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Pour un front syndical de classe uni ! Pour faire converger et unir les luttes de la classe travailleuse ! Pour un mouvement général en faveur de fortes augmentations salariales contre le coût de la vie ! Premier pas, aujourd’hui, pour s’opposer à la guerre impérialiste de demain !
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Ce tract a été distribué par nos camarades italiens le samedi 22 octobre 2022 lors d’une manifestation à Bologne. Cette manifestation avait un caractère interclassiste, mais les syndicats de base y ont participé dans le but de faire une propagande pour la grève générale du 2 décembre.
En Italie, les syndicats de base agissent en dehors des grands syndicats de régime, collaborationnistes. Ces syndicats, pour la deuxième année consécutive, ont proclamé pour le 2 décembre prochain une grève générale nationale unitaire. Ceci est un petit pas en direction de cette unité d’action du syndicalisme conflictuel pour lequel notre parti se bat à l’intérieur du mouvement syndical, unité d’action nécessaire pour la formation d’un front uni syndical de classe.
L’existence et l’action de ces syndicats de base en Italie constituent une différence importante avec le mouvement syndical des travailleurs en France. Ici, certains secteurs de travailleurs parviennent à conduire des grèves fortes – nationales, concernant plusieurs établissements – en restant à l’intérieur des syndicats de régime, comme la CGT et FO, comme cela est survenu avec la grève récente des raffineurs qui a duré trois semaines. En Italie, depuis la fin des années 1970, les fractions les plus combatives de la classe travailleuse ont dû pour lutter s’organiser en dehors et contre les syndicats de régime (CGIL, CISL, UIL).
Les syndicats de régime français se montrent donc plus ambigus que ceux italiens, craignant que ne réapparaissent les formations intersyndicales qui regroupaient différentes sections parmi les plus combatives en leur sein et dont l’action fut décisive lors des dernières grandes grèves des transports. Mais les exclusions de militants “indisciplinés” sont déjà en cours, par exemple chez Stellantis-PSA, la fédération CGT de la métallurgie ayant fait appel aux tribunaux administratifs pour confirmer leur exclusion; et les grévistes des raffineries, dont la fédération CGT est très combative, et qui sont en lutte depuis des mois, ont dû attendre en septembre une bonne semaine avant que la direction confédérale de la CGT, voyant la colère gronder et le gouvernement opérer des réquisitions, ne se décide à appeler pour soutenir leur mouvement une grève interprofessionnelle.
Bologne, samedi 22 octobre
Le capitalisme est une société en pleine décomposition, un mode de production moribond. La raison réside dans sa base économique. Les vieux capitalismes occidentaux pataugent dans une crise de surproduction depuis un demi-siècle : trop de marchandises produites pour être absorbées par le marché, et la chute des taux de profit, c’est-à-dire la rentabilité de investissements.
En effet, depuis le milieu des années 1970, ces pays connaissent ce que l’on appelle le processus de désindustrialisation. Pour ces raisons, la masse croissante de capitaux a de plus en plus de mal à être investie et cherche le moyen d’accumulation dans la spéculation financière. Mais il s’agit d’une croissance illusoire, fictive, comme le montre périodiquement l’éclatement des bulles spéculatives. La cause de la crise économique réside toutefois dans le processus productif et non dans la dans la spéculation financière, qui n’ en est qu’un effet et un détonateur. Une des tromperies de l’idéologie bourgeoise - perpétrée par les partis dits de gauche mais opportunistes - est d’opposer le capitalisme financier au capitalisme productif, pour sauver les deux en disant qu’il veut frapper le premier.
L’effondrement
de l’économie capitaliste mondiale, produite par l’avancée
inexorable de la surproduction, est inévitable mais a été
repoussée par les pays impérialistes bourgeois principalement par
trois moyens :
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en aggravant l’exploitation de la classe travailleuse : en augmentant
la productivité et en détruisant progressivement les conquêtes
historiques du mouvement ouvrier ;
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avec la dette étatique et privée ;
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en déplaçant la production vers des pays où les salaires sont plus
bas, qui, entre-temps, de sociétés précapitalistes sont devenus,
par le biais de luttes et de révolutions bourgeoises anticoloniales,
de jeunes capitalismes, au premier rang desquels figure bien sûr la
Chine.
Aujourd’hui, nous assistons à l’épilogue de ce processus : les jeunes capitalismes asiatiques sont devenus matures, avec un pied déjà dans la surproduction, comme l’a montré l’éclatement de la bulle immobilière en Chine. Les instruments économiques permettant de différer l’effondrement économique se sont usés et la conséquence est la seule voie de salut, économique et politique, pour le capitalisme : la guerre impérialiste. C’est en détruisant les hommes, les villes, les usines, les infrastructures, que les biens excédentaires - dont fait partie la force de travail des prolétaires - sont éliminés, redonnant de l’oxygène à un nouveau cycle d’accumulation du capital.
C’est la Seconde Guerre mondiale - qui a fait 60 millions de victimes - qui a sorti le capitalisme du cycle des crises économiques précédentes, et lui a permis le cycle de croissance d’après-guerre, et non les politiques d’intervention et de soutien de l’État à l’économie, invoquées aujourd’hui par la gauche radicale-bourgeoise, par l’opportunisme des faux partis des travailleurs et par la droite bourgeoise dite sociale, puis appliquée par les régimes bourgeois tant démocratiques que totalitaires et néo-fascistes.
Ces politiques, inutiles pour résoudre la crise économique du capitalisme, sont cependant utiles à la bourgeoisie pour répandre le nationalisme parmi la classe travailleuse, lui faisant croire qu’elle peut trouver le salut à l’intérieur des frontières nationales et grâce à un État fort - bourgeois - et que le sort des travailleurs est lié à celui de sa classe dominante et de son capitalisme national. Et enfin elles sont utiles pour convaincre les travailleurs que leur sort est lié à celui de leur propre classe dirigeante et de leur propre capitalisme national, les conduisant en fin de compte sur la voie des fronts de guerre.
La fausse fraternisation nationale entre la classe des salariés et celle de leurs exploiteurs, la paix sociale en lieu et place de la lutte des classes, l’acceptation des sacrifices des travailleurs pour défendre le soi-disant "bien du pays" - qui n’est rien d’autre que le bien du capitalisme national - est la voie qui prépare et mène au massacre entre les vrais frères, c’est-à-dire entre les travailleurs des différents pays.
Le capitalisme en pleine décadence entraînera l’ensemble de l’humanité dans la barbarie si l’humanité est incapable de s’en libérer. La pauvreté, dont - dans une poignée de pays impérialistes - la bourgeoisie et les partis opportunistes avaient fait croire aux prolétaires qu’ils s’ en étaient émancipés, sévit à nouveau. La nature, malgré les proclamations hypocrites des gouvernements, continue d’être dévastée. La guerre impérialiste, avec son atroce bilan de victimes et de destructions, est la tombe de toute illusion de progrès social sous le capitalisme.
Mais la libération de l’humanité de cette société agonisante et insensée ne peut pas être un mouvement générique inter-classes et populaire qui naît de la dénonciation de ces innombrables maux. La seule force sociale capable de briser les régimes politiques bourgeois - qu’ils soient démocratiques ou totalitaires - est celle de la classe travailleuse.
Les mouvements sociaux les plus importants de ces dernières années l’ont confirmé. C’est l’irruption sur le terrain social de la classe travailleuse en Égypte lors du printemps arabe de 2010 qui, en quelques jours, a contraint la classe dirigeante de ce pays à mettre de côté son représentant Moubarak. A l’inverse, le mouvement en cours en Iran contre l’oppression des femmes ont ébranlé la théocratie des Ayatollahs, mais tant que le prolétariat iranien, jeune et combatif, ne prendra pas part à la lutte, ce régime bourgeois restera en place.
Même la période de confinement la plus stricte pendant la pandémie de Covid 19, en mars 2020, lorsqu’en Italie les usines, les entrepôts logistiques et les ports ont été les dernières activités à être arrêtées - partiellement, pour une très courte durée, et seulement après les grèves des travailleurs pour protéger leur santé - a démontré comment le cœur du capitalisme est entre les mains de la classe travailleuse. Ce n’est qu’en arrêtant la production et la circulation des marchandises que le régime capitaliste peut être combattu.
C’est pour cette raison que dans tous les pays capitalistes - y compris ceux qui usurpent encore le titre de socialistes comme la Chine, le Venezuela et Cuba - le contrôle sur la classe travailleuse est à son maximum. Il se déploie par la répression étatique, par le chantage patronal, mais l’arme la plus importante de la classe dominante est le syndicalisme de régime, qui tente par tous les moyens d’éloigner les travailleurs de la lutte, d’empêcher l’unification de leurs combats, d’inculquer le préjugé bourgeois selon lequel si le capitalisme sombre, les travailleurs sont condamnés à se noyer avec lui, comme les anciens esclaves enchaînés aux galères !
Au contraire, la classe travailleuse se noiera dans le sang de la nouvelle guerre mondiale à laquelle le capitalisme veut la conduire pour survivre si elle n’est pas capable de s’échapper de la galère de la politique nationale dans laquelle la bourgeoisie et les partis opportunistes veulent la maintenir enfermée. Elle se sauvera elle-même et toute l’humanité si elle est capable de briser les chaînes qui la maintiennent attachée à sa propre classe dominante, au soi-disant "bien du pays".
La première étape pour briser les chaînes qui lient la classe travailleuse au capitalisme est d’organiser la lutte des travailleurs pour la défense de leurs conditions de vie et de travail. La lutte contre l’exploitation du travail salarié est une lutte contre le capitalisme parce qu’elle rejette intrinsèquement les appels aux sacrifices pour l’économie nationale : ce qui profite aux travailleurs nuit nécessairement au Capital.
La tâche nécessaire, qui doit être accomplie par quiconque veut agir de façon cohérente contre le capitalisme, est de combattre pour unir les luttes de la classe travailleuse. A cette fin, il est nécessaire, d’une part, de faire converger physiquement la grève et les manifestations des travailleurs, dans le temps et l’espace, et d’autre part de les unir aux revendications communes à l’ensemble de la classe des travailleurs salariés : défense et augmentation des salaires pour tous les salariés, augmentations majeures pour les catégories les moins bien rémunérées ; réduction des rythmes de travail et des heures de travail ; salaire complet pour les travailleurs au chômage !
Une telle tâche ne peut être remplie que par des syndicats conflictuels, s’opposant au syndicalisme de régime, de négociations et collaborationniste.
Pour unir les luttes des travailleurs, il est donc nécessaire de lutter pour l’unité d’action de tout le syndicalisme conflictuel, c’est-à-dire des syndicats de base avec les zones d’opposition syndicale au sein de la CGIL et avec les groupes de travailleurs combatifs encore encadrés au sein des syndicats de régime (CGIL, CISL, UIL), qui ne manquent pas, comme l’a montré récemment la lutte chez Ansaldo à Gênes.
LA GRÈVE GÉNÉRALE DU 2 DÉCEMBRE PROCHAIN PROCLAMÉE UNITAIREMENT PAR LES UNIONS DE BASE est un premier pas dans la direction de la construction de l’unité d’action de tout le syndicalisme de classe. Travailleurs et militants syndicaux combatifs doivent lutter pour son maximum d’extension, pour l’adhésion de leurs organes syndicaux.
Seule une action unitaire soutenue et organique du syndicalisme conflictuel permettra de libérer la classe travailleuse du contrôle que les syndicats du régime en Italie exercent encore sur elle et de construire un mouvement de grève générale contre la cherté de la vie, pour de fortes augmentations de salaires, comme celles qui sont en cours en France et au Royaume-Uni !
La lutte pour la défense de ses conditions de vie est aussi la première étape de la construction de l’opposition des travailleurs à la guerre impérialiste - qui se déroule actuellement en Ukraine et qui mûrit partout dans le monde - parce qu’elle implique le refus de payer les coûts de la guerre, première étape pour refuser demain de se battre sur le terrain. La guerre en Ukraine est une guerre impérialiste sur les deux fronts ! C’est une guerre dont les seules causes sont les infâmes intérêts bourgeois. C ’est une guerre contre le prolétariat, ukrainien, russe et international !
Contre la guerre entre États, pour la guerre entre les classes !