition nécessaire pour la reprise du mouvement.
[1] Réunion générale du parti, Florence 8-9 décembre 1951. Le texte intégral fut reproduit dans Il programma comunista, n. 16 du 8 septembre 1962 (un premier résumé fut donné dans le fascicule Sul Filo del Tempo de mai 1953), puis en un fascicule à part.
[2] Il s’agit des membres du Kommunistische Arbeiter Partei Deutschlands (KAPD) en Allemagne et du groupe hollandais inspiré par Gorter et Pannekoek, et rassemblé autour de la revue De Tribune. Ils se détachèrent définitivement de l’ Internationale en 1921.