| ||||||||||||||||
Avril-mai 2023 Les dernières nouvelles du mouvement social français contre la réforme des retraites
|
La bourgeoisie française dont la marionnette s’appelle Emmanuel Macron, soutenu par la commission européenne et sa présidente Ursula von der Leyen, malgré leurs hypocrites critiques sur l’utilisation de la répression et les méthodes “non démocratiques” pour “convaincre” le peuple du bon fondement de la réforme en France, semble bien décidé à ne pas céder, pas même une miette sur les longues carrières ou les femmes aux carrières amputées par la famille ! Elle se remémore, et nous avec elle, l’attitude de la féroce Margaret Thatcher, qui n’a pas eu un cillement quand elle voyait mourir un à un les militants irlandais en 1981 qui eux s’illusionnaient sur les “vertus” d’une grève de la faim, qui n’a pas versé une larme face à l’utilisation de la violente répression contre la magnifique grève des mineurs britanniques de mars 1984 à mars 1985, et qui a pu ainsi installer ses mesures anti sociales “libérales”. Elle instaurait ainsi durant des décennies une “paix sociale” que le prolétariat britannique aujourd’hui, pris à la gorge par l’inflation et la dégradation de ses conditions de vie, tente courageusement de briser.
Le mouvement des travailleurs français démarré en janvier 2023 pour s’opposer au énième projet de loi de réforme des retraites des travailleurs se caractérise par un combat acharné de plusieurs mois avec 13 journées (la 13ème étant celle du premier mai) de manifestations nationales rassemblant le plus souvent plus d’un million de manifestants avec des grèves reconductibles plus ou moins suivies selon les secteurs.
Ce mouvement est confronté à l’intransigeance du pouvoir qui refuse toute négociation avec une intersyndicale de 8 syndicats de travailleurs, apparemment unie, formant donc un front unique syndical qui pourrait être le fer de lance d’une lutte de classe efficace pour l’amélioration des conditions de vie du prolétariat. Mais encore une fois le serpent de mer de la trahison des syndicats pourris par les mirages du “dialogue social” est bien vivace.
Voyons les épisodes, après ceux de janvier-février-mars 2023 que nous avons développés dans un travail précédent, qui ont marqué ce mouvement.
Le 53ème congrès de la CGT
Une avancée
pour les luttes sociales ?
En plein mouvement social où les sections CGT jouent un rôle prépondérant dans les luttes et les grèves, malgré la mise en avant par les médias du leader de la CFDT, a lieu ce 53 ème congrès de la CGT depuis 1895.La gouvernance de son secrétaire, Philippe Martinez dirigeant une centrale à ses ordres, était mise en cause depuis de nombreuses années pour son fonctionnement non démocratique, sa politique de négociations à outrance, son ouverture à des organisations petites bourgeoises et le manque de décisions et de coordinations des luttes organisées localement par des militants CGT.
La désertion de 40 000 adhérents en 2020 (une remontée de 30 000 adhésions depuis janvier 2023 montre l’efficacité des militants dans les luttes actuelles), et la perte de la place de 1ère organisation syndicale au profit de la CFDT en 2021, n’ont fait qu’aggraver les tensions entre d’un côté les partisans d’une tactique de la négociation et de la collaboration avec la bourgeoisie française et européenne (avec la CSE, confédération syndicale européenne liée à Bruxelles) menée par le secrétaire général, Mr Philippe Martinez, issu de la CGT métallurgie (il était alors cadre technique chez Renault et va désormais y retourner), et de l’autre, celle des partisans de la lutte et de l’action. Ce dernier courant se divise en fait en deux tendances. Celle des représentants “radicaux” dont le bruyant mais très actif syndicaliste Olivier Mateu, secrétaire de l’union départementale 13 (Bouches du Rhône et Marseille) de la CGT, membre du PCF et du PRCF (Parti de la renaissance communiste en France), le secrétaire général (trotskyste) de la fédération de l’industrie de la chimie Emmanuel Lepine, et le secrétaire général de la fédération du commerce, se regroupant sous le nom d’Unité CGT adhérant à la Fédération mondiale syndicale FSM, prône l’action à tout coût. L’autre tendance qui critique ouvertement la tactique de la centrale de négociation et d’ouverture à des organisations petites bourgeoises, l’absence de démocratie dans le fonctionnement de l’organisation, regroupe différents secteurs mis à l’écart par la centrale de Mr Martinez.
Mr Martinez avait annoncé qu’il ne se représenterait pas mais proposait une candidate soutenue également par des fédérations comme celle de la métallurgie, attitude qui fut critiquée par nombre d’adhérents car elle n’était pas démocratique et ne tenait pas compte des statuts de fonctionnement interne de la confédération. Cette fois‑ci la démocratie au sein de l’organisation semble avoir mieux fonctionné ! Le bilan du bureau confédéral sortant était désavoué ainsi que ses méthodes non démocratiques et de collaboration, mais à une courte majorité (50,32%). Comme aucun candidat proposé par la commission exécutive ne faisant consensus, à la surprise générale, ce fut Sophie Binet qui fut élue et bien acceptée par tous les bords. Elle est cadre, est passée par le Parti Socialiste et jamais au PCF. Sans critiquer ses prédécesseurs, la nouvelle secrétaire appelait tous les militants à se rassembler dans les actions à venir, affirmant que la CGT réclame le retrait de la réforme et n’acceptera aucune discussion ni trêve (pas de pause comme le réclamait Berger de la CFDT le 28 mars avec l’appui de Martinez !) avec le gouvernement, mettant en avant aussi l’importance des luttes et de l’existence d’une intersyndicale unie. Elle devait se contredire par la suite.
Le nouveau bureau confédéral est composé de dix membres (comme le précédent) élus parmi les 66 membres de la commission exécutive confédérale (elle même élue par les délégués présents au congrès) et confirmés par le comité confédéral national constitué de tous les secrétaires généraux des unions départementales ou UD et des fédérations (soit 128 membres). On trouve dans ce bureau confédéral le secrétaire général de la fédération des mines et Energie, Sébastien Ménesplier, et comme administrateur (poste n°2 de la confédération après celui du secrétaire, faisant fonction de trésorier) le secrétaire des cheminots, Laurent Brun, membre du PCF et proche de son secrétaire Fabien Roussel. L’élection du nouveau bureau montre un déséquilibre entre les unions départementales (2 membres au lieu de 4 dans le bureau précédent) et les fédérations, ce que le bureau affirme qu’il va rectifier par la suite. Les UD regroupent les syndicats professionnels d’un même département tandis que les fédérations nationales regroupent les syndicats d’un secteur d’activité professionnelle et ont donc un poids politique fort. La direction confédérale regroupe la soixantaine de membres de la commission exécutive confédérale et donc les membres du bureau confédéral.
Il est à souligner un des points importants de ce congrès : le débat sur l’adhésion de la CGT à une des organisations syndicales internationales a été également mis à l’ordre du jour.. Une partie des contestataires au sein de la CGT dont le courant de Unité syndicale demandait depuis des années le retrait de la CGT de la CSE et son entrée dans la FSM. La FSM fédération syndicale mondiale fondée en 1945 sous l’impulsion de la CGT et des TUC britanniques fut les années suivantes contrôlée par les soviétiques et les partis communistes staliniens. En 1995, la CGT quittait la FSM pour adhérer à la CSE, confédération syndicale européenne, liée à la politique de “dialogue social” de Bruxelles, dirigée actuellement par le leader de la CFDT, Laurent Berger. Aujourd’hui la FSM défend ouvertement le gouvernement cubain et celui de Maduro au Vénézuéla . Lors du 53 ème congrès de la CGT, l’intervention d’une militante des syndicats indépendants iraniens dénonçant la FSM et la collaboration avec le pouvoir en Iran du syndicat iranien “Chambre du travail Islamique”, affilié à la FSM, a refroidi les délégués et un rapprochement avec la FSM a été repoussé par 77% des voix. Ce fut donc une défaite au sein de la CGT pour les partisans de la FSM qui revendiquent être des représentants d’un courant de classe et de masse ! Quoiqu’il en soit, CSE ou FSM sont les deux faces de la même trahison au combat des travailleurs.
L’oxygène apporté par le mécontentement social semblerait avoir porté quelques fruits prometteurs au sein de la CGT pour les actions futures des travailleurs. Voyons la suite des évènements.
Les derniers épisodes
Le mardi 4 avril 2023, l’intersyndicale se réunissait avec les numéros un des huit syndicats pour préparer la rencontre du mercredi 5 avril avec la première ministre Elisabeth Borne à Matignon (palais du premier ministre à Paris). Ils étaient tous d’accord pour ne discuter de rien d’autre que du retrait de la réforme des retraites. Et une heure après le début de la rencontre, la ministre ayant écouté “attentivement” chacun, et affirmé encore une fois la volonté du gouvernement de ne pas reculer, l’intersyndicale se retirait. Sophie Binet la nouvelle secrétaire de la CGT était accompagnée de Sébastien Menesplier, membre du nouveau bureau confédéral et secrétaire de la CGT mines-énergie, très actif dans les grèves actuelles.
Jeudi 6 avril
11 ème journée de mobilisation-grève au niveau national avec un taux de participation encore haut avec 2 millions de manifestants (dont 400 000 à Paris) selon les syndicats et 500 000 selon le ministère de l’intérieur. Les grévistes ont été moins nombreux, surtout dans les bus parisiens RATP et dans les trains (SNCF). La tactique des grèves épisodiques ou saute-mouton est pourtant bien connue de tous pour essouffler le mouvement social ! Les salariés des industries électriques et gazières multiplient quelques heures pour bloquer la production mais les grèves reconductibles s’essoufflent. Il en est ainsi dans les raffineries malgré la condamnation par le tribunal de Rouen des dernières réquisitions de travailleurs des raffineries.
L’intersyndicale, qui se réunissait le soir du 6 avril 23 au siège de Force ouvrière, fixait comme prochaine date de grèves et de manifestations nationales le jeudi 13 avril, la veille des décisions du conseil constitutionnel appelé à trancher sur la constitutionnalité de la réforme. Mais qu’espérait donc l’Intersyndicale d’un conseil constitutionnel dévoué à la politique de Macron ?
Le Président Macron était en Chine en ce début d’avril pour 4 jours. Il y jouait le rôle de représentant de commerce, accompagné par une soixantaine de chefs d’entreprise dont Veolia (eau) et Airbus, mais ne se privait pas de déclarations montrant sa surdité que les syndicats nomment une “faillite démocratique” : le “peuple” est en majorité contre la réforme ; oui, certes, mais pas son “élite”, ce qui a fait dire à la nouvelle secrétaire de la CGT à la sortie de Matignon le 5 avril : « un gouvernement radicalisé, obtus, dans une réalité parallèle ». Non, Madame la CGTiste, il s’agit tout simplement d’un rapport de classe, d’un rapport de force d’un gouvernement qui décide pour le bien non du “peuple” – nous, nous dirions des travailleurs – mais de ses grands bourgeois !
Le jeudi 13 avril, 12ème journée de mobilisation et de grèves la veille de la décision du Conseil Constitutionnel
Le vendredi 14 avril : le conseil constitutionnel formé de 9 “sages” au service de la République (bourgeoise) peu émus par le mécontentement exprimé dans les manifestations valide la réforme des retraites, en totalité, et ne donne pas son aval à un référendum d’initiative partagée ou RIP, peu émus par le mécontentement exprimé dans les manifestations. S’il avait donné son aval pour le RIP, ce que l’intersyndicale souhaitait, le gouvernement n’aurait pas été obligé de renoncer à la loi dans l’immédiat, mais seulement après le résultat positif du RIP. Or le RIP ne pouvait avoir lieu que 9 mois plus tard (temps demandé pour recueillir au moins 5 millions de signatures). Le RIP avait été utilisé en 2020 pour débattre sur la privatisation de l’aéroport de Paris mais n’avait pas recueilli assez de signatures en raison peut être de la pandémie covid.
Après ce nouvel “espoir” perdu, l’Intersyndicale se réunit ce soir là pour décider des suites de la mobilisation. Le gouvernement comptait évidemment sur le rejet par le conseil constitutionnel, le découragement et les vacances scolaires de Pâques pour désamorcer le mouvement social. Et l’intersyndicale continue ses directives pour un mouvement éparpillé entre journées de manifestation éparses, grèves reconductibles plus ou moins suivies selon les secteurs et les régions. Elle appelle à un premier mai marqué par l’unité syndicale, situation qui ne s’est pas produite depuis 2009. En 2010 malgré des luttes contre une réforme des retraites, FO avait fait cavalier seul.
- Premier mai 2023 : 13ème journée de mobilisation pour l’Intersyndicale sans atteindre les chiffres des meilleures journées (3,5 millions de manifestants selon l’intersyndicale les 7, 23 et 28 mars), elle aurait rassemblé 2,3 millions de manifestants dans toute la France selon les syndicats (782 000 selon la préfecture). Ce fut donc un défilé unitaire des 8 principaux syndicats des travailleurs, le dernier défilé unitaire remontant à 2009 avec 1,2 millions de manifestants (456 000 selon la préfecture). Des heurts violents entre des manifestants (black blocs et autres) sont survenus à Nantes, Lyon et surtout à Paris. Il y aurait eu 540 interpellations dont 90 à Paris, 406 forces de l’ordre blessés sur les 12 000 mobilisés. Les grèves n’ont pas été très significatives !
L’Intersyndicale se réunissaient le 2 mai et certaines fractures apparaissaient.L’Intersyndicale se réunissaient le 2 mai et certaines fractures apparaissaient. Les dirigeants Laurent Berger de la CFDT, de la CFE‑CGC, de FO appelaient le gouvernement à la négociation tandis que Sophie Binet de la CGT se montrait plus prudente que ses affirmations précédentes tout en appelant à la continuation de la mobilisation.
L’intersyndicale s’est mise d’accord pour une nouvelle journée de mobilisation le 6 juin, journée qui précède le 8 juin où le petit groupe parlementaire LIOT (Liberté Indépendants Outre mer et Territoires) des députés indépendants et d’outre mer à l’assemblée nationale doit présenter un projet de loi pour abroger la réforme des retraites. Et encore une arlésienne.
En bref, le gouvernement reste sur ses positions, les grévistes sont moins déterminés et l’Intersyndicale ne propose qu’une mobilisation pour le 6 juin et des manifestations avec des casseroles lors des déplacements des représentants du gouvernement visant surtout la personne de Macron !
Le “remarquable” et “remarqué” outil répressif de la bourgeoisie française
Arrestations, interpellations “préventives”, nasses, coups de matraque, gaz, grenades, lance eau, amendes pour causse de rassemblement avec des arrêtés de dernière minute, répression des syndicalistes dans les entreprises, réquisition des grévistes etc. Les bourgeoisies des autres nations dénoncent vertement ce déferlement de violences sur les travailleurs mais quand il le faudra, quand les négociations avec les syndicats ne suffiront plus à tenir les masses, nous savons bien qu’elles en feront tout autant.
La France et ses médias semblent avoir oublié les grands épisodes de lutte de classe du pays depuis des siècles et des répressions sanglantes qui les accompagnèrent (avant 1914, le gouvernement envoyait l’armée pour réprimer les grèves) mais se souviennent tout de même de l’épisode récent des années “gilets jaunes” où les forces de l’“ordre” bourgeois expérimentaient déjà des moyens répressifs violents d’aujourd’hui. Cette France “oublieuse” connaît de “plus près” désormais les outils de la répression utilisés par le gouvernement pour le “bien” des populations ! Cette fois ci, les manifestants sont plus nombreux sur tout le territoire et ils appartiennent à toutes les couches sociales, des campagnes aux grandes et petites villes. Le “peuple” est dans la rue, s’exclament nos démocrates et ils découvrent dans le meilleur des cas que la démocratie a une double face à la Janus et quand cela lui est nécessaire utilise celle de la répression ! Tout le monde peut désormais recevoir des coups sonnants et trébuchants des troupes de police surtout celle du corps spécial à moto des Brav (brigade de répression des actions violentes). Jeunes et vieux, syndicalistes et passants, des plus pauvres aux plus riches, etc.. Et les journalistes qui croient encore aux valeurs des témoignages médiatiques sont surpris de recevoir encore plus de coups en montrant leur carte de presse.
Mr Darmanin et toute la clique gouvernementale et grande bourgeoise accusent les manifestants de désordres anti démocratiques, et désignent comme fauteurs de troubles non plus les blacks blocs mais l’ultragauche, surtout la France insoumise de Mr Mélenchon, en passant sous silence les interventions violentes et de plus en plus fréquentes de certains courants d’extrême droite. Et ô scandale dans la demeure républicaine : Mr Darmanin, condamné pour des violences qui outrepassent un maintien de l’ordre “démocratique” par la Ligue des droits de l’homme, association créée en 1898 pendant l’affaire Dreyfus et dissoute une fois sous Vichy, menace de couper les financements publics de cette association !
Les syndicats se réjouissent du nombre d’adhésions supplémentaires depuis janvier 2023 (1) :
Le nombre de travailleurs actifs en France est évaluée à 29,5 millions fin 2021 par l’INSEE dont 26,4 millions de salariés.
Avec 10% (11% en 2013) seulement des salariés du public et du privé confondus (8% pour le privé) adhérents à un syndicat ces dernières années, les syndicats français fédèrent deux fois moins qu’il y a cinquante ans, donc beaucoup moins que dans des pays comme la Suède avec 65,2%, la Belgique 49,1%,l’Allemagne 16,3% ou l’Italie 32,5% où l’adhésion à un syndicat est souvent une obligation . En France, le paritarisme qui fournit un financement aux centrales syndicales et aux permanents syndicaux a rendu les cotisations moins nécessaires que par le passé.
La CGT fondée en 1895 comptait 2 millions de membres en 1920 ! Après la 2ème guerre mondiale, le taux de syndicalisation était de 30% de salariés en 1949 puis diminuait lentement à 20% en 1955, 16% en 1958, 19,7% en 1970 pour atteindre son niveau le plus faible 9,4% en 1993,10,8% en 1996, 10,1% en 2019. Dans les années 2010, ce taux est resté stable, autour des 11%.
La représentativité et le nombre d’adhérents des principaux syndicats
Lors des élections professionnelles de 2021, la participation des salariés a été historiquement basse : 38,24% dont 49,9% des 5,2 millions d’agents de la fonction publique . Pour être représentatifs lors de négociations d’accords collectifs, le syndicat doit obtenir au moins 8% des voix exprimées (les cinq premiers syndicats cités ci dessous)
Le nombre de voix exprimées en 2021 a été de 5 398 796 salariés sur 14 118 287
salariés inscrits sur les listes électorales.Voici les résultats avec leur
nombre d’adhérents en 2022 pour les cinq syndicats représentatifs et d’autres
syndicats non représentatifs (2):
CFDT avec 1 344 000 voix exprimées soit 26, 77%, 610 000 adhérents devient le
premier syndicat, public et privé confondu lors de ces élections, la CGT
perdant ainsi cette première place.:
CGT avec 1 152 000 voix exprimées soit 22,96%, 605 562 adhérents surtout la
fonction publique par rapport.
FO 765 000 voix exprimées soit 15,24% et 380 000 adhérents.
CFE‑CGC 598 000 voix exprimées soit 11, 92%.
CFTC 477 000 voix exprimées soit 9,50%.:
Unsa 300 391 voix exprimées soit 5,99%, 200 000 adhérents.:
FSU 160 000 adhérents.:
CFTC 140 000 adhérents.:
Solidaires 101 000 adhérents.
Nouvelles adhésions depuis janvier 2023 saluées par les syndicats en mai :
La CGT qui apparaît à la pointe des luttes dans de nombreux secteurs, se félicite en mai 2023 de « 30 000 adhésions et demandes de contacts à la CGT depuis le 1er janvier 2023, soit 200% d’augmentation par rapport à janvier 2022 : la lutte contre la réforme des retraites a réactivé la prise de conscience de l’importance de la lutte syndicale – déclare-t-elle (3) – 35% de ces nouveaux adhérents sont des jeunes de moins de 35 ans, 30% sont des ICTAM (ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise) et 65% sont des salariés du privé. 3 500 nouveaux venus se sont inscrits en ligne, dont 500 la semaine du congrès (+ 300% par rapport à la même date en 2022) ! ». De même chez FO avec 30% de nouveaux adhérents.
Les organisations syndicales rapportent enregistrer une hausse exceptionnelle du nombre d’adhésions notamment des jeunes salariés ou encore travaillant dans des branches jusque là faiblement syndicalisées.
Mais les autres organisations syndicales connaissent le même succès. La CFDT, première organisation syndicale de France, a enregistré 31 000 nouveaux adhérents dont 20% de jeunes depuis janvier soit une augmentation de 40% par rapport à la même période en 2022. Les plus petites organisations constatent également des demandes d’adhésion en hausse . Au sein de la CFTC confédérations françaises des travailleurs chrétiens, 6500 soit 50% de plus. Et aussi pour l’Unsa, Solidaires (dans la branche informatique jusqu’alors peu syndicalisée) et la FSU (des secteurs comme la justice ou l’enseignement professionnel) sont concernés, pour la CFE‑CGC.
Le baiser de Judas des syndicats les 16‑17 mai
En effet le gouvernement, après avoir refusé de négocier avec les dirigeants des grands syndicats depuis janvier, a lancé à ces derniers un appel à un retour à la table des négociations les 16 et 17 mai, ce que ces syndicats réclamaient depuis des mois. Or il est bien clair qu’il s’agit là d’un moyen de détourner les chefs syndicaux du combat contre la réforme des retraites en les attirant dans ce qui les maintenait en vie jusque là, le “dialogue social”, le paritarisme, la négociation, un poison mortel qui les conduit toujours vers les trahisons des intérêts et des luttes des travailleurs. Un baiser de Judas sur la joue des travailleurs.
Les cinq syndicats représentatifs réunis jusqu’alors dans l’Intersyndicale composée de 8 syndicats ont répondu à cet appel d’entretiens avec la première ministre Borne qui donne le contenu du programme : un nouvel agenda social ! Puis la semaine suivante, Mme Borne poursuivra ces entretiens avec le patronat pour conclure sur cet agenda, c’est à dire obtenir l’aval des patrons pour de nouvelles réformes sociales.
Mais chaque syndicat a été reçu séparément ce qui n’augure pas une persistance de l’unité de l’Intersyndicale. Les drigeants de Force ouvrière et de la CFDT ont été reçus les premiers à Matignon, demeure de la première ministre, le mardi 16 mai et se sont d’abord plaint des travers de la loi sur la réforme des retraites demandant qu’elle soit retirée ou non appliquée – la différence est de taille ! – le leader de FO (Force Ouvrière) réclamant aussi de “redonner la place à la négociation collective”, Laurent Berger de la CFDT exigeant que la proposition de loi du groupe Liot (retour à 62 ans) soit examinée le 8 juin, mettant en cause la menace par le gouvernement d’utiliser un autre texte de loi pour empêcher sa présentation au parlement. Mais ils sont ensuite passés à leur “deuxième priorité” après celle des retraites, celle de l’inflation en cours et des aides à fournir aux entreprises et des encadrements des écarts de rémunération.
Puis ce fut le tour des représentants de la CFE‑CGC (Confédération générale des cadres) dont le dirigeant ne faisait plus du retrait de la réforme une condition préalable à d’autres négociations (!), de la CFTC Confédération française des travailleurs chrétiens, et en dernier de la secrétaire de la CGT, nouvellement élue au congrès de la CGT de mars, Sophie Binet. Cette dernière a affirmé catégoriquement son intention de négocier mais après le retrait de la réforme sur les retraites avec une réunion tripartite, patrons, syndicats et gouvernement. Et dans le même temps elle rejoignait la CFDT et FO dans la revendication de conditionner les aides aux entreprises à des obligations ce qui équivalait à accepter de négocier sur d’autres mesures que la réforme des retraites. Evidemment, en sortant de deux heures de discussion avec la première ministre, elle eut des mots durs face à la presse et donc aux travailleurs en affirmant sa colère après avoir constaté que sur quasiment tous les sujets, ce fut une fin de non recevoir, avec une politique alignée sur l’intérêt et la volonté des patrons ! Ah oui ? Mais qu’attendiez vous donc de cette rencontre, Mme Binet ? Et aux travailleurs vous offrez du grand spectacle pour une sinistre comédie de pseudo lutte de classes.
Le prochain round de ce combat “sans queue ni tête” contre la réforme des retraites déjà votée sera donc le 6 juin avec des travailleurs appelés au combat quand leurs chefs syndicaux ont déjà rejoint le camp ennemi. Car l’Intersyndicale ne propose aux travailleurs après des mois de lutte que la possibilité de voir accepter au parlement un texte d’un groupe minoritaire, LIOT, pour le retrait de la loi sur la réforme, alors qu’il n’a presque aucune chance d’être voté !
En effet tous ces syndicats réclament d’abord un retour aux tables de négociations. Macron et sa clique ont voulu se passer d’eux, les ignorer, mais comment obtenir une paix sociale sans eux, clament ils ? Le représentant de la CFTC a ainsi même eu l’impudence de déclarer à la presse : « on est en position de force aujourd’hui [merci aux travailleurs], c’est aussi pour cela qu’on y va [à la négociation] : après être resté sourd à la colère sociale, le gouvernement ne peut pas risquer une explosion sociale totale ». Traduisons : nous devons retourner à négocier tous ensemble, patronat, syndicats et gouvernement pour éviter une explosion sociale !
Et Mme Borne s’est même félicitée face à la presse d’avoir écouté tous les sujets proposés par chaque syndicat sans donner une fin de non‑recevoir. Les acteurs de la comédie sociale sont bien en phase.
Quelle issue à ce combat ?
La question désormais est de savoir quel chemin va prendre la lutte des classes dans un contexte où aucun parti prolétarien digne de ce nom et des traditions historiques des combats des travailleurs, comme l’est le Parti Communiste International, notre parti, ne peut guider physiquement aujourd’hui les travailleurs dans leurs luttes économiques, quand les syndicats ne sont pas conquis par nos militants et que trop peu de travailleurs n’entendent ni n’écoutent notre voix.
Une manifestation de 300 personnes s’est déroulée le 17 mai près de Matignon pour dénoncer le retour du “dialogue social” des syndicats avec la première ministre Borne et appeler à s’organiser pour la grève générale. Cette manifestation était planifiée par une nouvelle organisation “Le réseau pour la grève générale”, ainsi que par une autre formation AG Interpro du 92 (assemblée générale interprofessionnelle du département 92 Haut de Seine dans la région de Paris), réunissant des salariés de la RATP, SNCF, des raffineurs, des postiers, des enseignants, des étudiants, des militants des partis trotskyste NPA et Révolution Permanente (parti fondé en décembre 2022 à partir d’une scission du NPA et à l’origine de “Réseau pour une grève générale”). Un hommage a été rendu aux grévistes de l’entreprise Verbaudet (vêtements) dans le nord de la France, grève menée par la CGT depuis 9 semaines, et qui font face à une répression féroce. Les manifestants dénonçaient l’unité de façade, le double discours, le bluff, l’absence de volonté de gagner de l’Intersyndicale. Mais les travailleurs sont anesthésiés par les promesses sans fond et le double jeu d’une Intersyndicale en bon chemin pour se disloquer.
Creuse encore vieille taupe !