Parti Communiste International

LE MARIAGE POUR LES PETITS BOURGEOIS HOMOSEXUELS ET LE BÂTON POUR LE PROLÉTARIAT

Mai 2013

 

En France, mais il s’agit là d’une tendance générale des pays occidentaux, l’État a concédé aux couples homosexuels le droit au mariage, et bientôt celui d’adopter des enfants. Remarquons tout de suite que cet « avantage » ne concerne qu’une minorité d’homosexuels, le plus souvent proches du pouvoir et du « bien-être » marchand ; la majorité de cette fausse communauté, soit pour des raisons d’appartenance à des classes peu favorisées, soit par indifférence, ne se sent pas concernée ou carrément y est hostile, revendiquant sa « différence » et son opposition au conformisme social.

Que de bruits parmi les médias, que de polémiques de partis, les uns se revendiquant de la tradition – bourgeoise évidemment – horrifiés par le « péril » de la civilisation qui tomberait dans la décadence – ce qui est vrai, le fondement de toute société de classe c’est la famille, qui est basée sur l’oppression de la femme et qui assure la reproduction de l’espèce, et la propriété –, les autres s’affichant comme des « progressistes » qui se battent pour une société égalitaire, sans spécifier que le droit ne concerne désormais plus que les possédants, ceux qui ont encore tant à perdre. Toutes ces vagues de protestations d’arrière-garde pour ceux qui défendent le système hétérosexuel basé sur la filiation sanctionnée par le mariage et sanctifiant le transfert de la propriété, ou pour ceux qui s’affirment l’avant-garde d’un économie « libérée » – pour ne pas dire libérale – où tout s’achète même la vertu, la sainteté, l’amour, et encore mieux, la famille, les enfants, le soleil, l’eau, et bientôt l’air que l’on respire ! Et que sais-je encore ! Tout ce vacarme pour masquer le grand silence dans lequel les lois s’abattent lourdement sur les travailleurs et sanctionnent comme un état irrémédiable, les licenciements, la précarité, les baisses de salaire. Les plus pauvres payent le plus cher quand les plus riches veulent le beurre et l’argent du beurre, la liberté d’acheter et de vendre à tout crin et par dessus le marché tous les oripeaux d’un monde que la « morale » bourgeoise a déjà effacé dans ses pratiques et ses nécessités. Pendant que les foules catholiques protestent et que les média retransmettent leur tapage, les représentants de l’État et du patronat se frottent les mains sur leur belle réussite : les dernières lois modifiant le code du travail votées en avril dernier. Oh les syndicats de régime ont fait soit mine de s’y opposer, comme pour la CGT et FO, en organisant des manifestations sans publicité pour rester entre « militants convaincus » ou ont pactisé ouvertement avec le patronat, comme la CFDT qui se veut « raisonnable », évidemment selon les règles de la classe dominante. Le débat dit « public » s’enflamme sur la législation en faveur du mariage des homosexuels ! Un jeu de cirque comme un autre pour distraire les salariés des véritables soucis.

Pour affronter la question, nous ne nous servirons pas évidemment des concepts de nature, d’espèce humaine, de normalité, de morale, de culture, de liberté, de justice, de civilisation, des mots qui pour nous marxistes ont une signification toute relative et liée à une société de classe dans laquelle les formes sociales de domination d’une classe, l’aristocratie puis la bourgeoisie, ont fixé les règles.

Nous pourrions dire tout d’abord que le préfixe mater caractérise le mot mariage ! Il faudrait donc une mère, une femme qui « produit » des enfants, pour réaliser un mariage. Nous pourrions aussi retracer l’histoire du mariage pour en montrer les véritables fondations dans lesquelles l’amour n’intervient que bien peu. Nous nous limiterons à observer que revendiquer ce droit signifie élever le couple hétérosexuel et monogamique, comme il en est venu à se conformer historiquement, en modèle et en objectif, implicitement reconnu comme parfait par rapport à d’autres formes de vie en commun et d’amour entre les individus. L’amour conduirait au mariage et le mariage conviendrait à l’amour, quand ce sacrement civil et religieux ne correspond qu’à un encadrement des droits de la propriété sur les biens et les personnes.

On voudrait tant ressusciter la structure de la famille en oubliant qu’elle s’est faite sur l’oppression de la femme-mère et qu’elle est née d’une société où des hommes exploitent d’autres hommes, qu’elle se fonde sur la propriété privée et la destruction de la propriété commune des sociétés antérieures. On voudrait avec elle raviver les angoisses et les misères que les historiens « éclairés », les littérateurs sensibles, la psychiatrie, la psychanalyse enfin, ont su si bien nous décrire, et que nos grands marxistes ont définitivement analysées, comme Engels dans L’histoire de la famille et de la propriété privée. Le mode de production capitaliste a catégoriquement modifié les rapports de production et de propriété et en conséquence les lois qui se sont succédées ont irrémédiablement vidé de son sens, de sa fonction, non seulement l’institution du mariage mais de la famille en général. Cette forme sociale est de fait socialement dépassée, d’autant plus qu’un de ses fondements, la reproduction, survient désormais en grande partie en dehors du mariage. La libre circulation des marchandises, des capitaux, de la propriété en tout genre que ce soit des biens ou des personnes n’a plus besoin pour s’épanouir des ces formes sociales et juridiques que sont la famille et le mariage.

Revendiquer le droit à l’adoption, ou même pire encore le droit à utiliser le ventre d’une femme- travailleuse pour y couver la progéniture de celui qui peut payer et le droit au mariage, s’inscrivent dans les privilèges du maître-propriétaire : il n’y a pas de rapport affectif direct entre adultes et enfants, mais une relation moyennant une forme juridique qui fait que par la loi je fais ce que je veux de « mon enfant », et aussi, comme le code napoléonien l’a longtemps permis et comme cela demeure dans de nombreuses contrées, mêmes les plus bourgeoisement « civilisées », de « ma femme ».

De nouveaux rapports, libérés de l’emprise de l’oppression de classe et de sexe, de l’ exclusivité individuelle de la propriété, de la convoitise qui empeste aussi les liens entre les générations, naîtront dans le communisme ; la société dont accouchera la lutte de classe grâce à la dictature du prolétariat. Et certainement pas en donnant la propriété des enfants également aux couples homosexuels, ni en admettant une forme maritale figée et délétère pour le couple homo ou hétérosexuel, mais en abolissant les rapports de propriété privée, dont le salariat comme forme d’exploitation de l’homme par l’homme. Alors l’amour humain, l’individu attiré par un autre individu qu’il soit du même sexe ou non, aura une dimension incommensurable !