|
Les 680 travailleuses et travailleurs du centre de distribution des Pharmacies Jean Coutu, situé à Varennes, sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2019. Le 24 septembre dernier, ceux-ci se heurtaient à des portes closes, l’employeur ayant décidé de mettre un terme aux négociations ayant recours au lock-out pour tenter de miner le moral des troupes. Le Syndicat des travailleurs de l’entrepôt Pharmacie Jean Coutu (CSN) déplore cette manœuvre méprisante de la part de la haute direction puisque les employés se montraient prêts à négocier et qu’un conciliateur avait même été ajouté au dossier pour faciliter le processus.
Les travailleurs du centre s’inquiètent entre autres de l’appel à la sous-traitance et du non-respect des clauses d’ancienneté depuis l’arrivée des Pharmacies Brunet au sein de la « famille » Jean Coutu. Et pour cause, l’époque est aux restructurations de travail multiples, aux emplois au rabais et à la baisse des conditions de vie de l’ensemble du prolétariat, cette classe qui travaille et produit la richesse sociale. On voudrait nous vendre à tous l’idée des bracelets pour nous suivre à la trace comme chez Amazon, où cette bureaucratie bourgeoise expérimente aujourd’hui des méthodes d’exploitation toujours plus sophistiquées.
Le lock-out, cette violence patronale
Alors qu’aujourd’hui l’ensemble des travailleurs ne peuvent même plus utiliser la grève comme moyen de pression, les décrets et autres lois spéciales sortant des poches du gouvernement dès que le profit des actionnaires est attaqué, les patrons, eux, peuvent toujours, en toute légalité, utiliser le lock-out pour casser notre mouvement. En effet, c’est le droit du capital d’user de ses employés comme bon lui semble. Par exemple, en 2018, l’aluminerie de Bécancour faisait la même chose avec ses travailleurs pendant 18 mois, acculant ceux-ci à la misère et au stress financier. Comment s’en sortir ?
Le problème du syndicalisme corporatiste et des syndicats de régime
De nos jours, les centrales syndicales sont de plus en plus des organes de cogestion patronale. On les appelle syndicats de régime, car ils collaborent avec le patronat afin de préserver la santé des économies nationales et du régime capitaliste. Aussi, malgré la bonne volonté des locaux syndicaux et de leurs dirigeants à mener les luttes afin de faire des gains, ces syndicats se heurtent malheureusement à une structure qui ne favorise pas notre classe sociale et encore moins la lutte. Nous sommes donc aux prises avec la structure légale bourgeoise, ses lois, ses décrets et surtout ses intérêts financiers qu’elle tente de protéger à tout prix. Ainsi, cette structure légale – et syndicale – nous confine à mener nos luttes en vase clos. Par exemple, deux usines voisines, qui tomberaient en lutte au même moment, mèneront le combat chacun de leur côté. Deux usines différentes, deux contrats de travail différent, deux luttes différentes, voire même parfois concurrentes ? Voilà la raison pour laquelle les travailleurs n’arrivent pas à protéger leurs conditions de travail et de vie.
La solidarité, le seul levier des travailleurs
La classe travailleuse est numériquement très nombreuse. C’est elle qui produit le travail sur lequel s’articule l’ensemble de la société humaine et c’est donc elle seule qui est essentielle. Ceux qui gèrent la production et le profit ne sont que des parasites qui se gavent de notre sang. La bourgeoisie oblige effectivement les prolétaires à surproduire et à générer une croissance économique en vue de créer la richesse qu’elle accapare. Peu nombreuse, cette classe détient pourtant les moyens de production et de reproduction de notre travail et c’est elle qui nous force tous à détruire notre environnement et nous condamne à l’exploitation et la misère. Les travailleurs sont les artisans du monde. La classe ouvrière représente le travail – qui est le centre de notre société – et donc la société dans son ensemble. L’ensemble de cette classe partage les mêmes intérêts sociaux, les mêmes intérêts de classe ; des intérêts diamétralement opposés à ceux de la bourgeoisie. Il faut donc qu’elle unisse ses forces et fasse preuve de solidarité. C’est la seule façon pour elle d’avoir un impact réel et de faire trembler le patronat.
Que ce soit l’ensemble des travailleuses et travailleurs du secteur public, représenté entre autres par les enseignants et les infirmières, ou les éducatrices en garderie, ou encore les commis d’épicerie, en passant par les débardeurs et les employés du centre de distribution des pharmacies Jean Coutu. Les travailleurs sont en combat perpétuel. Lorsque ce n’est pas leur lieu de travail qui est en lock-out, ce sont leurs frères et sœurs d’une épicerie locale qui se font harceler pour avoir pris deux minutes de trop lors d’une minable pause café.
Ne restez pas isolés et ne comptez pas seulement sur votre exécutif syndical pour mener la lutte. Organisez-vous en comité de base autonome ; allez chercher l’appui d’autres travailleurs en lutte, d’autres locaux syndicaux combatifs ou organisations de travailleurs comme le Centre des Travailleurs Immigrants, qui a récemment lutté au côté des employés du Dollarama ; faites aussi appel à des syndicats de solidarité comme le Syndicat Industriel des Travailleurs (IWW), qui sait comment mener des luttes offensives et victorieuses.
C’est le nombre et l’unité qui sont les véritables armes des travailleurs en lutte.