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Septembre 2017 LE NOUVEAU TRAIN DE MESURES CONTRE LE PROLÉTARIAT EN FRANCE |
Dans tous les vieux pays impérialistes, la crise du capitalisme oblige la bourgeoisie à attaquer le prolétariat. Partout les lamentations de la bourgeoisie sont les mêmes : coût du travail trop élevé, marché du travail pas assez flexible, charges sociales trop élevées pour les entreprises, nécessité de réformer l’assurance chômage, afin de pousser les travailleurs à accepter n’importe quelles conditions de salaire et de travail, ramener l’âge de la retraite à 67 ans, voire pourquoi pas à 70 ans comme au Portugal.
En cette matière l’Allemagne sert de modèle, car sa bourgeoisie, sous le gouvernement de coalition SPD-Vert de Schröder, a plus tôt que les autres pris des mesures radicales, ce qui fait qu’aujourd’hui 25 % de la force travail est précarisée et paupérisée – 30 % au Japon – contre 15-20 % dans les autres pays européens.
La bourgeoisie française bien qu’en retard n’est toutefois pas restée les bras croisés. Progressivement, lentement mais sûrement, elle a modifié le code du travail, avec le concourt des syndicats réformistes, dans un sens plus adapté aux besoins de l’accumulation du capital. Une inflexion majeure a été apportée sous le gouvernement de Gauche de Jospin en 2000 avec la loi sur les 35h. Cette loi, en échange d’une semaine basée sur 35h, a permis une grande flexibilité dans les horaires de travail. Il devenait alors possible, suivant les besoins, d’augmenter les horaires de travail sans payer d’heures supplémentaires, et de les réduire, lorsque l’activité venait à baisser : les travailleurs récupérant alors les heures travaillées en plus les mois précédents.
A cela s’ajoute un large recours au travail temporaire grâce aux CDD – contrat à durée déterminée – l’organisation, comme partout ailleurs, d’un chômage structurel pour peser sur les salaires, et l’importation massive de main-d’œuvres étrangères à bas coût.
Toutefois, pour résister à la compétions internationale toujours plus vive, l’ensemble de ces mesures ne suffisent pas. Ce n’est pas faute d’avoir essayé à plusieurs reprises d’imposer des « réformes », mais à chaque fois, devant la mobilisation des travailleurs la bourgeoisie et son gouvernement ont dû reculer. On pourra rappeler deux grandes luttes qui ont justement obligé la bourgeoisie à faire marche arrière : la grande grève des cheminots de 1986 et le mouvement anti‑CPE (1) de janvier-mars 2006.
Cependant les différents gouvernements successifs, avec la complicité des syndicats, ont réussi à imposer un certain nombre de mesures, dont les deux plus marquantes sont le report du départ à la retraite à 62 ans, tout en préparant les conditions juridiques pour ramener ce départ à 67 ans, et la loi El-Khomri qui porte sur une réforme en profondeur du code du travail.
Le nouveau train de mesures vise à compléter ces réformes. Sur le code du travail en allant plus loin dans l’assouplissement des conditions de licenciement et surtout sur son coût, et en renforçant la négociation au niveau de l’entreprise, au détriment des négociations par branche. Ensuite va venir une réforme en profondeur de l’assurance chômage : réduction de la durée des indemnités et de leur coûts et obligation d’accepter toute offre de travail à partir de deux propositions. Puis la réforme des retraites qui portera probablement l’âge de départ à la retraite à 67 ans.
L’ensemble de ces mesures qui vise à rendre plus compétitive l’industrie française et donc permettre une meilleurs accumulation du capital, va surtout conduire à un désastre social. On a depuis 2 ans à l’échelle internationale une légère reprise de la production industrielle, mais cette reprise sera de courte durée, dès que la récession va revenir, ces mesure en rendant les licenciements plus faciles produira une véritable explosion du chômage. Ce qui conduira à de nombreuses grèves et luttes sociales et très probablement à une grève générale.
Nous serons alors là pour participer activement à ces luttes et contribuer à leur unification.
1. CPE : contrat première embauche. Le projet du gouvernement Villepinte était à terme de remplacer les CDI – contrat à durer indéterminée – et les CDD par un contrat unique. Contrat qui aurait permis à l’employeur de licencier quand il voulait : on embauche quand on a besoin, et on licencie quand l’activité baisse.