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MANIFESTE DE LA GAUCHE COMMUNISTE
AUX PROLETAIRES D’EUROPE
Juin 1944
Il y a bientot cinq années que la guerre impérialiste
sévit en Europe, avec toutes ses manifestations de misères,
de massacres et de dévastations.
Sur les fronts russe, français, italien,
des dizaines de millons d’ouvriers et de paysans sont en train de s’entr’égorger
pour les intérêts exclusifs d’un capitalisme sordide et sanglant
qui n’obéit qu’à ces lois: lo profit, l’accumulation.
Dans le cours de cinq années de guerre, la
dernière, celle de la libération de tous les peuples, vous
dit-on, bien des programmes trompeurs, pas mal d’illusions ont disparu,
faisant tomber le masque derrière lequel se cachait d’odieux visage
du capitalisme international.
Dans chaque pays, on vous a mobilisé sur
des idéologies différantes mais ayant le même but,
le même résultat, vous jeter dans le carnage les uns contre
les autres, frères contre frères de misère, ouvriers
contre ouvriers.
Le fascisme, le national-socialisme rivendiquent
l’espace vital pour leur masses exploitées, ne faisant que cacher
leur volonté farouche de s’arracher eux-mêmes de la crise
profonde qui les minait par la base.
Le bloc des anglo-russes-américains voulait,
paraît-il vous délivrer du fascisme pour vous rendre vos libertés,
vos droits. Mais ces promesses n’étaient que l’appât pour
vous faire participer à la guerre, pour éliminer, après
l’avoir enfanté, le grand concurrent impérialiste le fascisme,
périmé en tant que mode de la domination et de vie du capitalisme.
Le Charte de l’Atlantique, le plan de la nouvelle
Europe n’étaient que les rideaux derrière lesquels se cachait
la vraie signification du conflit; la guerre de brigandage avec son triste
cortège de destruction et de massacres dont la classe ouvrière
subit toutes les terribles conséquences.
Prolétaires,
On vous dit, on voudrait vous faire croire que cette
guerre n’est pas comme toutes les autres. On vous trompe. Tant qu’il y
aura des exploiteurs et des exploités, le capitalisme c’est la guerre.
La guerre c’est le capitalisme.
La revolution de 17 en Russie fut une révolution
prolétarienne. Elle fut la preuve éclatante de la capacité
politique du proletariat de s’ériger en classe dominante et de s’orienter
vers l’organisation de la société communiste. Elle fut la
réponse des masses travailleuses à la guerre impérialiste
de 14-18.
Mais les dirigeants de l’Etat russe ont, depuis,
abandonné les principes de cette révolution, transformé
vos partis communiste en partis nationalistes, dissous l’International
communiste, aidé le capitalisme international à vous jeter
dans le carnage.
Si, en Russie, on était resté fidèle
au programme de la Revolution et de l’Internationalisme, si ont avait appelé
constamment les masses prolétariennes à unifier ses luttes
contre le capitalisme, si on n’avait pas adhéré à
la mascarade: la Société des Nations, il aurait été
impossible à l’imperialisme de déclancher la guerre.
En partecipant à la guerre impérialiste
en accord avec un groupe de puissances capitalistes, l’Etat Russe a trahi
les ouvriers russes et le prolétariat international.
Prolétaires d’Allemagne,
Votre bourgeoisie comptait sur vous, sur votre andurance,
et sur votre force productive afin de prendre une place d’impérialisme
pour dominer le bassin industriel et agraire d’Europe. Après avoir
fait de l’Allemagne une caserne, après vous avoir fait travailler
pendant quatre années à un rythme forcené pour préparer
les engins de guerre, on vous a jété dans tous les pays d’Europe
pour apporter partout, comme dans chaque conflit impérialiste, la
ruine et al dislocation.
Le plan de votre impérialisme a été
déjoué par les lois du dévoloppement du capitalisme
international qui avait, depuis 1900 achevé toute possibilité
d’épanouissement de la forme impérialiste de domination et,
ancore plus, de toute expression nationaliste.
La crise profonde qui mine le monde et particulièrement
l’Europe est la crise mortelle, insoluble de la société capitaliste.
Seul le prolétariat, au travers de sa révolution
communiste, pourra éliminer les causes de la détresse, de
la misère des masses travailleuses, des ouvriers.
Ouvriers et soldats,
Le sort de votre bourgeoisie est désormais
règlé sur le terrain des compétitions impérialiste.
Mais, le capitalisme international ne peut pas arrêter la guerre,
car c’est sa dernière, son unique possibilité de survivance.
Vos traditions révolutionnaires sont profondément
enracinées dans les luttes de classes du passé. En 1918,
avec vos chefs prolétariens Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg,
en 1923, malgré l’opportunisme déjà surgissant dans
l’I.C. vous avait gravé dans l’Histoire votre volonté et
votre puissance révolutionnaire.
Le national-socialisme de Hitler et l’opportunisme
de la IIIème Internationale vous ont fait croire que votre sort
était lié à la lutte contre le traîté
de Versaille. Cette fausse lutte ne pouvait que vous rattacher au programme
de votre capitalisme qui se traduisait par un esprit de revanche et de
préparation de la guerre actuelle.
Vos intérêts de prolétaires
sont uniquement liés aux intérêts de tous les exploités
d’Europe et du Monde entier.
Vous occupez une place primordiale pour imposer
la fin monstrueux carnage. En suivant l’example du prolétariat italien
vous devez engager la lutte contre la production de guerre, vous devez
refuser de vous battre contre vos frères ouvriers. Votre révolte
doit être une manifestation de lutte de classes. Elle doit se traduire
dans les grèves et les agitations de masses. Comme en 1918, le sort
de la révolution prolétarienne est soumis à votre
capacité de briser les chaînes qui vous attachent à
la monstrueuse machine de l’impérialisme allemand.
Ouvriers, travailleurs en Allemagne,
On vous a déportés pour vous faire
construire des engins de destruction. Pour chaque ouvrier qui arrive, c’est
un ouvrier allemand qui part pour le front.
Quelles que soit votre nationalité, vous
êtes des exploités.
Votre seul ennemi est le capitalisme allemand et
international, vos camarades sont les ouvriers allemands et ceux du monde
entier.
Vous portez en vous les traditions et les expériences
des luttes de classe de votre pays et du monde entier. Vous n’êtes
pas des “étrangers”.
Vos revendications, vos intérêts sont
identique à ceux de vos camarades allemands. En participant à
la lutte de classe dans l’usine sur les lieux du travail, vous contribuerez
efficacement à briser le cours de la guerre impérialiste.
Ouvriers français,
Lors des grèves de 1936, tous les partis
ont manoeuvré pour transformer vos justes et légitimes revendications
de classe en une manifestation d’adhésion à la guerre qui
se préparait. L’ère de prospérité que les démagogues
du Front Populaire vous présentaient comme un plein épanouissement
n’était en réalité que la crise profonde du capitalisme
français.
Vos éphémères améliorations
de vie et de travail n’étaient pas la conséquence d’une reprise
économique, mais étaient dictées par la nécessité
de la mise en marche de l’industrie de guerre.
L’envahissement de la France a été
exploité par tous les responsables du conflit, de gauche et de droite,
pour entretenir dans vos esprits une volonté de revanche et de haine
contre les prolétatiats allemand et italien, qui comme vous, n’ont
en aucune responsabilité dans le déclanchement de la guerre,
et, comme vous, subissent les terribles conséquences d’une boucherie
voulu et préparée par tous les Etas capitalistes.
Le Gouvernement Pétain-Laval vous parle de
Révolution Nationale. C’est trompérie la plus vulgaire. La
méthode la plus réactionnaire pour vous faire subir sans
broncher le poids de la défaite militaire au bénéfice
exclusif du capitalisme.
Le Comité d’Alger vous fait miroiter le retour
à l’abondance, à la prosperité d’avant guerre. Quelle
que soit la couleur ou la forme du gouvernement de demain, les masses travailleuses
de France et des autres pays d’Europe, ont à payer un lourd tribut
de guerre aux impérialistes anglo-russes-américains, en sus
des ruines et des destructions causées par les deux armées
en lutte.
Prolétaires français,
Trop parmi vous sont portés à croire,
à espérer le bien être importé par les armées,
qu’elles soit anglaises, américaines ou russes.
Les intrigues et les contrastes qui se manifestent
déjà au sein de cette “trinité” de larrons au sujet
de partage de demain font pressentir que, les conditions qui seront imposées
au prolétariat, seront dures si vous n’empruntez pas le chemin de
la lutte de classe.
Trop parmi vous se font les auxilliaires du capitalisme
en participant à la guerre des partisans, expression du nationalisme
le plus exacerbé.
Vos ennemis ne sont ni le soldat allemand, ni le
soldat anglais ou américains, mais leur capitalisme qui les pousse
à la guerre, à la tuerie, à la mort. Votre ennemi,
c’est votre capitalisme, qu’il soit représenté par Laval
ou par De Gaulle. Votre liberté, n’est liée ni en sort ni
aux traditions de votre classe dominante, mais à votre indépendence
en tant que classe prolétarienne.
Vous êtes les fils de la Commune de Paris,
et c’est selement en vous inspirantd’elle et de ces principes que vous
parviendrez à rompre les liens d’esclavage qui vous lient à
l’appareil périmé de la domination capitaliste; les Tables
de 1789 et les lois de la Révolution bourgeoise.
Prolétaires de Russie,
En 1917, avec votre parti bochevique et Lénine,
vous renversiez le régime capitaliste pour instaurer la première
République des Soviets. Votre geste magnifique de classe ouvrant
la période historique de la lutte décisive entre les deux
sociétés opposées; l’ancienne, la bourgeoise, destinée
a disparaître sous le poid de ces contradictions; la nouvelle, le
prolétariat s’érigeant en classe dominante pour se diriger
vers la société sans classe, le Communisme.
A cette époque aussi, la guerre impérialiste
battait son plein. Des millions d’ouvriers tombaient sur les champs de
batailles du capitalisme. A l’exemple de votre lutte décisive jaillissait
au sein des masses ouvrières la volonté de finir avec l’inutile
massacre. En brisant le cours de la guerre, votre révolution devenait
le programme, le drapeau de la lutte des exploités du monde. Le
capitalisme, rongé par la crise éonomique aggravée
par la guerre, tremblait face au mouvement prolétarien qui déferlait
sur toute l’Europe.
Cerné par les armées blanches et celles
du capitalisme international qui voulaient vous avoir par la famine, vous
avez réussi à vous dégager de l’étreinte contre-révolutionnaire;
grâce à l’apport héroique du prolétariat européen
et international qui, empruntant le chemin de la lutte de classe, empêchait
la bourgeoisie coalisée d’intervenir contre la révolution
prolétarienne.
L’enseignement était décisif, désormais
la lutte de classe développera sur le terrain international, le
prolétariat formera son P.C. et son internationale sur le programme
raffermi par votre Révolution Communiste. La bourgeoisie s’orienterà
vers la répression du mouvement ouvrier et vers la corruption de
votre révolution et de votre pouvoir.
La guerre impérialiste actuelle vous trouve
non pas avec le prolétariat mais contre lui. Vos alliés ne
sont plus les ouvriers mais la bourgeoisie. Vous ne défendez plus
la constitution soviétique de 1917, mais le partie socialiste. Vous
n’avez plus des camarades comme Lénine et ces compagnons, mais des
maréchaus bottés, gradés, comme dans tous les pays
capitalistes, emblême d’un militarisme sanglant, massacreur du prolétariat.
On vous dit qu’il n’y a pas de capitalisme chez
vous mais votre exploitation est semblable à tous les prolétaires,
et votre force de travail disparaît dans le gouffre de la guerre
et dans les caisses du capitalisme international. Votre liberté
est celle de vous faire tuer pour aider l’impérialisme à
survivre. Votre parti de classe a disparu, vos soviets sont effacés,
vos syndacats sont des casernes, vos liens avec le prolétariat international
sont brisés.
Camarades, ouvriers de Russie,
Chez vous comme partout ailleurs, le capitalisme
a semé la ruine et la misère.
Les masses prolétariennes d’Eureupe, comme vous en 1917, attendent
le moment favorable pour s’insurger contre les effroyables conditions d’existence
imposées par la guerre. Comme vous, elles se dirigeront contre tous
les responsables de ce terrible mssacre, qu’ils soient fasciste, démocratiques
au russes. Comme vous elles essaient d’abattre le sanglant régime
d’oppression qu’est le capitalisme.
Leur drapeau sera votre drapeau de 1917.
Leur programme sera votre programme, que vos dirigeants
actuels vous ont arraché: la Révolution Communiste.
Votre état est coalisé avec les forces
de la contre-révolution capitaliste. Vous serez solidaire, vous
fraterniserez avec vos camarades de lutte; vos frères; vous lutterez
à leurs côtés pour rétablir en Russie et dans
les autres pays les conditions pour la victoire de la Révolution
Communiste Mondiale.
Soldats anglais et américains,
Votre impérialisme ne fait que développer
son plan de colonisation et d’esclavage de tous les peuples pour essayer
de se sauver de la grave crise qui enveloppe toute la société.
Déjà avant la guerre, malgré
la domination coloniale et l’enrichissement de votre bourgeoisie, vous
avez subi le chômage et la misère, les sans travail ont été
des millions.
Contre vos grèves pour des revendications
légitimes, votre bourgeoisie, n’a pas hésité à
employer le moyen le plus barbare de répression: les gaz.
Les ouvriers d’Allemagne, de France, d’Italie et
d’Espagne ont des comptes à règler avec leur propre bourgeoisie,
responsable au même titre que la votre, de l’immondemassacre.
On voudra vous faire jouer le rôle de gendarme,
vous jeter contre les masses prolétarienne en revolte.
Vous refuserez de tirez, vous fraterniserez avec
les soldats et les travailleurs d’Europe.
Ces luttes sont vos luttes de classe.
Prolaitéres d’Europe,
Vous êtes cernés par un monde d’ennemis.
Tous les partis, tous les programmes ont sombré dans la guerre;
tous jouissent de vos souffrances, tous unis pour sauver de son écroulement
la société capitaliste.
Toute la bande de racailles au service de la haute
finance de Hitler à Churchill, de Laval à Pétain,
de Staline à Roosevelt, de Mussolini à Bonomi est sur le
plan de la collaboration avec l’Etat bourgeois pour vous prêcher
l’ordre, le travail, la discipline, la patrie qui se traduisent dans la
perpétuité de votre esclavage.
Malgré la trahison des dirigeants de l’Etat
russe, les schémas, les thèses, les prévisions de
Marx et de Lénine touvent dans la haute trahison de la situation
actuelle leur confirmation éclatante.
Jamais la division en classe entre exploités
et exploiteurs n’a été si nette, si profonde.
Jamais la nécessité d’en finir avec
un régime de misère et de sang n’a été si impérieuse.
Avec la tuerie des fronts, avec les massacres de
l’aviation, avec les cinq années de restrictions, la famine fait
son apparition. La guerre déferle sur le continent, le capitalisme
ne sait pas, ne peu pas finir cette guerre.
Ce n’est pas en aidant l’un ou l’autre groupe des
deux formes de domination capitaliste, que vous abrégerez le combat.
Cette fois c’est le prolétariat italien qui
vous a tracé le chemin de la lutte, de la révolte contre
la guerre.
Comme Lénine l’a fait en 1917, il n’y a pas
d’autre alternative, d’autre chemin à suivre en dehors de la transformation
de la guerre impérialiste en guerre civile.
Tant qu’il y aura le régime capitaliste,
il n’y aura pour le prolétariat ni pain, ni paix, ni liberté.
Prolétaires communistes,
Il y a beaucoup de partis, trop de partis. Mais
tous, jusqu’aux groupuscules du trotskisme, ont sombré dans la contre-révolution.
Un seul parti manque: le parti politique de la classe
prolétarienne.
La Gauche Communiste seule est restée avec
le prolétariat, fidèle au programme du marxisme, à
la Révolution communiste. Ce n’est uniquement que sur ce programme
qu’il sera possible de redonner au prolétariat ses organisations,
ses armes aptes à pouvoir le conduire à la lutte, à
la victoire. Ces armes sont le nouveau parti Communiste, la nouvelle Internationale.
Contre tout opportunisme, contre tout compromis
sur le terrain de la lutte de classe, la Fraction vous appelle à
unir votre effort pour aider le prolétariat à se dégager
de l’étau du capitalisme. Contre les forces coalisées du
capitalisme doit s’ériger la force invincible de la classe prolétarienne.
Ouvriers et soldats de tous les pays!
C’est à vous seuls qu’il appartient d’arrêter
le terrible massacre sans précédent dans l’Histoire.
Ouvriers, arrêtez dans tous les pays la production
destinée à tuer vos frères, vos femmes, vos enfants.
Soldats, cessez le feu, baissez les armes!
Fraternisez au-dessus des frontières artificielles du capitalisme.
Unissez-vous sur le front international de classe.
VIVE LA FRATERNISATION DE TOUS LES EXPLOITES!
A BAS LA GUERRE IMPERIALISTE!
VIVE LA REVOLUTION COMMUNISTE MONDIALE!
(Bullettin International de Discussion, Juni 1944)