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24 janvier 2018 |
Dans le document lu par le trublion Trump, président des USA depuis janvier 2017, mais rédigé par le cérébral James Mattis, secrétaire à la défense, les Etats les plus cités comme menaçant la sécurité et les intérêts politiques et surtout économiques des USA sont la Chine (33 fois citée), la Russie (25), l’Iran (17) et la Corée du Nord (16).
On y entend encore et toujours s’élever avec arrogance la voix du plus fort sur les plus faibles, revendiquant sereinement l’utilisation de la diplomatie (l’adjectif « secrète » n’est évidemment pas précisé) et moyens militaires et économiques, et ainsi encore et toujours on peut s’attendre à la valse des alliances des moyennes et petites puissances avec l’un ou l’autre des grands impérialismes qui se battent pour le marché mondial. Le grand ennemi des USA est bien clairement identifié comme étant la Chine, largement en tête dans le box office des ennemis de la grande nation américaine. Ajoutons que si la bourgeoisie chinoise avait le franc parler américain, elle mettrait évidemment les USA comme le premier de la liste de ses ennemis !!
En ce qui concerne le Moyen Orient, il devient désormais évident que les USA sont bien loin de se retirer de la région comme l’avait promis le bel Obama. Ni lui ni le claironnant Trump n’ont touché à l’imposante présence militaire américaine dans le Golfe, et il y a même plus de soldats américains en Irak et en Syrie sous Trump ! L’Iran devient désormais, pour la diplomatie US, l’ « homme à combattre » au Moyen Orient. Mais précédemment, la diplomatie plus « courtoise » d’Obama n’avait pas d’autre but. Il s’agissait et il s’agit toujours de contrer le puissant dragon chinois, souvent accompagné par le petit ours russe, et qui se faufile partout dans le monde.
Trump et Mattis (ancien général des Marines dans les guerres d’Afghanistan et d’ Irak, à l’arrogante franchise!) dénoncent l’expansion régionale de l’ Iran avec son influence sur une bande géographique qui traverse le Moyen Orient du Golfe persique à la Méditerranée : l’Irak (l’intervention américaine en Irak a débarrassé l’ Iran de son farouche ennemi Sadam Hussein), la Syrie (par son soutien à Bachar, et donc sa complicité avec la Russie), le Liban (avec le Hezbollah, chiite, allié de fait). Téhéran serait ainsi rendue responsable également de l’absence de résolution de la question palestinienne (soutien de l’ Iran au Hamas). Il s’agit donc pour la diplomatie US d’encourager le rapprochement en cours entre Israël, qui se voit encore conforter dans son rôle de forteresse US, et plusieurs Etats arabes sunnites face « au péril iranien ».
On sait que les réactions faisant suite à la décision tonitruante du vilain canard Donald de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël n’a rencontré que des réactions feutrées parmi les bourgeoisies arabes de la région, telles l’ Arabie Saoudite et l’ Egypte. Le « sauveur » Ben Salman en Arabie Saoudite – qui accorde « généreusement » quelques droits aux femmes, mais accélère les emprisonnements pour délits non seulement économique mais politique – n’attendait que cela, l’Iran étant la puissance régionale la plus dangereuse pour son pays (les deux pays s’affrontent entre autre au Yémen), devançant largement en cela la Turquie.
Mais l’Iran a d’autres atouts. Ainsi en raison d’une « erreur » de tactique de la diplomatie saoudienne vis à vis du Qatar (blocus économique saoudien vis à vis du Qatar pour son soutien aux Frères Musulmans et pour la tonalité de la chaîne Al Jazeera), Téhéran s’est ainsi rapproché, et la Turquie également, de Doha avec qui l’Iran partage le plus grand champ de gaz naturel du monde. De plus Dubaï aux Emirats arabes a été la place commerciale de l’ Iran durant la période des sanctions et est aujourd’hui la capitale financière de l’ Iran !
Désormais la question de la résolution du problème palestinien est de plus en plus secondaire pour toutes les bourgeoisies, sauf pour celles représentées à Bruxelles qui s’entêtent encore à revendiquer un Etat palestinien auquel plus personne ne croit, a fortiori une bonne majorité des Palestiniens, pris en tenaille entre la répression exercée par l’ Autorité palestinienne en Cis-jordanie, et le Hamas à Gaza d’un côté, et celle israélienne de l’autre.
Petite cerise sur le gâteau, mais qui n’est pas un scoop, l’intrusion de troupes turques il y a quelques jours en Syrie, à Afrin (canton tenu par le FDS, proche du PKK depuis 2012) pour empêcher la main-mise des milices kurdes sur la frontière syrienne avec la Turquie, action accordée par Poutine à Erdogan, montre que le jeu d’échecs se poursuit ainsi que la « malédiction » visant la kurdicité. Les déclarations de Mattis sur le fait qu’il « comprenne les inquiétudes sécuritaires légitimes» d’ Ankara (Le Monde du 24 janvier 2018), et que par conséquent l’ « allié » américain n’interviendra pas et les laissera ingratement tomber, constituent une nouvelle fois pour les clans Kurdes la reconnaissance de leur fonction de mercenaire taillable et corvéable à merci dans l’histoire de la région!!